Lettre d'information n°62 - 2006
Les Jeudis des Musiques du Monde - 10 ans !
[Voir des extraits du concert de Nara et Bazra à l'occasion d'un "Thé musical"->article1406]
Musiciens professionnels en
Mongolie, Baast
Bazarragchaa (dit Bazra) et
Noosookhuu Naranchimeg
(dite Nara) sont arrivés à
Lyon voici quatre ans.
Entretien autour de leurs
pratiques musicales.
CMTRA : Pouvez-vous nous raconter
comment vous êtes devenus professionnels
de la musique mongole ?
Bazra : Nous sommes tous les deux
d'Oulan-Bator, la capitale de la Mongolie.
On a appris la musique au
conservatoire pendant douze ans, puis
après le bac on est partis cinq-six ans
en Russie, à l'université, pour se perfectionner.
Ensuite, on est retourné en
Mongolie pour jouer et travailler. Et
voilà, ma femme est professeur de
piano classique, moi chef de choeur.
J'ai travaillé avec des chanteurs traditionnels,
classiques et modernes.
Quelle place a la musique traditionnelle
en Mongolie ?
Nara : On apprend à chanter dès qu'on
est petit, parce que tout le monde
chante : les parents, les grands-parents,
en famille, pendant les fêtes... Tout le
monde chante bien et apprécie la
musique traditionnelle.
Mais tout le
monde ne sait pas jouer des instruments
traditionnels parce que c'est très
difficile, il faut aller dans une école de
musique pour apprendre à en jouer.
Bazra : Le chant diphonique aussi est
une technique vocale très difficile, tout
le monde ne le pratique pas. C'est difficile
parce que lorsque l'on chante, il
faut fermer la voix, ainsi on compresse
en expirant pour pouvoir sortir deux
sons : la mélodie et l'accompagnement.
C'est très dur. Il y a différents
chants diphoniques, moi j'en connais
deux : le khöömïï et le kharkhira. Le
plus facile est de chanter à l'octave ;
les autres intervalles sont plus difficiles
à obtenir. Le problème c'est
qu'en faisant beaucoup de chant
diphonique, on se casse la voix.
Moi
comme je suis chanteur (je suis ténor),
je préfère garder ma voix, je travaille
juste un peu tous les jours le chant
diphonique. Et puis on joue aussi du
morin-khuur et du yatag .
Nara : Mais en Mongolie on jouait la
musique traditionnelle comme amateurs.
On faisait surtout des mélanges
avec les instruments traditionnels et
modernes. Tout le monde aime ça, pas
seulement les jeunes : tout le monde
connaît la musique traditionnelle, et
ces mélanges c'est un enrichissement
de la musique. S
ouvent on joue avec
un synthétiseur qui fait des nappes,
l'accompagnement : il remplace les
cordes (violons, contrebasses...) et les
percussions. Et avec, on joue du yatag,
du morin-khuur... C'est très beau.
Bazra : Oui, et le mieux c'est de jouer
dans de grands espaces ou de grandes
salles, les instruments sonnent bien.
On les sonorise avec un micro aérien,
parfois on rajoute des effets, mais peu.
Les instruments traditionnels de Mongolie
ont un son doux et quand on joue
avec tous ces instruments, ça fait une
très bonne atmosphère.
Et ici en France, quels sont les
répertoires que vous avez pu jouer ?
Nara : Ici on fait des concerts tous les
deux, avec des parties en duo, ce sont
des concerts de musique traditionnelle
mongole. On a joué beaucoup dans le
Rhône, à Pau....
C'est vrai que les gens
ne connaissent pas ces musiques. On
aimerait bien aussi faire un concert
comme en Mongolie, en mélangeant
instruments modernes et traditionnels.
Bazra : J'ai aussi participé, comme
chanteur, a un spectacle monté par
Aralis en 2003 : « Les Cent Voix ».
C'est là que j'ai rencontré Brahim
M'Sahel : on s'entraide en apprenant
l'un à l'autre les choses qu'on ignore,
soit on travaille en équipe. Et maintenant
je joue de l'accordéon et du chant
avec lui dans le groupe Zéphyr, c'est
un vrai un groupe international !
Propos recueillis par F.L.
1- Instrument traditionnel mongol à deux cordes frottées,
de la famille du violoncelle, appelé en français «
vièle-cheval ».
2- Instrument traditionnel mongol de la famille des
cithares qui peut avoir de treize à ving et une cordes.
Concerts :
Novembre 2006 :
festival L'été indien,
Andrézieux Bouthéon
(42)
Contact :
Cours d'accordéon et de
piano