Les Anges dans nos campagnes est un célèbre cantique de Noël français remontant au XVIème siècle, venant du Languedoc ; l’auteur de la musique et des paroles du chant reste inconnu. Le cantique illustre la recherche de la crèche par les bergers dans la nuit. Dans le film Un taxi pour Tobrouk, sorti en 1960, Charles Aznavour reprend la mélodie en y adaptant de nouvelle paroles. La chanson sera ainsi rebaptisée La Marche des Anges.
La Marche des anges est régulièrement interprétée dans sa version musette pour faire danser. Elle est alors jouée en paso doble.
Noël Marcoux [1] apprécie cette musique, d’une part pour son caractère dansant, d’autre part parce qu’il « la joue bien ». En effet, elle lui offre un certain confort technique sur lequel nous reviendrons plus bas.
L’harmonica diatonique qu'utilise Noël Marcoux pour interpréter cette pièce est un Hohner Echo Harp 24 trous, à 2 rangs superposés (= 24 trous sur 24 trous) sur une seule face, en do [2] .
La répartition des notes dans ce modèle suit l’accordage dit « de Richter » :
Exemple 1 : accordage diatonique de Richter, schéma de Julie Oustinoff.
Cet accordage est le plus communément employé pour toutes les sortes d’harmonicas diatoniques. On remarque dans l’octave grave une gamme incomplète, permettant d’avoir côte à côte les notes de l’accord de tonique et de dominante, respectivement en soufflant et en aspirant.
Ces harmonicas ont pour caractéristique d’être de type « trémolo ». Chaque note est produite simultanément par deux lames parallèles, qui sont légèrement désaccordées, pour donner cette vibration caractéristique du son « musette », qu’apprécient notamment les amateurs d’accordéon. On reconnaît ces harmonicas à la division de leur embouchure en deux rangées correspondant aux deux lames produisant le trémolo d’une note. Chaque canal ou chaque case correspond à une seule note, qu’il faut souffler ou aspirer en alternance [3] .
D’après Noël Marcoux, cette pièce est facile à jouer car elle « fait peu naviguer ». Il veut dire par là que ce sont essentiellement les cases conjointes de l’instrument qui sont sollicitées et le musicien n’a pas à trop déplacer ses lèvres. Deux transcriptions sont ici proposées. La première est « classique », sur portées. Des symboles au-dessous des notes indiquent si la note est soufflée ou aspirée.
La seconde transcription a été réalisée dans le cadre du séminaire d’ethnomusicologie du Master 2 Professionnel « Réalisateur en Informatique Musicale ». Il s’agissait de proposer une animation s’appuyant sur la facture même de l’instrument – les casiers de l’harmonica – afin de pouvoir visualiser plus aisément ce que fait le musicien. En effet, si on voit les doigts d’un flûtiste qui joue, le jeu de l’harmonica est caché : tout se passe contre les lèvres du musicien.
La seconde transcription est animée : alors que la musique se déroule, un curseur se déplace simultanément sur la partition placée à gauche de l'écran ; à droite de l'écran, un schéma animé représente les notes soufflées et les notes aspirées (cliquer sur « play »). Pierre Cochard, étudiant en Master 2 « Réalisateur en Informatique Musicale » (promotion 2013-2014), a principalement utilisé pour sa programmation le logiciel Max/MSP avec une librairie additionnelle, appelée Bach (http://bachproject.net/) similaire à OpenMusic ou PWGL permettant le traitement de partition directement sous Max.
Télécharger l'animation, version Windows : https://www.dropbox.com/s/yiukj9zmhjk37jr/setup.zip?dl=0
Noël Marcoux à son domicile de Marcilly-le-Châtel, le 2 avril 2014, cliché de Boris Lebas.
Enregistrement réalisé par Anne Damon-Guillot au domicile du musicien, à Marcilly-le-Châtel, le 2 avril 2014.
Les transcriptions permettent de mettre à jour ce qui apparaît comme une constante dans les pièces jouées par nos harmonicistes : la recherche d’un principe d’économie et de confort de jeu. En effet, les musiciens préfèrent l’alternance soufflé/aspiré, moins fatigante que la succession de soufflés ou celle d’aspirés, du moins dans les pièces de tempo modéré, comme c’est le cas ici. Ils préfèrent aussi jouer les cases voisines ou peu éloignées. Cela ne signifie pas que la mélodie jouée soit conjointe. Par exemple, mesure 16 (transcription 1 sur portées), la quinte descendante ré-sol fait intervenir deux cases qui se trouvent côte à côte : le ré est inspiré dans une case, et le sol est expiré dans la case se trouvant immédiatement à gauche. Ainsi, la pièce apparaît confortable car elle évite tout saut et tout essouflement.
Ces contraintes instrumentales influent directement sur le choix des pièces : les musiciens jouent en fonction de leur instrument, certaines pièces « vont bien » à l’harmonica, d’autres ne sont pas faites pour être jouées sur cet instrument. Il faut ajouter à cela qu’on ne peut jouer qu’en majeur sur l’harmonica diatonique et selon l’accord de son instrument (ici, l’harmonica est en do), ce qui contraint encore le répertoire.
Par ailleurs, les musiciens aiment faire une seconde voix qui vient s’ajouter à la voix principale. Il suffit de souffler dans plusieurs cases en même temps. Il est difficile toutefois d’évaluer à quel point cette polyphonie est contrôlée, au vu de la proximité très serrée des cases entre elles. Il apparaît très possible que Noël Marcoux ne maîtrise pas exactement les voix qu’il ajoute à la mélodie principale. En effet, de son propre aveu, il est « peut-être plus difficile » de jouer isolément les notes de la mélodie, plutôt que de les jouer en y ajoutant des voix, car il faut dans le premier cas cibler plus précisément les cases dans lesquelles on souhaite souffler. Les transcriptions ne font pas apparaître cette harmonisation.
Enfin, le principe de variation, caractéristique des reprises dans le musette, est toutefois très peu présent ici dans le jeu de Noël Marcoux, qui n’a pas l’agilité d’autres musiciens – il le dit lui-même.
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[1] Nous avons interrogé Noël Marcoux à son domicile de Marcilly-le-Châtel (42) le 2 avril 2014.
[2] Cf. : http://fr.playhohner.com/instruments/harmonicas/tremolo/echo-48-tremolo/
[3] C’est pour cela que sur le site de Hohner, seuls 12 trous (avec l’indication de l’alternance soufflé/aspiré) sont représentés.
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