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Un peu d’histoire

UN PEU D’HISTOIRE...

Les actuelles Baronnies drômoises formées par les cantons de Nyons, Buis-les-Baronnies, Rémuzat et Séderon ne représentent, groupées dans la partie sud-est du département de la Drôme, que le coeur géographique des Baronnies anciennes. Les "Baronnies historiques" apparurent au début du second âge féodal peu après l’établissement du Saint-Empire Romain Germanique et s’étendirent de Valréas à Ribiers, de la Motte-Chalancon aux contreforts nord du Mont-Ventoux. Intégrées au Dauphiné à l’aube du XIVème siècle, alors qu’elles sont devenues baronniales depuis deux cents ans comme dépendantes des lignées seigneuriales de Mévouillon et de Montauban, les Baronnies comptent un ensemble de plus de deux cents fiefs, seigneuries et mandements.
Cette situation de court terme demeure le meilleur exemple que les Baronnies du Dauphiné, avant leur transport à la couronne de France en 1349, puissent offrir des retombées de la "Renaissance du XIIe siècle" née de l’anarchie féodale. Ses libertés et ses droits se déterminent cependant que la situation de son territoire sur les itinéraires reliant la Lombardie au Comtat favorise son économie et son éveil aux pratiques bancaires et commerciales durant le séjour de la papauté en Avignon. Dans le même temps l’implantation religieuse des ordres Mendiants introduit dans les Baronnies, jusque là bénédictines, de nouvelles conceptions socio-religieuses.
Avec le XVIIe siècle, au temps de la Contre-Réforme l’histoire des mentalités baronniardes prend un nouveau cours. Un entreprenant et actif tiers-état, issu du sein de ces populations bas-alpines, travaille, malgré les rigueurs du temps, à son meilleur avenir. Il entraîne les Baronnies vers les progrès économiques et sociaux que leurs modestes ressources permettent. Le XVIIIe siècle généralisera ces avancées. La tenue amplifiée des foires commerciales, les échanges humains et l’ouverture au monde extérieur, préparent une mise en place administrative nouvelle que l’Assemblée Constituante donnera au petit territoire qui se scinde dans une partie des départements avoisinants nouvellement créés : celui de la Drôme d’abord appelé Bas-Dauphiné, ceux des Hautes-Alpes, des Basses-Alpes, et enfin celui du Vaucluse. Le Concordat de 1801 et le Consulat de l’an X modifient ce découpage de l’administration laïque et de la hiérarchie religieuse. Les Baronnies sont réduites territorialement, leur superficie passe de 2 800 kilomètres carrés à 1 230 environ. Sept cents ans furent nécessaires pour forger l’âme des Baronnies. Il reste aux ruraux prudents et réservés que sont les individualistes Baronniards, semi-montagnards alpins, à gérer un vieux pays de libertés, pauvre, fier et naturellement beau, protégé par son relief dans la plus grande partie de son étendue.
Pierre VARLET, responsable agréé des Archives du Buis-les-Baronnies. Qu’on se promène dans les Baronnies côté Drôme et côté Alpes, l’unité du territoire n’est pas flagrante, tant les paysages, reliefs et mode d’agriculture sont différents. Mais tout cela n’est qu’apparence : où se loge donc l’unité des Baronnies ? Le Buis et Serres ont toujours été des points de rencontres : marchés, foires, commerces. La création arbitraire des départements ne changea pas les habitudes des gens : on circulait, on commerçait, on était "pays".
Et puis l’on parle la même langue dans le sud de la Drôme et le sud des Hautes-Alpes. L’harmonie des Baronnies existe sur le plan linguistique, car ce petit pays fait partie du grand domaine de la langue d’oc qui s’étend de Bordeaux à Nice, plus précisément au dialecte provençal. La langue d’oc est toujours vivante ici, malgré tout : le naturel demeure, car l’on n’efface pas la "lenga dau breç", la langue du berceau. De nos jours, l’occitan est de moins en moins parlé par les jeunes. Pourtant, ici ou là, des cours se mettent en place, du théâtre, des écoles aussi initient les enfants. C’est un morceau de notre identité que nous voulons nous réapproprier, et cette modeste cassette est une étape de mémoire, vers cette reconquête.
Pensatz ben qu’es pas encar una lenga morta. Siatz aquelei que la faran viure. Pensez que cette langue n’est pas encore morte. Vous êtes ceux qui la feront vivre.
Eliane Tourtet.

On raconte encore que dans certaines communes démunies, faute de pouvoir louer, pour la fête, les services d’un orchestre ou même d’un simple musicien, on chantait les danses que l’on rythmait en marquant les pas, en tapant des mains, sur une barrique vide ou une porte de bergerie. L’existence de nombreux instruments (accordéons, harmonicas et violons surtout) dans presque chaque village autorise quelques doutes sur la réalité de cette pratique. Plus certainement, ce doit être le fait des groupes de jeunes gens qui, à défaut de fêtes dans les environs immédiats se rassemblaient sur une aire de ferme ou une place de village.

"On chantait, on dansait... et ils étaient une peu contents de me voir arriver avec mon accordéon ! " nous dit M Ponçon de La Motte.
En même temps que les premiers "phonos" installaient progressivement l’uniformisation de la culture musicale populaire, à grand renfort de faubourgs et de ponts de Paris, les rigaudons et les polkas des places baronnières relataient les malheurs de la "Tante Geneviève d’Aucelon" ou les fantasmes des filles d’Establet. ça avait le mérite de parler, dans la langue du pays, de choses immédiatement vérifiables.

" Les gargoulettes sont des flûtes à eau. il y en a de deux sortes. les unes sont en bois de sureau : on dirait des pipes. Les autres sont en terre vernie ; on dirait des cruches et elles imitent le chant des oiseaux.

Avec des petites gargoulettes, on peut très bien aller chasser les cailles ou tous les oiseaux à chant à roulades ; ça les imite, ça les appelle ; ça fait la femelle à la perfection. Mais, les gargoulettes qui servent aux bergers sont très grosses, leur chant est à la fois un chant d’oiseau et un hennissement de cheval. Dix hommes qui soufflent dans une gargoulette font une musique qui vous change en sel ; on a juste de temps de lever les yeux pour chercher dans le ciel le vol du cheval ailé.

L’instrument n’est pas beau : une pipe ou une cruche, et il faut un grand souffle pour émouvoir et crever l’eau. les joueurs se bandent les joues avec un mouchoir ou un foulard. La musique de la gargoulette a un grand pouvoir sur les animaux ; au bout d’un peu, elle les met en plein amour, tant les femelles que les mâles ; elle a la force du printemps. D’un homme qui joue de la gargoulette, seul dans la colline, on peut voir les rayons peu après ; les traces dans l’herbe et toutes les luttes d’amour des bêtes qui ont entendu. Ca tayonne autour de lui comme des branches de roue." Jean Giono, Le serpent d’étoiles

" Tout était bleu..."
"De mon temps, toutes les montagnes étaient dénudées, mis à part quelques forêts naturelles. Partout la lavande couvrait le terrain. A Ruissas, tout était bleu. Il n’y avait pas du tout d’arbres. Cinquante ou cent ans auparavant, ces terres avaient été cultivées, puis abandonnées, de sorte que la lavande y poussait facilement. D’ailleurs, dans les terres de broussailles, on mettait le feu, et 2 ou 3 ans plus tard, elles étaient couvertes de lavande sauvage. Il faut dire aussi que les troupeaux "nettoyaient" les terrains (en broutant les plantes herbacées concurrentes de la lavande) et le fumaient naturellement. La lavande était un revenu très important avec le troupeau. Il aurait fallu qu’il y ait toujours des troupeaux pour nettoyer les terrains."
Félix Eysseric, 1985 extrait de Lavandes et lavandins, Christiane Meunier, , Edisud - La Calade.



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