LA NUIT DU MAI :
Cette coutume existe toujours dans les villages. Comme le disait
Marcel Mauss : "Monsieur Bogoras rapproche avec raison ces usages de la
koliada russe où des enfants masqués vont de maison en maison demander
des ufs, de la farine et on n’ose par leurs refuser. On sait que cet
usage est européen".1
Ici, les garçons s’habillent en filles et les filles en
garçons. Ces nouveaux "mayolous", paniers sous le bras, cheminent de
maison en maison, entonnant à la porte des chants liés au printemps ou
au Mai.
Invités par les uns, seulement gratifiés par les autres, ils
recevront des ufs, du vin, du saucisson, lesquels seront en règle
générale consommés à l’aube par les joyeux drilles revenus à leur point
de départ.
Voici le texte d’un chant de Mai considéré comme l’un des chants typiques du canton.
LA FÊTE DU LA GROASSE :
Unique au monde, cette fête de Fourneaux est l’un des grands moments
de la vie du canton. Mais laissons Bertrand Lacroix le soin de la
présenter :
"Comme chaque année, à la Saint-Michel, par toutes les routes conduisant à Fourneaux, les fêtards, les visiteurs, les jeunes, les moins jeunes arrivaient pour manger la Groasse".
Mais qui est donc cette Groasse ?
La Groasse, c’est la grosse poule de la basse-cour. Durant la fête
patronale, toutes ces vieilles poules seront tuées et consommées,
bouillies. Ces "massacres" donnent lieu depuis fort longtemps à des
réjouissances pantagruéliques.
Une habitante nous confiait à propos des jeux qui autrefois accompagnaient les banquets :
"Les hommes étaient sur les chevaux avec un sabre ou un bâton. Ah,
c’était horrible ! Ils accrochaient une oie la tête en bas, une oie
morte heureusement et, à celui qui la décapitait !"
Les festins et les jeux de nos jours sont plus modérés mais la fête bat toujours son plein.
LES VEILLÉES :
D’après Monsieur Joseph Puillet :
"On faisait des mondées, on cassait des noix chez nous ou chez Joannis, prêtes à faire l’huile. Quant on avait fini le travail, on cassait la croûte". Paul Fortier Beaulieu quant à lui affirme :
"Ce sont les veillées qui jusqu’au début du notre siècle ont le plus favorisé les mariages".2
On ne file plus et l’on n’émonde plus les noix. Les
mariages ne se négocient plus autour des bûches. C’est bien souvent de
nos jours autour d’une belote que l’on se retrouve, et les veillées
d’antan semblent avoir disparu. Toutefois, les veillées auxquelles nous
avons participé n’ont pas rompu le fil qui les relie à leurs aînées.
La tradition est dans ce cadre là un point de vue développé par les
hommes d’aujourd’hui. Les vieilles personnes sont les seules accoutumées
à se retrouver ainsi durant l’après-midi ou le soir.
Les autres participants possèdent leur point de vue sur ce qui est
censé représenter la vie "traditionnelle" et ils effectuent un tri
destiné à définir l’héritage qui leur convient.
Ainsi, certaines de ces veillées contemporaines "fonctionnent" toujours.
C’est d’ailleurs dans ce contexte là qu’ont été enregistrées les histoires et musiques jointes à ce livret.
Puissent-elles servir d’introduction à l’histoire non écrite du pays de Lay, toute empreinte qu’elle est de la discrétion et de la gentillesse des habitants de ces villages, qui des bords de la Loire aux Monts du Lyonnais gardent par dévers eux la mémoire de campagnes et de bourgs où il fait bon vivre.
De ces lieux de mémoire chers au ethnologues, il reste
aussi des mots, des chants, des gestes qui inlassablement tissent la
toile d’une "mythologie" que les enfants reprennent.
C’est à eux, et à leurs parents, que j’ai vus avec joie battre des
mains, s’ébrouer et chanter durant la nuit du Mai 1992 que je dédie ces
lignes.
Patrick Favier
46 cours du docteur Jean Damidot, 69100 Villeurbanne
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