La Tribu Hérisson
un collectif jazz, une approche des musiques traditionnelles
Entretien avec Stéphane Lambert et Laurent Vichard
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CMTRA : La Tribu hérisson : S'agit-il d'un collectif ?
Stéphane Lambert : On a débuté tous les deux en duo Laurent et moi, cela remonte à un peu plus de trois ans. C'était une volonté de travailler sur un répertoire qui portait déjà sur des horizons multiples, sur la musique traditionnelle, qui nous intéresse beaucoup, et sur la musique jazz et toute musique improvisée.
On s'est retrouvé ensemble dans une création qui nous a été proposée à la suite d'une résidence de l'Ecole Nationale de Villeurbanne, par Fred Frith. Cette création s'appelait "Impur". Comme enseignant à l'école de musique de Vénissieux, j'ai eu l'idée de proposer un projet de rencontres mensuelles dans la petite salle de concert de la MJC du Cadran.
A la suite de ces expériences il y a eu l'idée de créer une dynamique autour des musiques improvisées et rapidement on a invité dès la première saison des formations différentes, et des artistes de divers univers.
CMTRA : Carlo Rizzo, Benat Achiary et Miqueu Montanaro, vos invités, sont assez repérés dans le monde des musiques traditionnelles. Comment se passe le travail avec ces musiciens ?
Laurent Vichard : Pour Benat, ça s'est passé d'une manière simple : c'est à dire qu'on n'avait rien préparé, lui, non plus (rires) et on a joué ensemble. Apparemment il en garde un bon souvenir puisqu'il nous invite à redonner cette expérience au Pays Basque.
Avec Carlo, c'était différent car je le connais, je joue assez régulièrement avec lui et je sais qu'il n'est pas repoussé par l'écriture musicale. On a fait un concert beaucoup plus écrit où il a assuré la rythmique.
Et avec Montanaro, on ne le sait pas encore (rires). Je crois que ça va plutôt ressembler au concert avec Benat Achiary, puisqu'il est bien porté sur l'improvisation aussi. Il nous a envoyé des partitions déjà, des thèmes, en nous spécifiant par écrit qu'on pouvait comment il a formulé ça "tout distroyer !".
CMTRA : Beaucoup d'instruments à vent dans cette Tribu Hérisson ?
S.L. : Ce n'est pas délibéré, c'est le hasard. Nous jouons avec une flûtiste, Véronique Ferrachat, un trompettiste, Frédéric Roudet, Stéphane au sax, Samuel Chagnard au sax et clarinette, Laurent Vichard aux clarinettes pour n'oublier personne, Joël Jorda aux clarinettes et puis il y a Raphaël Poly, un malheureux guitariste et contrebassiste. Bon, cette grosse formation ce n'est pas délibéré. C'est le hasard de personnes qu'on a cotoyées déjà et qui sont rentrées directement dans notre "politique", on pourrait presque dire.
CMTRA : La Tribu est-elle un groupe qui joue essentiellement sur scène ?
L.V. : On joue essentiellement à la MJC du Cadran, une fois par mois sur scène. Mais on a aussi une formule qu'on appelle "Boucan d'air" qui est une fanfare de rue pour les festivals, carnaval ou toute place publique.
On a fait pas mal d'interventions, notamment en milieu rural, et c'est ce qui nous a poussé à réfléchir à cet aspect "plein air". On a envie de le faire, de créer une vraie fanfare originale, un peu gonflée, qui dépassera peut-être le cadre de la Tribu Hérisson.
CMTRA : Quelle relation avec les gens de l'ARFI, qui ont initié ce type de travail à Lyon ?
S.L. : Dans un rapport de filiation, oui dans le sens où ça a toujours été pour nous un repère, un repère esthétique. Sans vouloir "faire de l'ARFI", (j'espère qu'on ne fait pas du sous-ARFI, d'ailleurs), eh bien on les invite cette année pour partager des moments d'impro, créer des choses de façon ponctuelle.
Je crois qu'on a plein de choses à se dire en musique et ailleurs, et ils sont venus nous voir. Depuis on continue, et au mois d'avril, on devrait faire quelque chose avec le groupe "32 janvier", autour de Xavier Garcia et Lucia Recio.
CMTRA : Votre rapport aux musiques traditionnelles est-il lié uniquement à la part d'improvisation que vous pouvez y trouver ?
L.V. : C'est un peu plus que cela, notamment des emprunts de thèmes, par exemple le répertoire des thèmes irlandais, et toute la musique celtique.
S.L. : la musique traditionnelle française, aussi et puis "le son", c'est à dire l'instrumentarium de cette musique qui est vraiment superbe. On a la chance de travailler avec un musicien qui joue de la vielle à roue, et percussionniste, Serge Sana.
CMTRA : Existe-t-il un réseau propre à votre mouvement musical ?
L.V. : C'est difficile à affirmer, mais j'ai l'impression que c'est une nécessité et un besoin car ce type de musique n'a pas de définition propre, puisqu'on est au delà du jazz, et qu'on ne fait pas que de la "musique traditionnelle", on n'est pas seulement sur l'improvisation On est dans le cadre un peu large des "musiques actuelles amplifiées", ce qui est assez drôle comme définition. Evidemment ce n'est pas du rap, ni de la techno. On est à la recherche d'une esthétique et ce n'est pas facile à classer, on n'a pas de statut tout fait, comme ça.
Ce n'est pas facile non plus de tourner, de faire connaître cette musique. Du coup, il doit y avoir une espèce de besoin de se rassembler, de former une identité, sous la forme d'un collectif, avec des gens comme Ishtar ou Facteur Soudain, ou d'autres expériences de ce type à Bourg, Macon. C'est un besoin de solidarité autant qu'une démarche musicale commune .
CMTRA : Programme 2000 ?
S.L. : Cette année, on propose sept concerts, avec des invités ou bien en formation interne : ce qui nous permet de développer notre propre langage et notre propre esthétique et d'affirmer des formations, d'ouvrir une espace de jeu collectif, une fois par mois au Cadran à Vénissieux.
Propos recueillis par Eric Montbel
Concert
- 11/02 -
Vénissieux
La Tribu Hérisson avec
Miqueu Montanaro
au Cadran Jazz
rens et rés.
04 72 73 88 19 - 04 72 50 00 69
Contact
La Tribu Hérisson
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Tél : 06 20 82 04 26 / 04 72 90 86 60 (poste 37)