Duo sur son Bodhi
Entretien avec Lionel Rolland
On connaissait le duo Masero, présenté ici-même : deux guitares d' inspiration flamenco-jazz, et improvisation modale. Lionel Rolland revient avec un tout nouveau groupe de fusion : " Bodhi ".
Lionel Rolland : J'ai été passionné par les musiques indiennes depuis mon enfance, notamment Zakir Hussain (tablas) et Shankar (violon). C'est vrai que ce n'était pas de la musique indienne traditionnelle, classique. Et puis, j'ai découvert les chants Kawali pakistanais et j'ai été vraiment touché par ça, par la foi, par l'énergie qu'il y a dedans.
C'est vrai que ce sont des chants religieux et que je ne suis pas du tout pratiquant, ni musulman, mais je trouve extraordinaire ces musiciens qui mettent autant de générosités dans leur musique.
CMTRA : Tu es guitariste et quand on entend ton jeu, on ne peut qu'évoquer John Maclaughlin. Comment as-tu construit ton jeu de guitare ?
L.R : Je ne connais pas d'autre guitariste qui ait travaillé aussi profondément et intensément les musiques indiennes que Maclaughlin. Donc c'est un maître. Mes autres influences sont le luth oriental et bien sûr la guitare flamenca, qui a tendance à sonner au niveau des cordes médium avec ces mêmes couleurs, ces sonorités.
J'ai réorienté mon jeu pour retrouver cette sonorité orientale à travers la guitare et depuis quelques mois, je me suis lancé dans un travail de compositions. J'ai essayé de me mettre au oud', que je joue un peu comme la guitare avec le médiator.
CMTRA : Parlons de Patrick Cornu, le deuxième membre de " Bodhi "?
L. A : C'est quelqu'un qui est bourré d'énergie, plein d'enthousiasme. Il possède une technique très particulière d'harmonium. Il est capable d'improviser, de chanter, c'est vraiment quelqu'un avec qui "travailler est un plaisir" parce qu'il n' a pas de limite, pas de blocage .
Pour les musiques de "Bodhi" nous nous sentons vraiment imprégnés de ces musiques orientales au sens large : Pakistan, musique de l'Inde et musique du Maghreb. Cela ressort à travers les compositions, j'ai envie qu'il y ait des couleurs, qu'il y ait des morceaux qui soient construits de la même façon que les musiques traditionnelles indiennes, avec un "alap" (introduction lente), des variations, une structure modale.
La couleur première c'est celle-là : évidemment le fait d'être "imprégnés" ne fait pas de nous des orientaux. Il y a sans doute une contradiction car nous ne sommes pas des musiciens qui jouons de la musique religieuse, ou dans un but religieux. Mais ces musiques nous ont tellement touchés, profondément, qu'on a besoin de faire ressentir ça.
Propos recueillis par Eric Montbel
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Bodhi,
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