Malossol slaves mélangés
Entretien avec Malossol
CMTRA : Pourquoi faites-vous du vrai-faux tzigane ?
Michael Buxton : Je ne me suis jamais posé la question, je joue ! Ce que j'aime bien, avec le métier de musicien, c'est que l'on a l'opportunité de rencontrer des gens de nationalités différentes et d'esprits différents.
Estelle Nouyrigat : La musique tzigane, c'est quelque chose à part. Elle se transmet de génération en génération. Dans notre groupe, il y a deux polonais, donc c'est un peu normal que les sonorités slaves ressortent, mais Radek joue à sa façon, moi je joue à ma façon. Je ne pense pas qu'on ait de modèle.
M.B. : Quand Radek a lancé ce groupe, il voulait un groupe un peu dans l'esprit « musique de l'Est ». On a pas mal parlé entre nous de ces histoires. Moi, je suis Anglais, je suis expatrié, mais je ne revendique pas d'être de mon pays. Dans ce groupe, il y a deux Polonais, qui revendiquent assez fortement leur identité. C'est intéressant, ils parlent de l'histoire du communisme, des pays plus grands à côté qui les ont un peu écrasés. Moi je viens d'un pays comme la France, qui a pas mal envoyé sur les autres.
Mais je vois dans cette musique quelque chose qui n'est pas si éloigné de moi, c'est subtil. Après, chacun peut percevoir les choses différemment. J'ai joué des musiques d'autres nationalités : afro-cubaines, brésiliennes, mais je m'aperçois que ce sont des musiques beaucoup plus lointaines, dans les mentalités aussi.
Miroslaw Sokolowski : Effectivement, on fait une musique connotée, et c'est beaucoup plus facile, quand on démarche, par exemple. Les gens nous demandent : «
En deux mots, c'est quoi comme style ? ». Quand tu dis « tzigane », ça danse déjà, c'est une musique festive, nostalgique. Il y a tout ça dans la musique de Malossol. « Musique (non) traditionnelle des pays de l'Est », je trouve qu'on n'a pas inventé mieux pour traduire ce qu'on fait, c'est laconique et ambigu. On n'est pas tziganes. On fait une musique dans un esprit qui a certaines racines, mais je considère qu'on fait une musique moderne, contemporaine. Dans « Slave-moi », notre dernier album, on va partout dans le monde, mais ça reste cohérent. Tu écoutes ce qui se dégage à travers cette créature nommée Malossol, et tu dis : ça sonne de l'Est, ça sonne aussi tzigane, et pourtant, c'est pas très roots C'est de la musique « métissée ». J'aime bien le mot.
M.B. : je n'aime pas la musique trop figée, quand les gens font un certain style de musique, qu'ils revendiquent puis s'arrêtent, figés. Moi j'aime bien tout ce qui est ouvert, c'est important.
Et votre dernier album, comment le définissez vous ?
M.S. : Il est dans la continuité de ce que l'on faisait. Ça va faire cinq ans que Malossol existe, on a voulu mettre tous les morceaux que l'on avait enregistré pour fermer ce chapitre. On va dans beaucoup de sens, ce n'est pas plus slave ou moins slave.
Radoslaw Klukowski : Nous évoluons aussi avec la musique, c'est logique, non ? La musique de l'Est est largement dite, mais ça reste toujours ouvert.
E.N.: Peut-être qu'on fait un peu plus ce qu'on veut maintenant. Avant, pour se vendre, on devait passer par cette catégorie « musique de l'Est ». Il fallait voir les gens taper dans les mains et danser. Mais il n'y a pas que ça, il y a des passages plus « free ». Je n'ai vraiment pas envie qu'on nous mette dans une catégorie, dans laquelle on se sent bloqué. On fait vraiment ce qu'on est.
R.K. : Chacun peut faire un peu ce qu'il a envie à l'intérieur du groupe, ca va plutôt dans ce sens-là.
M.B. : Je crois que c'est très bien, que nous soyons tous les quatre ensemble depuis plusieurs années, quand tu fais de la musique avec des gens que tu connais bien, tu peux aller loin.
Vous chantez ?
M.S. : Il y a un petit peu de chant, mais ça reste instrumental. Oui on chante un peu tous. Les bla-bla, c'est Radek.
R.K. : Les bla-bla, c'est aussi du vrai-faux. Il y avait deux morceaux où j'avais envie d'improviser, en chantant. Pour moi, la voix est un instrument qui est plus proche, de je ne sais pas quoi, mais plus proche.
M.S. : Ca contribue à la recherche d'autres modes d'expression : il y en a un qui gratte sa guitare dans tous les sens, l'autre qui improvise à la trompette ou à la voix, il y en a une qui cherche toujours un morceau à sortir de son violon, il y en a un autre qui va délirer avec son trombone. C'est un laboratoire, il y a un contexte, mais ça pétille.
Vous ne vous prenez pas trop au sérieux sur scène. Vous jouez extrêmement bien dans le style, et en même temps, on ne sait plus vraiment où on est...
M.S. : C'est vrai que c'est agréable. Un succès artistique, c'est de pouvoir garder sa liberté d'expression, tout en étant commercialisé. Je ne sais pas quelles concessions nous serons amenés à faire, mais moins on le fait, plus je ressentirai la liberté.
Vous intégrez une grande part d'humour !
M.B. : Le comique s'est installé parce que je crois qu'on est un peu comiques ! Toujours pour parler de plaisir, quand tu fais un concert, c'est tout le temps différent, beaucoup de choses ne sont pas discutées avant.
Vous allez sans doute jouer pour la Nuit Tzigane à l'Auditorium de Lyon, ça vous plaît de jouer en première partie de groupes phares comme les Taraf de Haidouks ?
M.S. : Les premières parties, c'est bien. Souvent, ça se fait siffler, il faut réussir à chauffer la salle et sortir avec sa chemise intacte de tâches de tomates. Je crois qu'il y a toujours eu ça, dans les musiques traditionnelles, des gens qui mélangent. On n'a rien inventé, il y a bien du rock breton, et des gens qui font ça en jazz
Venez découvrir Malossol, si vous voulez rire, pleurer, amener votre belle-mère et vos petits-enfants, c'est pour tout le monde !
Propos recueillis par M.C
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