Dans la peau du banjoïste
Entretien avec Gilles Rézard
Dans le cadre des stages du CMTRA, Gilles Rézard animera une journée consacrée au banjo le 28 avril à l'École de Musique de Saint-Fons
CMTRA : Pouvez-vous nous parler du stage du 28 avril ?
Gilles Rézard : Le stage s'adresse d'une part à ceux qui jouent déjà du banjo et voudraient en apprendre plus sur l'instrument, et d'autre part à ceux qui ne jouent pas et qui voudraient découvrir ce qu'on peut faire avec. Je proposerai un tour d'horizon de l'instrument, avec une partie technique, une partie sur les différents styles que l'on peut pratiquer, et d'autres sujets à la demande, comme par exemple l'improvisation.
Le banjo est un instrument de passionné, les gens jouent souvent dans leur coin, alors quand ils rencontrent quelqu'un comme eux, ils sont ravis. J'espère que ce stage sera l'occasion de rencontres intéressantes.
C'est un stage collectif ?
Tout à fait. Je donne aussi des cours particuliers, mais je préfère les stages parce que l'on peut vraiment faire le tour de l'instrument, il y a plus d'informations qui passent, et chacun profite de l'expérience des autres.
J'ai le projet de mettre en place avec le CMTRA un atelier régulier banjo-guitare-mandoline, qui permettrait aux gens de se rencontrer pour progresser et aussi monter des groupes ou des projets. Il y aurait une partie de cours individuels, et une partie jam session, pour que tout le monde y trouve son compte.
Qu'est-ce que vous entendez par un tour d'horizon de l'instrument" ?
En fait, le banjo 5 cordes est un instrument qu'on connaît sous un aspect assez rustique, celui du " cow-boy ", alors que la technique bluegrass est apparue à la fin des années 30 ! Il y a là un anachronisme persistant... Il y a aussi très souvent une confusion entre le style " bluegrass " et le style " old time " qui lui est effectivement beaucoup plus ancien.
Quelle est la différence entre ces deux techniques ?
Il faudrait que je vous fasse écouter. La musique old time est très populaire, elle se jouait au départ dans les montagnes Apalaches, l'instrument accompagnait le chant et la danse. Le bluegrass est une technique beaucoup plus véloce et polyvalente, qui se joue en picking à 3 doigts avec des onglets.
J'aime faire découvrir tout ce qu'on peut faire avec l'instrument : musique irlandaise, jazz, classique.
Beaucoup de gens sont attirés par le bluegrass, ce qui permet d'acquérir les bases techniques et l'assise. Mais comme ici ce n'est pas notre culture, on est forcément influencé par d'autres choses. Certains veulent pouvoir jouer au banjo du Brassens ou des chants de marins. Tout cela est possible, il faut donner des chemins aux gens pour qu'ils puissent travailler et trouver leurs propres idées.
Que pouvez-vous nous dire sur l'utilisation du banjo dans de nombreux répertoires à travers le monde ?
Je ne les connais pas tous, mais à l'origine le banjo vient d'Afrique, et est arrivé aux Etats-Unis avec l'esclavage. Ce n'est pas étonnant de le retrouver un peu partout, c'est un instrument sur le principe cordes-bois-peau tendue, que l'on retrouve jusqu'au Japon. Aux Etats-Unis, l'apparition du banjo remonte à la fin du XVIIè siècle, les Blancs se sont finalement appropriés l'instrument, et aujourd'hui très peu de Noirs en jouent encore.
Quels répertoires jouez-vous dans les différents groupes dont vous faites partie ?
J'ai intégré très récemment le groupe Zip Code 2025, comme mandoliniste, guitariste, et chanteur. C'est un groupe vraiment agréable, avec un répertoire original à base de compositions en français, de reprises (parfois inattendues !), et également de morceaux traditionnels.
Je participe aussi en ce moment à une création : " Celtic Rendez-vous ", avec François Louwagie (qui organise le festival de Tullins) à la mandoline, Christian Vesvre (uillean pipe, whistles), Estelle Amsellem (contrebasse) et Patrick Sybille (percussions). Je m'occupe surtout du côté artistique : répertoire, arrangements, déroulement du spectacle. Les répétitions auront lieu en mars-avril, et la première le 28 avril à la salle de spectacle de Tullins.
Par ailleurs, je me produis en solo avec Banjo & Compagnie. C'est un spectacle pédagogique interactif qui présente aux enfants des aspects connus et inconnus du banjo. Je fais ensuite intervenir les notions de " rythme ", " mélodie " et " harmonie ", au moyen d'exercices ludiques, en présentant aussi la guitare et la mandoline. J'ai des retours très positifs de ces animations scolaires, les enfants posent énormément de questions, ils ne veulent plus que ça se termine ! J'aimerai développer ce travail également à Lyon. Il y a un côté musical à la fois théorique et pratique que les instituteurs n'ont pas forcément et qu'ils sont ravis de pouvoir proposer à leur classe.
Les enfants en primaire sont encore très ouverts et sans à priori. C'est une expérience très positive pour eux.
Il y a aussi Bubblegrass, en duo avec le bassiste Thierry Réocreux. Nous sommes en train de monter un répertoire varié, allant de Bach à Miles Davis en gros !, avec pas mal de compositions qui mélangent de nombreux styles et particulièrement la musique traditionnelle, avec une part d'improvisation.
Je suis vraiment content de pouvoir faire en ce moment des choses aussi différentes et intéressantes.
Comment êtes-vous venu au banjo ?
J'ai commencé par la guitare, comme beaucoup de gens en écoutant Marcel Dadi, ça a été le déclic. J'ai commencé la guitare picking à 16 ans, et j'ai découvert peu après le banjo, avec d'autres disques de Marcel Dadi. C'est ce qui m'a décidé à en faire.
En plus, mon père avait monté un groupe, qui cherchait un banjoïste, donc j'ai acheté l'instrument et suis entré dans le groupe. J'ai attrapé le virus, et c'est devenu mon instrument principal. Je pense que les banjoïstes ont le coup de foudre pour cet instrument, le banjo c'est souvent le flash, les gens qui en jouent ne parlent que de ça (rires) !
Propos recueillis par P.D.J.
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