On peut essayer de définir le champ des traditions musicales.
Ces musiques auraient, entre autres, les particularités suivantes :
dans le contexte d’origine, elles sont produites par et pour les gens eux-mêmes ;
elles ont donc une signification et une fonction (sociale notamment) particulières qui
ne sont pas celles de la mise en spectacle ni de la recherche esthétique pures : ce sont
des musiques faites pour faire danser, transmettre un fait historique, bercer un enfant,
accompagner les rituels, exprimer et extérioriser certains sentiments précis, etc.
Toute musique n’est pas nécessairement destinée à toute audience, en particulier
lorsqu’elle comporte des connotations rituelles : c’est alors son efficacité qui compte, et
c’est sa finalité qui détermine les formes musicales appropriées à telle ou telle situation.
Ainsi, de manière souvent inconsciente, le musicien traditionnel va, à chaque interprétation
musicale, réaffirmer les valeurs du groupe et réanimer un sentiment d’appartenance à
des valeurs communes ;
elles peuvent utiliser des instruments plus ou moins anciens (vielle à roue, cornemuse,
marimba…) – mais ceux-ci peuvent être amplifiés et / ou utilisés aux côtés d’instruments
contemporains (batterie, saxophone, boîte à rythme…)
elles peuvent utiliser des formes musicales anciennes : rythme particulier à une aire
culturelle, à un rite, à une danse ; structure du morceau selon un schéma particulier
(A-B-A-C, répétition de chaque partie...) ; ornementations propres à un style régional ou
local (mélismes, appogiatures, rolls…), etc.
elles sont généralement de transmission orale. Dans de nombreuses sociétés, le
moment musical est un lieu d’apprentissage par la participation active de l’assemblée
autour du soliste, un lieu d’expression vocale et corporelle, un lieu privilégié de la
spontanéité individuelle et collective. Dans ces sociétés où la musique est fonctionnelle,
l’écoute répétée – et participative - des musiques fait du petit d’homme un être imprégné
de sa culture musicale, qu’il va pouvoir ensuite, au gré des situations, reproduire à sa
manière. Personne ne naît donc avec « le rythme dans la peau. »
L’expression de la réalité passant mieux par la parole, de nombreuses musiques sont
surtout chantées : le verbe, sans cesse modifiable, permet d’épouser chaque évolution
du vécu.*
* On notera d’ailleurs le peu de chansons enregistrées dans ce DVD. Cette absence est, peut-être, liée à l’évolution des raisons d’être du chant en situation d’exil : qui en comprendra les paroles – si ce n’est la communauté à laquelle on appartient ? De fait, les chansons présentes sur ce disque sont celles des communautés portugaise et arménienne, ainsi que celles de la jeune Géorgienne fraîchement arrivée en France.
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