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Balkanes ! Encore !
Martine Sarazin, Marie Scaglia, Miléna Roudeva, Miléna Jeliazkova

"Grâce à la musique, je me rapproche de ma culture d'origine, et dans le même temps je me sens bien en France." Entretien avec le groupe Balkanes, chants des Balkans CMTRA : Vous chantez actuellement en quatuor, pensez-vous augmenter le nombre de chanteuses ?

Mina : On a des chants à trois, à deux, des solos, mais je crois que pour la plupart des chants, quatre voix, c'est un bon équilibre. CMTRA : Quels répertoires préférez-vous ?

Mina : Les airs traditionnels. Si il y a une mélodie qui nous touche vraiment, on se dit " ...tient, ce chant est très beau... " et à partir de ce moment, la création polyphonique commence. Pour ce qui est de l'origine de nos chants, on ne sait pas de quand ils datent, ce sont des chants très vieux qui parlent un peu de tout, ce sont des histoires très simples, d'amour, de nostalgie, de mélancolie.

Comme plusieurs de ces chants ont survécu pendant les siècles du joug ottoman, ils expriment parfois la révolte. Mais il y a aussi des chants très gais, par exemple, Djoré Dos,(que tricote donc Djore ?). Marie : Pour le choix des chants, c'est intéressant d'être un groupe franco-bulgare. Comme françaises, on a tout à découvrir de ce répertoire. On peut avoir tendance à vouloir prendre tout de suite tel ou tel morceau, mais le fait de travailler avec des Bulgares nous oblige vraiment à affiner l'écoute, à passer des heures à écouter les morceaux pour faire le choix le plus pertinent possible.

On a envie de partir de la musique traditionnelle, mais pas en reprenant exactement les chants comme on les entend. On aime les transformer à notre image, les adapter à la façon dont nous vivons toutes les quatre ici en France. Mina : À tel point que j'ai l'impression que le groupe Balkanes a maintenant une sonorité qui est différente de celle des chants traditionnels. Dans les chants bulgares, les voix sont beaucoup plus stridentes. Miléna : Pour les Bulgares, il y a des placements de voix qui se font naturellement. Ces chants nous accompagnent depuis la naissance. Les mères les chantent à leurs bébés, qui grandissent avec. On les entend souvent à la radio, à la télévision.

Quand j'ai commencé à chanter avec Marie et Martine, j'avais envie de partager avec elles tout ce que je connaissais. Ce qui nous intéresse maintenant, c'est de prendre les éléments qui peuvent donner des couleurs, mais aussi de garder notre sensibilité par rapport au chant. CMTRA : Que signifie pour vous chanter en bulgare en France ?

Martine : Pour les Françaises, pour moi en tout cas, au départ ça ne voulait rien dire. Ça aurait pu être en polonais, en roumain, c'est le hasard qui a voulu que ce soit du bulgare. Et puis, peu à peu, la langue m'est devenue familière. Je nage un peu dans cette langue sans la comprendre mais j'y suis bien. Je trouve assez facilement comment elle sonne, comment il faut la prononcer, et maintenant c'est devenu comme un matériau, comme le grain d'un son.

Les mots n'ont pas vraiment un sens particulier mais ils font partie de la musique. Les mots, c'est comme entendre de la poésie qu'on ne comprend pas, c'est entendre des sons, et les intégrer à la mélodie. Ensuite, c'est à moi d'investir dedans ce dont j'ai envie. Il y a donc l'imaginaire qui entre dans ces sonorités, c'est très libérant de chanter une langue inconnue. Marie : De mon côté, j'avais entendu les disques du "Mystère des Voix Bulgares". C'était la première approche que j'avais de cette musique. Ma première réaction en tant qu'auditrice était une réaction de fascination : " comment font-elles ? quel est le mystère de cette polyphonie ? "

Quand on a commencé à chanter avec Miléna et Mina, j'ai compris que, même si c'est une autre langue, on est proche des mêmes préoccupations, qui sont universelles. Elles se retrouvent ensuite dans la musique que nous avons choisi d'interpréter. La musique permet les rencontres entre les êtres humains, au-delà de la barrière des langues.

Par exemple, à la fin d'un concert, j'ai eu une discussion avec une jeune Bulgare. Elle était persuadée que j'étais bulgare, et moi je n'ai pas réalisé tout de suite qu'elle était en train de me parler en bulgare. Il y avait pas mal de bruit, et au bout d'un certain temps, on s'est rendu compte qu'on ne dialoguait pas véritablement. Ça m'a un petit peu peinée sur le moment, et en même temps ça m'a aussi fait plaisir parce que je me suis dit que c'était la première étape !

Chanter aujourd'hui en bulgare en France, c'est aussi montrer que les intégrations se font pas-à-pas, et qu'elles se font dans tous les sens, du français vers une autre langue et vice-versa. En fait, c'est ce mélange, ce métissage linguistique qui fait qu'on avance et qu'on a envie de trouver toujours plus de liberté dans une forme de musique, dans des textes, c'est cette rencontre qui ouvre plein de portes. Mina : Si on m'avait dit que je chanterais en bulgare en France, je ne l'aurais pas cru au départ. Je n'ai jamais imaginé chanter des chants traditionnels bulgares, ni en France, ni en Bulgarie d'ailleurs ! Mais quand j'ai entendu Balkanes en concert, il y avait une telle émotion qui passait entre elles et le public que j'ai pleuré.

C'est là qu'il s'est passé quelque chose. Je me suis dit " c'est en chantant nos propres chants que je pourrais dire aux gens ce que je ressens pour mon pays et ca va être plus fort qu'en leur montrant des photos. " Grâce à la musique, je me rapproche de ma culture d'origine, et dans le même temps je me sens bien en France. Miléna : Avant mon arrivée, le groupe travaillait à partir d'un enregistrement, et comme personne ne comprenait la langue bulgare, le résultat était très drôle, très touchant, mais ça n'était pas vraiment du bulgare. Après le concert, j'ai dit à Martine que le travail musical était vraiment admirable mais qu'il serait quand même bien de retravailler ce côté là. Alors, je suis venue dans le groupe pour corriger les erreurs phonétiques, mais je me suis laissée charmer par les harmonies. À tel point que souvent j'oublie que c'est ma propre langue et je chante sans penser que c'est du bulgare.

De plus, c'est la langue de nos ancêtres, aujourd'hui, c'est un langage plutôt humoristique. Pour moi, à part le côté pratique, chanter en bulgare n'est pas le plus important. Ce qui m'intéresse vraiment, c'est la musique. Après notre premier concert au Nomade's Land à Lyon, les gens nous demandaient comment on dit "encore" en Bulgare et toute la salle applaudissait et prononçait ce mot : "ochté". C'est quelque chose que je ne pourrai jamais oublier. Contact :

Balkanes, C/o Marie Scaglia,

11, rue Bouteille 69001 Lyon

Tél : 04 78 27 43 86


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