Laissez-vous rire !
Musique en Tarentaise (suite)
Jean-Louis Laÿs et Dominique Sallé ont développé un concept amusant et lucratif :
proposer aux séminaires d'entreprises ou aux groupes de touristes présents en station de ski une animation musicale inspirée de la tradition, vue par le côté festif de la lorgnette. Descriptif.
Entretien avec Jean-Louis Laÿs
CMTRA : Jean-Louis Laÿs, tu es le seul accordéoniste diatonique à faire la descente aux flambeaux, de nuit, sur des planches de ski ?
Jean-Louis Laÿs : On fait ça à l'occasion "d'événements d'entreprise", en station de ski : après le petit repas, on termine avec des flambeaux, on part sur une petite farandole, avec le flambeau d'un coté, la chopine ou la "grolle" de l'autre, et on skie et on descend !
CMTRA : Tu vis en Savoie, à La Rosière, et avec ton compère Dominique Sallé, vous vous proposez de travailler sur un terrain très populaire, celui de la franche rigolade ?
J.-L.L. : On a plusieurs formules, mais celle qui nous fait vivre aujourd'hui, c'est celle qui touche les entreprises en "séminaires", ou des groupes constitués. En station de ski, c'est très fréquent. On démarre en général à l'apéritif, avec le costume traditionnel local, musique appropriée, branles, farandoles, polkas, au son du violon,diatonique, de la cornemuse, de la vielle, et puis du chant avec quelques polyphonies. Ensuite on les laisse s'installer à table.
On a monté un jeu qui s'appelle le "close-up musical" qui consiste à faire composer des paroles aux convives : en un tour de magie, on arrive derrière, et sur un air traditionnel on arrive à leur chanter instantanément avec nos instruments leurs propres paroles ! On imprime tout ça, on le relie, et on leur renvoie ensuite, comme souvenir de leur soirée. C'est un petit cadeau en plus que l'on offre.
CMTRA : Et en général ce nest pas triste ?
J.-L.L. : C'est souvent original : c'est un risque que l'on prend, parce que c'est du direct. En général c'est de bon ton, mais la fête, ça ne peut pas être triste, les gens se lâchent volontiers... et on fait monter la pression ! À la fin du repas les gens se lèvent spontanément pour danser des petits airs, et pour chanter avec nous. On leur donne donc quelques paroles, c'est le nouveau karaoké, plus convivial !
On a monté aussi tout un tas de jeux et gages propres à la montagne, comme faisaient les anciens qui d'ailleurs s'amusaient comme ça, sans outils. Les gens sont assez attentifs en cette fin de siècle, à la tradition, à la chanson, à la musique, la gastronomie, ou les jeux, et puis tout ce que vivaient les gens autrefois.
CMTRA : Tu t'es inspiré de jeux et de pratiques de fêtes que tu as connus en Savoie dans ton enfance, ou bien as-tu inventé ces formes de divertissement ?
J.-L.L. : Il y a beaucoup de choses que j'ai observées enfant ou adolescent, c'est sûr. Après, en fonction de notre personnalité, on l'adapte, et aussi en fonction du client. La clientèle aime bien entendre résonner son nom, son entité, sa marque, son groupe.
Par exemple, on a monté un jeu qui est un concours de cornemuse ! Je pense que dans le temps il devait y avoir des concours de cornemuse où l'on rigolait bien, où chacun devait s'essayer, sans rien connaître à l'instrument, et d'une manière un peu humoristique...
On fait essayer les cornemuses, mais dans un des bourdons, qui est très long, on arrive à les aider en soufflant. On fait un tas de petites mises en scène, que ce soit avec le violon, la vielle ou le diatonique : on fait toucher du doigt nos instruments, et c'est sympa d'appréhender cette musique en la vivant pleinement, en essayant soi-même.
CMTRA : Donc tu as choisi d'aborder la musique traditionnelle par le biais de la rigolade et de la fête ?
J.-L.L. : Oui, complètement. J'ai travaillé dix années dans les Hautes-Alpes, où on a apporté un peu une mode de la musique trad. On est à l'origine de pas mal de groupes folkloriques et de groupes folks, à Monestier-les-Bains, en Brillançonnais, Gapençais, qui sont les pôles les plus importants des Hautes-Alpes. On a fait des centaines de bals folks là-bas pendant 15 ans. Et puis je me suis installé à la Rosière, en Tarentaise. Lorsque le CD Haute Tarentaise est sorti l'année dernière, publié par le CMTRA et la CCAS, ça a été un choc pour plein de monde : Tignes, Val d'Isère, Montvalezan, Sainte-Foy, La Gurraz pour ne citer que quelques villages... c'est vrai que ça donne envie de développer un peu plus la tradition du violon qui était forte, avec des Monfarines, des Bransles, des valses, tout un répertoire issu beaucoup des vallées italiennes aussi, avec le Val d'Aoste, répertoires qui sont très présents en Haute-Tarentaise. C'est vrai que ça donne envie de jouer du violon et de pratiquer la tradition locale pour que les millions de vacanciers qui viennent ici repartent non pas seulement avec la vue et des belles couleurs, mais aussi avec de la belle musique. Il y a des gens comme Patrice Combey qui recommencent à jouer, lui qui a un répertoire très riche de chansons, d'airs à danser.
CMTRA : Ton compère est Dominique Sallé ?
J.-L.L. : Dominique possède un répertoire berrichon, un répertoire de chansons à boire et montmartroises aussi. Il arrive donc, avec sa vielle, à faire des choses que je n'arrive pas à faire avec mon diatonique, et c'est un chanteur. Ce qui nous rassemble c'est qu'on a tous les deux une bonne façon de voir les choses par les instruments traditionnels, et le fait de monter un produit en direction des entreprises était quelque chose qui nous a réuni, suivant la même analyse.
On a plusieurs projets, et notre professionnalisation nous conduit à produire un CD qu'on devrait sortir en juillet, avec une petite souscription très... humoristique bien sûr. On va l'enregistrer en "live" dans une soirée, pour montrer un peu l'ambiance qu'on arrive à dégager à travers nos prestations !
Contact :
Jean-Louis Laÿs
Les Grandes Alpes
73700 La Rosière
Tél : 06 60 66 83 15