Entretien avec Anne-Catherine Marin, conservateur en chef des archives municipales de Lyon.
CMTRA : Le nouveau bâtiment des archives municipales de Lyon est ouvert au public depuis octobre 2001. Votre fonds sonore est-il important ?
Anne-Catherine Marin : Très petit, on a quelques archives audiovisuelles et discours. Nous avons modestement commencé des enquêtes pour réunir des informations sur le quartier et le bâtiment qui nous accueille aujourd'hui, ancien centre de tri postal, marqué par une forte histoire du syndicalisme. Il y a tout à faire et d'abord recueillir ce qui a déjà été fait.
Ce bâtiment neuf dispose d'un magasin de stockage spécifique, dédié aux archives audiovisuelles et sonores. Notre mission essentielle est la conservation des documents produits par l'administration et par le privé, et leur mise à disposition du public. La collecte de mémoire est une mission complémentaire, même si, depuis le rapport de Georgette Elgey (Les "Archives orales" rôle et statut, 2001), les choses évoluent. Mais on sait bien maintenant que pour écrire l'histoire de demain, tout n'est pas dans les documents administratifs.
Vous êtes membre de l'Association des Archivistes Français et avez accueilli en janvier 2002 le colloque « les archives orales : de la collecte à la valorisation » organisé par l'Association des Diplômés d'Archivistique de Lyon. Quels sont les projets des Archives de France dans ce domaine?
Je suis vice-présidente de l'Association des Archivistes Français, présidente de la section des archives communales. Nous avions accueilli le colloque de l'ADAL dans la foulée du rapport de Georgette Elgey. Chantal de Tourtier-Bonazzi et Brigitte Blanc («La collecte des témoignages oraux en France») de la section des Archives Contemporaines aux Archives Nationales posaient en 1990 quelques règles.
L'ouvrage de Florence Descamp («L'historien, l'archiviste et le magnétophone. De la constitution de la source orale à son exploitation" 2001) fait aussi référence. Agnès Callu, conservatrice du patrimoine au Centre Historique des Archives Nationales et Hervé Lemoine, responsable du département d'Histoire Orale au Service Historique de l'Armée de Terre vont publier un état des archives orales en France, conservées par les Archives et d'autres dépôts publics (bibliothèques et musées).
Agnès Callu représente les Archives de France au sein de l'Association Française des Archives Sonores. Certains services d'Archives Départementales sont en pointe pour le témoignage oral (Val de Marne et Dordogne disposent d'une phonothèque, aussi la Drôme grâce à l'association Mémoire de la Drôme).
Globalement, il n'y a pas de politique des archives communales dans ce domaine. Ce qui nous préoccupe en ce moment c'est la question de l'intercommunalité et celle de la Politique de la Ville. Pour Lyon, cette discussion se mène en concertation avec Simone Blazy, conservatrice du Musée Gadagne. Corinne Porte, qui a pris ma succession à Saint-Etienne, a mené une politique d'enregistrement très intéressante à Chartres sur le personnel municipal, qu'elle poursuit à Saint-Etienne.
Votre disposez maintenant d'un espace d'exposition permettant des diffusions sonores et multimedia.
En préparant l'exposition actuelle « Pourquoi pas Perrache ? » on s'est aperçu que nous présentions des documents essentiellement sur le bâti et que nous manquions de documents intégrant les activités humaines. Notre seule façon de faire apparaître les gens, d'une certaine manière, outre quelques collections privées de photographies, c'était par le son.
On a utilisé ce dispositif avec un parcours sonore accompagnant l'exposition, permettant d'associer des souvenirs visuels et des images sonores, autour des témoignages et des paysages sonores du quartier. La société lyonnaise Octogone Production a conçu avec notre service action culturelle une sorte de partition musicale du quartier. C'était une expérience formidable. Le résultat est très agréable, selon la plupart des visiteurs.
L'exposition est-elle volontairement liée à l'Inventaire topographique du patrimoine architectural et urbain de la Ville de Lyon réalisé par le service de l'Inventaire de la DRAC à Perrache ?
C'est un hasard. Je fais partie du comité de suivi de la convention entre la Ville de Lyon et la DRAC pour cet inventaire. Compte-tenu de la coïncidence de l'aboutissement de ces deux projets, nous avons trouvé important, le service régional de l'Inventaire et les archives municipales, de montrer le résultat de cette étude, qui est extraordinaire. Nous présentons dans l'exposition une version simplifiée de la base « geoviewer » élaborée par le service régional de l'Inventaire. Les résultats de ces enquêtes sont conçus pour être mis en valeur au Musée Gadagne, Musée d'Histoire de la ville. C'était un concours de circonstances pour notre nouvelle installation à Perrache, on ne pouvait pas passer à côté !
Propos recueillis par V.P.
Contact
Archives municipales de lyon,18 rue Dugas-Montbel, Lyon 2
tél. 04 78 92 32 78
Exposition « Pourquoi pas Perrache ? » jusqu'au 29 mars 2003
[http://www.mairie-lyon.fr/fr/archives->http://www.mairie-lyon.fr/fr/archives]