Mavana chez l'habitant.
"Musiques d'Hiver 2001" (26)

Entretien avec Annie Andriamanana CMTRA : Annie Andriamanana, vous faites partie du quartet vocal malgache Mavana, vous tournez de plus en plus depuis un an en France, vous avez la particularité de chanter un répertoire de chants traditionnel malgache, avec d'autres influences. Pouvez-vous nous expliquer votre parcours musical ?

Annie Andriamanana : Nous sommes trois surs et une cousine dans ce quartet musical, c'est donc une affaire de famille. On a commencé un parcours musical en tant qu'instrumentistes : guitariste, bassiste et batteur dans un genre musical rock, plutôt hard. On a passé des auditions, on a rencontré un arrangeur compositeur issu du jazz, qui nous a poussé à monter une polyphonie vocale pour travailler avec lui.

Parallèlement à l'enregistrement d'albums de différents chanteurs en tant que choriste, on a monté le groupe. Cela fait à peu près un an et demi que Mavana existe et tourne avec ce répertoire. Nous nous inspirons beaucoup de la tradition malgache, on fait pas mal d'arrangements de morceaux traditionnels, mais c'est un pont, une passerelle vers toutes les bonnes cultures que l'on a pu croiser, et que l'on a envie de rencontrer encore maintenant.

CMTRA : Votre répertoire est assez vaste, vous abordez des pièces, des chansons qui viennent de différents horizons, quelles sont vos sources d'inspirations ?

A.A. : En général, pour ce qui est du jazz et de la chanson française, ce sont des coups de cur, des clins d'il que l'on ne peut pas s'empêcher de faire parce qu'on les aime bien. Sinon, ce qui nous intéresse, à travers la culture malgache, c'est "percussionner" un peu les cultures que nous avons traversées, on a vécu déjà longtemps en Afrique, on s'est intéressé alors aux musiques du Mali, du Congo, du Tchad, de la Côte-d'Ivoire et de la Mauritanie. Puis, on ne peut pas s'empêcher non plus de créer des mélanges culturels intéressants.

CMTRA : C'est passionnant, mais cela peut-être délicat ?

A.A. : Oui, mais je crois que l'on fonctionne avant tout au feeling, à l'oreille et encore une fois au cur. C'est vrai qu'ici, il y a une démarche intellectuelle, et pour cela il y a de grandes chances de se "planter", mais c'est vraiment quelque chose que l'on fait par passion, donc cela passe si on est bien, et cela casse si on n'est pas bien, déjà dans l'interprétation il faut que l'on aime ce que l'on interprète. CMTRA : Vous avez un CD de démonstration, avez-vous le projet de réaliser un album ?

A.A. : On en prépare un qui sera le premier album de Mavana, on est toujours à la recherche d'un producteur et d'un distributeur. Ce sera un album plus varié, avec plus de mélanges. On a un studio qui nous propose un contrat de coproduction qui semble assez intéressant, mais il ne fait pas de distribution. CMTRA : Quand j'entends les chansons de Mavana, je suis frappé par le fait que les quatre voix des femmes, qui le composent s'harmonisent vraiment très bien, c'est quelque chose d'extrêmement cohérent. Est-ce que cela un rapport avec le fait que cela soit un groupe familial ?

A.A. : C'est très possible. C'est vrai que nous avons des timbres similaires, mais je pense que si nous sommes aidés par la nature, c'est aussi beaucoup de travail. CMTRA : Vous allez jouer au mois de février dans la Drôme, dans une tournée tout à fait particulière qui s'appelle "Les Musiques d'Hiver", c'est une série de concerts chez l'habitant, je crois !

A.A. : C'est un projet qui nous tient à cur, parce que le chant est une chose proche des gens, et être comme cela chez l'habitant, au milieu des gens chez eux, cela créée beaucoup d'émotions, parce qu'en fait on peut vraiment dialoguer avec le public. Au sens propre, on peut les toucher, leur parler directement, c'est génial. Pour une polyphonie vocale, a capella, c'est vraiment bien de pouvoir être à côté du public.

Prochainement, Mavana va s'enrichir d'un percussionniste qui s'appelle Patrick Corse, et qui a participé à la composition de certains morceaux. C'est le même répertoire mais avec des arrangements qui bougent un peu plus. Propos recueillis par J.B. Mavana en concert aux Musiques d'Hiver

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