O'Maïo
L'Irlande à deux
O'MAÏO naît en janvier 2001 de la rencontre entre Rachid Hassani musicien autodidacte co-fondateur du groupe Tonynara et Yann Manche de formation classique et flûtiste du groupe Garlic Bread.
Le CMTRA s'est intéressé à cette nouvelle formation qui nous présente deux des figures de la musique irlandaise à Lyon.
Entretien avec Yann Manche et Rachid Hassani
CMTRA : Comment est née l'idée de ce projet et comment s'est passé votre rencontre ?
Rachid : Au départ, il s'agissait d'un projet de trio, avec Nass (ancien chanteur du groupe Tonynara) nous avions contacté Yann et nous lui avons présenté le projet. Pour ma part je connaissais Yann à travers un article de la lettre d'information du CMTRA. Pour des raisons personnelles, Nass a dû abandonner le projet. Nous avons donc décidé avec Yann de continuer l'aventure sur une formule de duo. La musique irlandaise nous a permis de partir sur une base commune, avec l'idée de créer de nouvelles compositions et d'explorer également la musique orientale et bretonne.
Yann : Je connaissais Tonynara puisque cela fait maintenant bientôt cinq ans que je pratique la musique traditionnelle, essentiellement irlandaise. Tout est parti d'un concert de Tonynara aux 24 Heures de l'INSA où je faisais mes études. Cela a été un déclic qui m'a donné envie de me diriger vers la musique irlandaise. Après un long séjour en Irlande, j'ai pu approfondir mes connaissances et me familiariser avec cette musique dans l'idée de la développer au sein du groupe Garlic Bread et même de l'enseigner au sein des ateliers du CMTRA. Lorsque Nass et Rachid m'ont contacté pour les rejoindre, j'étais très intéressé car je connaissais et appréciais leur parcours.
De plus, ils proposaient au niveau du projet musical quelque chose d'assez nouveau par rapport à ce que je peux faire avec Garlic Bread, aussi bien dans les méthodes de travail que dans le répertoire abordé qui me permettait d'élargir mon jeu irlandais par de nouvelles couleurs bretonnes ou orientales, puis dans ce travail de collaboration, je pouvais proposer mes compositions. Le duo a une base et une vocation essentiellement de musique irlandaise, mais nous restons ouverts à d'autres types d'influences.
CMTRA : Pensez-vous conserver cette formule de duo, ou pensez vous déjà à élargir la formation ?
Y. : Dans un premier temps, il y a beaucoup de choses à faire en duo. En ce qui me concerne, je trouve intéressant le travail en petite formation, cela me permet de mettre plus en valeur le jeu de la flûte, mais cela m'aide aussi à développer et à préciser un style propre. Les voies à creuser sont donc nombreuses avant de se joindre à d'autres musiciens. Ce n'est donc pas encore d'actualité.
R. : Pour ma part, il s'agit pour l'instant de travailler dans une autre formule que je ne connaissais pas. Le duo donne peut-être plus de libertés, c'est une autre manière de travailler, c'est moins rigide. Pour le moment la formule demande à mûrir et ce qui est intéressant, c'est que dans la région (à ma connaissance), il n'y a pas beaucoup de formations réduites de ce type qui travaillent jusqu'au bout les possibilités qu'offre le travail en duo. L'idée est donc de bien explorer cette formule.
Y. : C'est effectivement très intéressant de jouer à deux car cela nous pousse à explorer des sonorités qu'on n'aurait pas forcément été amené à utiliser dans une grosse formation puisqu'on a un espace sonore à remplir de différentes manières.
Le duo nous pousse à chercher toutes les possibilités que l'on peut avoir sur notre instrument, celles-ci sont infiniment grandes aussi bien sur les instruments à cordes que sur les flûtes. Dans cette optique, j'utilise différentes flûtes traversières en bois ou en bambou, des tin-whistles et même la cornemuse écossaise.
CMTRA : Votre musique est donc essentiellement irlandaise, mais, dans votre disque, on peut découvrir des touches orientales. Pensez vous développer ce métissage ?
Yann : Le métissage est une notion d'actualité, mais il peut être dangereux dans le sens où le métissage facile devient très vite aseptisé. Je ne souhaite donc pas vraiment m'étaler sur la question. Pour nous, c'est assez simple. Nous avons des parcours différents, des influences à la fois différentes et communes. La priorité pour nous est de partir dans les directions musicales propres à chacun tout en s'attachant à préserver une certaine homogénéité. Cela prend des couleurs nouvelles et parfois cela nous fait sortir des limites de la musique irlandaise dite "pure drop". On aborde quelques thèmes de Galice, de Bretagne et puis maintenant nous avons un certain nombre de compositions originales, puisque nous composons tous les deux. Lorsque l'on fait une composition, on ne sait plus vraiment d'où elle vient, en tout cas, elle est certainement Villeurbannaise si on l'écrit ici mais ce qui est sûr c'est qu'elle est nourrie de différentes influences.
R. : Le projet réside avant tout dans une collaboration entre deux personnes qui alimentent chacune à sa façon un répertoire. Être à deux nous évite certainement de partir dans tous les sens, vers un "métissage" confus et incohérent. Notre affinité commune pour la musique irlandaise oriente notre direction musicale, mais on ne se pose pas trop de question de savoir si l'on peut ou non s'orienter vers tel ou tel style ou telle ou telle culture. On va chanter aussi bien en français, anglais ou arabe. Tout cela ce fait assez naturellement.
Y. : Ce qui nous intéresse le plus, c'est d'avoir un son propre à nous, propre à notre duo et de développer une musique qui nous appartient, une musique dans laquelle chacun de nous se retrouve.
CMTRA : Quels sont vos projets ?
R. : Pour l'instant on continue à travailler notre répertoire, mais nous sommes très pressés d'aller à la rencontre du public, pour voir la réaction des gens, et tout simplement partager notre musique. Nous avons aussi le projet d'aller vers un public d'enfants dans les écoles.
Y. : Il est vrai que nous sommes très impatients de partager notre répertoire avec le public pour avoir un retour et des critiques qui nous permettrons d'avancer encore. Cette démarche reste le fondement de tout groupe et de tout musicien.
Sinon, pour revenir sur le projet de travail avec le jeune public, c'est un domaine que je connais un petit peu grâce à mon métier d'instituteur.
Les enfants sont peut-être le public le plus facile et le plus difficile à la fois. Ils peuvent très vite accrocher ou aussi vite êtres désintéressés par une musique et à la différence d'un public d'adultes, vous avez vite fait de vous en rendre compte. Pour nous il s'agit d'un challenge car auprès des enfants, il y a beaucoup de choses à apprendre et les remises en questions sont fréquentes. Du fait que notre répertoire présente diverses facettes, on souhaiterait présenter notre travail à des enfants dans un but pédagogique pour ainsi leur présenter différents instruments et différents types de musiques ethniques.
À suivre...
Propos recueillis par M.P.
Contact
Nass HASSANI: 04 72 04 01 12
Web : [http://omaio.free.fr
->http://omaio.free.fr]