Garlic bread
La passion irlandaise
Entretien avec Garlic Bread
Armés d'une solide formation classique, les quatre musiciens de Garlic Bread ont fréquenté de nombreuses sessions en Irlande et en France. Garlic Bread naît dans ce contexte en septembre 1999.
Très attaché aux sonorités traditionnelles irlandaises, le groupe va très vite orienter son travail vers des arrangements modernes, laissant ainsi une plus grande part à la composition et à l'improvisation.
CMTRA : La musique irlandaise est devenue un véritable phénomène culturel et commercial ; nous voyons fleurir un peu partout des concepts de « Nuit Celtique », les rayons disques « musique irlandaise » ne désemplissent pas et les formules de sessions s'installent dans les pubs. Comment se situe Garlic Bread dans ce paysage de la musique « celtique » ?
Yann Manche : Par rapport à notre positionnement, on a eu un débat avant de savoir si on écrivait sur notre disque Irish Traditionnal Music. Tout d'abord, je pense que l'on s'inscrit dans une démarche de musique traditionnelle puisque pour nous la tradition est quelque chose de vivant, c'est la fameuse transposition du passé dans le présent, mais qui doit être marquée par une évolution. Nous avons voyagé, vécu en Irlande où nous avons pu saisir les spécificités propres à cette musique.
Pour nous il n'y a pas de définition unique de la musique irlandaise, mais il y en a plusieurs. La musique irlandaise est pour nous un point de départ et maintenant on se met même à composer « dans le style ». On s'ouvre à d'autres répertoires tout en revendiquant que notre point de départ, c'est l'Irlande et ce sont les musiques traditionnelles. C'est-à-dire que nous avons appris cette musique par transmission orale et nous retranscrivons ce que nous avons retenu de retour en France en proposant des arrangements plus modernes, nourris de nombreuses autres influences.
Nous nous attachons à ne pas perdre de vue que ce qui nous plait dans cette musique, c'est l'authenticité de certaines lamentations associée à une énergie fabuleuse et populaire : c'est l'atmosphère des sessions quoi ! Pour nous, traditionnel s'associe à populaire, c'est-à-dire tout public et ça c'est aussi quelque chose que l'on revendique dans notre musique.
Damien Lachuer : Nous apprenons beaucoup des sessions de musiques irlandaises qui nourrissent le côté traditionnel de notre musique. La musique irlandaise est effectivement le point de départ mais c'est quelque chose dont on s'éloigne de temps en temps grâce à nos compositions, grâce aux ambiances que l'on crée autour et qui ne sont pas à proprement parler irlandaises.
Y.M. : C'est toujours un débat, c'est-à-dire que d'un côté il y a les traditionalistes dans le sens conservateur qui peuvent faire des bonds en écoutant notre musique, en se disant « cela change trop, ce ne sont plus des bons vieux reels ». Mais à ce moment-là la musique irlandaise n'a de sens que dans les sessions et encore il faut savoir que les sessions n'existent que depuis les années 60-70 en Irlande. Avant, ces formules ne se pratiquaient pas du tout. Les sessions se sont développées parce qu'il y a eu de la musique de groupes. De l'autre côté, il y a les gens qui pratiquent la musique irlandaise depuis longtemps et qui trouvent très intéressant d'y mettre une basse, des solos, des tablas et même de l'improvisation.
Cette année, Garlic Bread est extrêmement présent sur la scène régionale, mais l'actualité majeure du groupe est la sortie de votre nouveau disque. Pouvez-vous nous en dire quelques mots ?
Y.M. : On a assez vite ressenti le besoin de faire ce disque, d'abord par le plaisir que l'on a à jouer puis par le plaisir que nous renvoient les gens lors des concerts. C'était aussi le besoin de fixer l'évolution de notre musique car on avait l'impression que c'était le moment et c'était aussi une manière pour nous de se lancer vers la professionnalisation. Dans un sens, nous nous sommes aussi forcés à réfléchir, à discuter ensemble sur notre musique et sur le contenu de ce disque. Ce projet commun nous a encore plus réunis, cela a été un tremplin qui nous a encore plus soudés et « boostés ».
D.L. : Pour un groupe de musiciens, je crois que c'est très souvent un aboutissement ou un commencement ou les deux. C'est le terme d'une période, d'un cycle et puis également l'envie de réaliser un bel objet. Mais cela ne reste pas une fin en soi, au contraire, cela nous donnera de l'élan pour aller vers le suivant. Travailler en studio, c'est aussi l'occasion d'aborder les choses de façon très différente par rapport au concert. C'est-à-dire que pour l'occasion, nous avons invité d'autres musiciens et nous avons arrangé certains morceaux que l'on connaît bien pour leur donner ainsi une couleur différente, cela apporte un petit plus.
Y.M. : Nous pouvons préciser que nous avons enregistré à Bourg-en-Bresse avec Didier Boyat, et nous avons fait masteriser l'album par Pascal Cacouault. C'était un bonheur que de travailler avec ces artistes des potentiomètres qui font partie des grosses références de la région dans les musiques traditionnelles en général. En tout cas nous sommes très contents d'avoir pu allier les qualités de ces deux professionnels du son. Pour le reste, on attend avec impatience le verdict de notre public !
Propos recueillis par M.P.
concert de Garlic Bread aux
Jeudis des Musiques du Monde
Jeudi 22 août 2002 (20h30)
Jardins des Chartreux (gratuit)
Contact
Garlic Bread
Tel : 04 78 03 90 88
ymanche@free.fr /
Site : www.garlicbread.org