Fous de sons
Valsepareille, ou le secret des bois

Entretien avec Anatole Benoît et Stéphane Mauchand pour la sortie du premier album de l'ensemble Valsepareille CMTRA : Anatole Benoît et Stéphane Mauchand, vous formez avec Gérard Chazot le trio Valsepareille. Quel projet vous a réunis au sein du groupe Valsepareille et à quelle étape de votre travail se situe cet enregistrement ?

Anatole Benoît : Les choses ne se passent pas aussi simplement. Gérard et moi-même, nous jouions en duo depuis 1995 quand nous avons rencontré Stéphane dans un café de la Croix-Rousse en 1997. Cela a tout de suite fonctionné entre nous, et un répertoire de musique à danser s'est mis en place, répertoire que nous avons joué et fait évoluer lors d'une trentaine de prestations principalement dans des cafés croix-roussiens, et à Couzon dans le cadre du Bec à Sons. Cette période de gestation musicale a eu comme aboutissement le concert aux Jeudis des Musiques du Monde en juillet 2000. Cette soirée a été un but et un véritable départ pour le groupe. Nous nous sommes sentis reconnus et utiles à cette musique, et à partir de ce moment, oui, on peut parler d'un projet musical.

Stéphane Mauchand : Et puis, il y a le fait que l'on commençait à avoir un son bien à nous, qu'une osmose s'installait d'un point de vue musical. Petit à petit, on s'est senti vraiment jouer ensemble.

A.B. : Le projet est alors devenu d'arranger et de jouer des compositions de chacun des instrumentistes, les uns se mettant au service des créations des autres. Le résultat s'est avéré à la fois passionnant et original car les propositions étaient fort différentes, et un gros travail sur le son et la trame harmonique s'est mis en place pour arriver à un son qui nous est personnel.

S.M. : Et puis il y a une espèce d'effervescence au niveau de la composition. Cela fuse de tous les côtés, chacun compose, apporte des morceaux... Les arrangements se font à trois.

A.B. : Chacun s'investit au mieux dans les compositions des autres. Les séances de répétitions deviennent des séances de découverte. Je me demande si ce n'est pas le plus agréable... Valsepareille, c'est Anatole Benoît au violon, Gérard Chazot à la guitare, et Stéphane Mauchand aux cornemuses, flûtes et clarinette diatonique. Comment définiriez-vous le style « Valsepareille » ?

A.B. : Pour l'instant, Valsepareille, c'est un son et des compositions. Il est peut-être trop tôt pour parler de style, et quelque part, c'est sans doute aux auditeurs du disque et aux spectateurs de le relever et de l'identifier. Avoir un style, c'est une reconnaissance. Pour l'instant, notre « image sonore », c'est d'abord les instruments mis en œuvre, à savoir la guitare, les violons à 4 et 8 cordes, les flûtes irlandaises (tin et low whistles), la clarinette diatonique et les cornemuses du centre. Une petite touche d'English concertina également. C'est ensuite une façon de composer personnelle à chacun certes, mais aussi commune : choix de l'imprégnation par les musiques du centre de la France et volonté de jouer avec les structures de la musique à danser. Ainsi on prend parfois le temps d'entrer dans les thèmes, on cherche une couleur sonore, on la trouve, on s'installe sur un tempo puis on le ralentit, on l'accélère à nouveau. Beaucoup de morceaux ressemblent à une promenade musicale.

S.M. : C'est vrai qu'on a travaillé beaucoup plus sur les ambiances, pour donner des couleurs, évoquer des images dans la tête des gens. Ce n'est pas un disque de musique à danser. Quand on joue en bal, le répertoire est différent. Même si dans les enchainements de morceaux, on va trouver des structures dansables, de type bourrées, scottish, valses, il y a quelques morceaux qui peuvent se danser, mais de par la manière dont nous les amenons, ce n'est pas vraiment fait pour la danse. Il y a des morceaux très calmes, et d'autres où il y a vraiment de l'énergie. Il y a aussi quelques chansons, chantées par Anatole et moi-même.

A.B. : Je crois qu'il faut insister sur le travail très original de la guitare, qui est à mon avis le socle du son original de Valsepareille. Gérard nous propose sur chaque thème des nappes harmoniques et rythmiques qui à la fois lient l'ensemble du groupe et nous dynamisent en tant que solistes. Il y a des surprises sur ce CD ?

S.M. : Selon nous, oui, je pense que pour les gens qui nous connaissent et qui nous suivent un petit peu, il va y avoir des choses qui vont les surprendre, dans la manière dont nous avons arrangé les morceaux. Nous avons des musiciens invités qui viennent enrichir le son de Valsepareille, sans pour autant le trahir. Il y a Gilles Foray à la guitare basse sur une bonne moitié des morceaux, il y a des percussions... Sophie Bossi, qui joue en bal avec nous, et qui ajoute une couleur d'accordéon diatonique sur certains morceaux, avec son swing bien à elle. Enfin, Jean Blanchard, qui a écrit une très belle seconde voix de cornemuse, et qui joue avec nous sur une marche de mariage.

A.B. : Il y a également des morceaux complètement nouveaux, structurés sur les principes que nous avons évoqués plus haut, et qui expriment bien notre travail actuel et à venir. Il y a en effet beaucoup de compositions dans nos cartons. Nous avons hâte de nous y mettre , dès ce disque achevé. Les gens vont retrouver des titres qu'ils connaissent ?

A.B. : Il y a 13 plages sur ce CD et 25 thèmes différents. Des titres que nous jouons depuis longtemps ont trouvé un son et des arrangements nouveaux, et cohabitent avec les compositions plus récentes.

S.M. : la couleur Valsepareille est bien présente, avec un côté de plus en plus libre. Nous avons je crois, trouvé un équilibre où nous pouvons laisser s'exprimer nos émotions, et une poésie qui nous est propre... Propos recueillis par V.P. Contact

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