Besace
Le groupe drômois Besace vient de sortir un CD. Cet événement est l'occasion de revenir sur le parcours d'un groupe qui œuvre depuis plusieurs années autour d'une musique originale qui oscille entre jazz, musette, compositions et autres folklores.
Entretien avec Etienne Roche,
compositeur et musicien du groupe Besace
CMTRA : Le musette semble être l'élément moteur et la base de votre musique ?
Etienne Roche : Ce style est vraiment l'élément fondateur du groupe.
Cela fait maintenant presque vingt ans que j'ai commencé à travailler avec Karine Quintana, l'accordéoniste du groupe, qui à cette époque-là venait d'être, entre autre, championne de France d'accordéon. Nous avons donc commencé par un répertoire essentiellement musette, de valse, de tango et depuis, une xylophoniste et un hautboïste populaire nous ont rejoint. À partir de là, le travail s'est vraiment diversifié, nous nous sommes retrouvés sur plusieurs de mes compositions, puis sur des compositions d'Ermeto Pascual, des compositions catalanes et des compositions d'autres amis, notamment Patrick Mirallès, un compositeur de Montpellier.
Notons également que Jano Athénol, le batteur, est mon compère de rythmique depuis maintenant 25 ans, dans plusieurs formations éphémères ou permanentes. En cela, on peut dire que la rythmique de Besace (trio accordéon, batterie, contrebasse) est le siège, et même le trône de la formation.
Peux-tu nous parler de votre travail autour de la valse ?
La valse vient vraiment du musette. C'est un genre de musique que j'adore et que je compose beaucoup. Il y a souvent des trois temps dans mes musiques et en France on est quand même bien loti au niveau de la valse avec des choses magnifiques, de Gus Viseur, Colombo, Ferrari, etc... On peut dire aussi que la valse est l'élément fondateur du groupe.
Issombotéga est le titre de votre CD. Que signifie-t-il ?
C'est le nom d'une composition qui d'ailleurs se démarque du style musette car c'est un morceau avec une sensibilité très africaine. C'est aussi un peu le marquage d'un changement au niveau des musiques puisqu'on va beaucoup plus travailler sur la composition ou en tout cas sur un nouveau répertoire qui ne va pas s'écarter du musette mais qui va plutôt l'envelopper et le mettre en valeur.
Si l'on évoque valse et musette, on pense forcément au bal. Êtes-vous plutôt concert ou bal ?
Au départ, nous avons bien tenté de nous inscrire dans la représentation par le bal, mais comme ce n'était pas notre objectif prioritaire, nous sommes arrivés à des sortes de quiproquos avec les organisateurs qui avaient l'idée du bal dans la tête mais qui ne savaient pas ce que cela allait donner à l'arrivée. Et comme nous travaillons énormément sur l'improvisation et sur les ambiances en concert, on s'est retrouvé souvent avec des publics qui se sentaient plutôt à nous écouter qu'à danser, ou à danser qu'à nous écouter.
Le disque reflète assez bien ce que l'on fait mais nous allons beaucoup plus loin dans l'improvisation lorsqu'on est en concert, c'est-à-dire qu'on peut se retrouver sur des choses totalement free.
Au niveau de l'instrumentation, peux-tu nous parler de l'utilisation du xylophone et du hautbois languedocien ?
S'agissant du xylophone, Marie-Claire Dupuy est aussi pianiste et a beaucoup travaillé en bal populaire au niveau de la chanson et de l'accompagnement piano.
Comme elle possédait ce répertoire, nous avons trouvé intéressant d'inclure ce son qui s'inscrit bien dans la fête.
Concernant le hautbois languedocien, Philippe Neuveu est un musicien qui relève pas mal de défis, il est en train de faire un gros travail sur le sud de la France, là où est utilisé le hautbois languedocien populaire. Il joue sur un prototype fabriqué par Bruno Salenson à Nîmes. Son instrument ressemble beaucoup à la tenora catalane car il est sur le même mode de clétage et les mêmes tessitures mais avec un corps en ferraille plutôt qu'en bois. Il tient vraiment à sortir le hautbois populaire de son contexte purement traditionnel.
Dans Besace, il joue aussi du sax sopranino car de temps en temps c'est plus adapté au niveau du son mais le hautbois populaire apporte un grain qui est original et on ne trouve pas de groupe musette avec hautbois populaire.
Besace semble s'inscrire dans une démarche festive.
Besace fonctionne vraiment avec la fête. La pochette du CD est aussi un clin d'œil à cet esprit. Ce que l'on adore faire, c'est jouer au milieu du public, par terre et en formation quasiment acoustique avec la buvette pas trop loin.
Propos recueillis par M.P
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Etienne Roche
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