Ochté !
Entretien avec le quatuor Balkanes (polyphonies bulgares a cappella) pour la sortie de leur premier album
CMTRA : Vous sortez votre premier album après six années d'existence, pouvez-vous nous en parler ?
Milena Jeliazkova : Ce premier album auto-produit est pour nous l'aboutissement d'un travail de longue haleine. Face aux propositions d'enregistrement qui nous ont été faites, nous avons eu l'envie et le besoin de prendre notre temps.
Au moment où nous avons rencontré Silvio Soave, qui allait devenir notre ingénieur du son, nous avons su qu'on avait trouvé la personne idéale pour répondre à nos attentes artistiques. Il nous a proposé l'église romane de Saint-Maurice de Beynost, qui s'est révélée parfaite pour des polyphonies a cappella.
Martine Sarazin : Pour la concrétisation de notre projet, il fallait trouver des apports financiers. Et c'est là que nous avons eu la chance d'obtenir un soutien généreux de la part du Crédit Mutuel Lyon-République.
Milena Roudeva : L'idée d'intituler l'album " Ochté " est venue de Mina, avec laquelle j'ai partagé mon émotion lors du premier concert de Balkanes. Le public, en effet, avait tellement apprécié les chants qu'il avait demandé d'une seule voix “comment dit-on Encore en bulgare ?”...
Et voilà : "Ochté" !
Comment avez-vous choisi les chants qui figurent sur le disque ?
Marie Scaglia : Nous avons préféré enregistrer pour ce premier album les chants-phares que nous aimons beaucoup et que souvent les gens qui nous suivent fredonnent, l'air de rien.
Comment choisissez-vous les chansons qui constituent votre répertoire ?
M.R. : Nous cherchons les airs dans des recueils de musique traditionnelle élaborés par des ethnomusicologues bulgares. Nous retenons les mélodies qui nous touchent toutes les quatre. Ensuite, soit je propose un arrangement, soit on fait une création à quatre. De toute façon, d'un concert à l'autre, les arrangements évoluent, ce qui fait que nos chants ne sont jamais figés. De cette manière, nous perpétuons la tradition orale.
Est-ce que ces chants sont toujours chantés aujourd'hui, ou bien disparaissent-ils progressivement ?
M.R. : Les chants traditionnels sont encore chantés lors d'Assemblées ("sabori") internationales qui réunissent des amateurs de musique bulgare du monde entier. En revanche, pour l'instant, la jeunesse bulgare est plutôt séduite par les musiques d'ailleurs.
M.J. : D'ailleurs (rires !), Milena et moi, il a fallu que nous quittions notre pays pour re-découvrir notre héritage musical...
Avez-vous des régions de prédilection en Bulgarie pour le chant ?
M.J. : Milena vient de Roussé, au nord de la Bulgarie, et moi de Plovdiv, en pleine Thrace, au sud du pays. Il nous est déjà arrivé de connaître soit une même mélodie avec des paroles différentes, soit le contraire. Et parfois, on met du temps pour accepter d'abandonner une des deux versions !
M. Scaglia : Dans ces cas-là, ce sont les Françaises qui départagent le Nord et le Sud.
M.R. : Ou bien, on se réconcilie avec Mina en inventant un chant qui allie les deux mélodies.
M. Scaglia : C'est la diplomatie balkanique !
Quels sont vos projets pour la suite ?
M.J. : Nous avons de nombreux engagements en France et en Suisse. Nous avons aussi un projet de collaboration avec d'autres groupes de polyphonies (corses et sardes). Nous prévoyons de suivre également un stage en Bulgarie, avec une chanteuse professionnelle bulgare, qui nous aidera à affiner notre technique de chant.
M.R. : Nous venons juste de remporter le concours national des musiques traditionnelles des JMF, ce qui nous permettra, à partir de 2004, de créer et de faire tourner un spectacle jeune public.
M. Scaglia : Enfin, au milieu de tous ces projets, il y a un deuxième CD...
M. Sarazin : ... Oui, même si c'est un peu prématuré d'en parler, nous avons l'idée de créer un répertoire de compositions originales.
M.R. : Mais il ne faut pas faire chauffer l'huile dans le poêle avant d'avoir pêché le poisson.
M. Sarazin : ...Traduction : il ne faut pas vendre la peau de l'ours avant de l'avoir tué !
Propos recueillis par PDJ
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Balkanes
Association La Route de la Voix
17, rue du Chariot d'Or, 69004 Lyon