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Les Balbelettes

Entretien avec Annick Magnin, chanteuse du duo de bal à la voix Les Balbelettes.











Quel est le parcours des Balbelettes et de ses deux chanteuses ?

A. M : Isabelle Barthélémy est musicienne de Drailles, violoniste. Elle a monté avec Michel Favre et Olivier Richaume la Compagnie des Violons du Rigodon et elle a essentiellement un parcours de bal. Elle a commencé à chanter il y a quelques années pour l'un des spectacles de Drailles et elle y a pris goût. Elle avait envie de chanter d'avantage mais en même temps, l'opportunité ne se présentait pas. Elle en avait assez de ne faire que du bal folk et voulait s'orienter vers autre chose. Elle dit souvent en riant que par le biais des Balbelettes, elle a pu raccrocher avec le bal folk et que je suis une sacrée coquine de l'avoir embarquée là-dedans... mais qu'elle y va avec plaisir ! C'est vrai qu'on s'amuse beaucoup, notre répertoire est très farceur. Les chansons, la façon de chanter, d'être en bal, d'être avec les gens, c'est du domaine du jeu. On est toutes les deux joueuses et voilà. Elle a repris goût au bal folk par ce biais-là. Pour ce qui est de mon parcours, j'ai toujours chanté. Dans ma famille, on chantait tout le temps, c'était un milieu populaire où la musique était mal vue parce que c'était pour les bourgeois ; mais le chant non. Je me suis mise à m'intéresser au répertoire traditionnel il y a une douzaine d'années suite à un stage avec Evelyne Girardon et j'ai été séduite par ce répertoire, cette façon de chanter, l'univers de ces chansons... J'ai alors monté un groupe qui s'appelait Les Belettes, qui faisait du théâtre de rue autour du répertoire de chansons traditionnelles.

Des Belettes sont nées les Balbelettes voilà à peu prêt quatre ans. Avec une des chanteuses des Belettes, on était deux à savoir danser et à vouloir faire du chant à danser donc on est parti sur un répertoire de bal. On a dû tourner trois ans ensemble et puis Virginie a eu un bébé et a voulu arrêter. On s'est retrouvé au grand bal du Piémont en septembre 2004, Isabelle et Michel programmés avec Drailles, étaient là aussi. Ils ont écouté le bal des Balbelettes et Isabelle a été super emballée. Elle est venu nous voir en nous disant qu'elle voulait vraiment chanter avec nous. Donc le relais s'est pris en trois minutes de temps....

On s'est retrouvé à travailler à partir du répertoire des Balbelettes qui tournait déjà, sur des nouvelles chansons qu'Isabelle avait envie de faire et d'autres que j'ai composé. On a vraiment beaucoup bossé parce qu'on a trouvé un réel plaisir à travailler ensemble et qu'on est vraiment complémentaires.

Moi je suis une bonne rythmicienne, Isabelle est très précise sur la justesse et elle est vraiment exigeante là-dessus, elle a une super oreille et du coup on est vraiment complémentaire sur les contre-chants produits par ces deux qualités-là. Au niveau du développement du répertoire, j'ai toujours tendance à vouloir aller vite et à mettre plein de nouvelles choses tout le temps, quitte à ce que ce soit un peu brouillon et Isabelle est exigeante sur la qualité. Je la tire et elle me freine. On est une association qui fait du bon boulot !

C'est un bel échange de chanter pour faire danser. Je suis souvent accrochée aux pieds des danseurs. Bel échange d'énergie parce que les gens donnent. C'est pas comme en concert où les chanteurs seuls donnent, là c'est un échange. Comment a évolué le projet des Balbelettes, ensuite ? Avez-vous, par exemple, développé une formule plus concertante ou vous êtes-vous consacrées au bal ?

A. M : On ne faisait que du bal. On a un répertoire de bal de deux heures et demie, uniquement à la voix. Et puis on a eu envie de travailler les arrangements, de nouveaux textes. Ensuite on a eu l'objectif d'enregistrer un CD parce que le public des bals nous le réclamait, donc on a travaillé d'arrache-pied pour qu'il soit prêt pour le festival de Gennetines. C'est un enregistrement en studio professionnel mais avec un gravage artisanal. On ne pensait pas en vendre autant, mais on n'arrête pas d'en refaire ! On en a vendu plus de deux cents, les gens nous le commandent par quinze à la fois... À présent on a le projet de monter un répertoire de spectacle. Depuis cet été, on travaille sur un scénario et là on vient de se mettre d'accord sur un répertoire de concert à partir de certains de nos morceaux de bals qui ont de beaux arrangements, quitte à faire une formule avec une partie concert et une initiation aux danses pour des milieux qui ne connaissent pas le répertoire traditionnel. On a envie aussi de faire découvrir ce répertoire-là à des gens qui ne le connaissent pas du tout. C'est vrai que l'on part essentiellement de mélodies traditionnelles -même si l'on utilise plusieurs mélodies composées- et puis moi j'adore écrire des textes avec une langue et des références contemporaines, ça donne accès à des gens qui ne connaissent pas... C'est vrai qu'il y a des chansons comme des infanticides, des histoires de bergères aux champs et d'autres thèmes qui sont un peu austères pour des gens qui ne connaissent pas le milieu des chansons traditionnelles... Ils se demandent : qu'est-ce que c'est que ces histoires ? Je n'écris pas les textes pour accrocher le public, mais parce qu'ils sont là et que j'ai besoin de les écrire mais il se trouve que par concours de circonstances, ça accroche des gens qui ne connaissaient pas ce répertoire. L'autre partie de votre répertoire est issue d'une recherche de chants à danser ?

Voilà oui. Au début, avec Virginie, on était parti d'un répertoire que l'on avait appris en stage, des choses qui sont un peu courues par les troupes de bal à la voix. Avec Isabelle, on voudrait se spécialiser sur le répertoire des Alpes et du rigodon puisqu'elle est vraiment là-dedans. De mon côté, j'ai un immense plaisir à chanter dans la ronde avec les danseurs, comme ce qui se fait en Bretagne mais je n'ai pas forcément envie de chanter du répertoire Breton parce qu'il y en a qui le font mieux que moi... Mais on s'est décidé à chorégraphier des branles ou des danses que l'on peut faire en ronde et en chantant. On a envie de travailler avec Véronique Elouard pour qu'elle nous aide dans ce travail de chants à répondre sur du répertoire que l'on cherche dans le Tiersot ou sur des bandes de collectages que je vais écouter au Musée Dauphinois de Grenoble, etc. Tous ces projets partent de l'idée que d'inventer ça fait partie de la tradition. Ma tradition à moi c'est celle-là. Pouvez-vous parler un peu de votre démarche d'écriture. Partez-vous de mélodies existantes ?

Oui, essentiellement, et pour deux raisons. Ce que je compose comme mélodies, ça ne m'intéresse pas, je les trouve plates, elles ne me racontent rien. D'un autre côté, les mélodies qui me racontent une histoire, j'ai l'impression qu'elles me dictent l'histoire que je vais écrire. Ces mélodies traditionnelles me parlent beaucoup à cause de la modalité, des gammes et des intervalles et puis il y a quelques mélodies sur lesquelles je sais que je vais accrocher, les mélodies de Bruno Letron, de Michel Favre, d'Olivier Richaume, me parlent énormément.

J'avais commencé à écrire des textes pour le spectacle des Belettes. On partait de mélodies traditionnelles et je modifiais quelques mots pour faire référence au monde contemporain sur des chansons de métier par exemple, à la place de : « Prends pas un menuisier ma bergère » je chantais : « Prends pas un banquier ma bergère, du coup, la suite est transformée... C'est un pastiche vingtième siècle de chansons rurales du dix-neuvième. Et puis j'y ai pris goût comme ça. C'est vrai que les thèmes tournent beaucoup autour de l'amour, de la mort, mais toujours traités avec beaucoup d'humour, avec beaucoup de décalages. J'adore les décalages, des choses très graves dites avec une grande légèreté ou au contraire les choses très coquines et très légères dites avec une grande gravité... Quelle est votre démarche de transmission en stages et en ateliers ?

J'ai fait plusieurs stages de chant au grand bal du Piémont et à Gennetines. Je sais danser, mais je n'ai pas vraiment de compétences pour enseigner la danse. Par contre, j'ai plaisir à travailler sur la polyphonie et sur le phrasé du chant qui accompagne la danse. On commence à me demander d'intervenir sur un week-end comme prochainement à Luxeuil.

On s'est retrouvé à faire un bal d'initiation ou deux cet été, en Moselle notamment où les gens ne connaissaient pas du tout ce répertoire-là et on a eu grand plaisir à apprendre. Je mets vraiment l'accent sur l'ornement, les coups de glotte, les temps forts dans la voix pour qu'elle accompagne, avec des ralentis et des accélérés, des intentions pour que ça ne soit pas lisse et propre. Propos recueillis par Y.Epstein Contact :

Annick Magnin 04 76 91 12 37

06 81 30 17 74

[magnin.chabert@wanadoo.fr->magnin.chabert@wanadoo.fr]


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