Musiques traditionnelles et Conservatoire
Entretien avec Gérard Lefebvre,
Directeur du Conservatoire National de Musique de Bourgoin-Jallieu
Gérard Lefebvre : Le conservatoire de Bourgoin-Jallieu existe depuis 1972, et très rapidement une classe de chant a été créée, puis une classe de chanson pour qu'il y est une véritable tradition du travail vocal. On connaît bien notre travail de chanson par quelques opérations médiatisées.
C'est un travail très poussé du chant traditionnel, et notre souhait est d'avancer dans la connaissance des techniques vocales, de rassembler tous ces utilisateurs de l'Ecole de Musique et sur l'année leur faire découvrir les techniques vocales : que ce soit le bel canto, le chant traditionnel, le jazz... L'intérêt étant de présenter toutes ces techniques pour mieux les faire connaître aux usagers de l'École.
Nous avons des contacts depuis longtemps avec le Maroc. Des échanges très suivis ont été réalisés avec notamment le conservatoire de Rabat. Ici, à Bourgoin-Jallieu, nous avons accueilli des élèves marocains qui ont eu des Bourses d'Etudes pour venir en France. Nous avons aussi envoyé des professeurs français au Maroc pour soutenir les professeurs marocains, et cela nous a permis de travailler avec des musiciens marocains et d'aborder le répertoire arabo-andalou. Des chanteurs marocains ont ainsi pu montrer leurs techniques, leur manière de travailler et de chanter.
Pour l'année 97/98, nous accueillons en concert à Bourgoin-Jallieu plusieurs artistes de chants traditionnels. Tous les artistes invités dans la région viendront pas uniquement pour se produire, mais auront un contact avec l'intérieur de l'Ecole de Musique et avec les étudiants. Benät Achiary rencontrera les étudiants, Béatrice Uria Monzon dont le style est plus classique et qui donnera un concert en février, s'arrêtera également à l'Ecole de Musique. Nous accueillerons Ayat Boukris chanteuse marocaine et Elise Caron qui se produiront dans le cadre des 38èmes Rugissants.
Ces master-classes sont donc prévus au Conservatoire et viennent enrichir ce foyer pédagogique, en un lieu de Rencontres Musicales avec des Artistes. Dans le cadre de la chanson, près de dix week-ends rassembleront tout au long de l'année tous ceux qui souhaitent aborder les différentes techniques liées à la chanson : de la technique vocal en passant par les arrangements et l'écriture. Des intervenants comme Sarclo, Elise Caron ou encore Allain Lepestre animeront ces stages en liaison avec le studio des variétés à Paris. Enfin, tout un travail se fait dans ce domaine pour aider les jeunes auteurs-compositeurs-interprètes à parfaire leurs projets personnels.
CMTRA : Monsieur Lefebvre, vous êtes également le responsable de la programmation de Musique pour la saison d'hiver à Bourgoin-Jallieu. Est-ce que programmer une grande série de concerts pendant l'hiver ne donne pas envie de faire la même chose pendant la saison d'été ?
G.L. : Il y a un public évident en été dans notre belle région du Nord-Isère, et je suis sûr qu'entre mi-juillet et fin juillet, la région peut accueillir quelques manifestations pour les résidents, pour les vacanciers. Avant le festival Berlioz évidemment qui lui réussit très bien, mais nous devrions trouver un créneau musical dans ce secteur, au mois de juillet.
CMTRA : Dans cette éventuelle programmation, est-ce que vous voyez figurer les musiques et chants traditionnels ?
G.L. : Je crois que ce serait un créneau. Dans l'axe géographique des Temps Chauds et des Rencontres Méditerranéennes de Nyons, Bourgoin-Jallieu se situe au milieu, et il y aurait donc certainement un axe à trouver autour des musiques traditionnelles et de la chanson, car je tiens à développer la connaissance de la chanson française, ici à Bourgoin-Jallieu.
On s'est fait une identité dans la formation du chant au Conservatoire. Par notre attachement à cette formation spécifique dans une école qui à l'origine n'est pas forcément faite pour cela, car évidement on n'entend pas beaucoup la chanson dans les Ecoles Nationales de Musiques. Cette originalité, je tiens à l'assumer et à la développer. Et pourquoi pas l'été sous la forme d'un festival de chanson et de musiques traditionnelles !