Festival celtique de Chambéry
Entretien avec Christian Buffet
CMTRA : Christian Buffet, vous êtes un des responsables du festival celtique de Chambéry, dont c'est la 3e édition cette année. Quelles sont les orientations de la programmation ?
Christian Buffet : Cette année, l'orientation s'est faite en fonction du faible budget dont nous avons été doté, et en fonction de la programmation de l'année dernière, d'influence irlandaise et écossaise.
Donc, cette année, nous avons choisi la Bretagne. Nous avons dû aussi réduire la taille du festival en passant de 5 jours à 3 jours. Il y a trois grosses soirées, avec les concerts respectifs de Gilles Servat, Alan Stivell, et un Fest-Noz avec Diaouled Ar Menez. Nous n'avons malheureusement pas pu relouer le chapiteau comme l'an passé. Néanmoins, le concert de Diaouled Ar Menez se fera en plein air, devant la Scène Nationale.
Les deux autres concerts se dérouleront dans la Scène Nationale qui nous a été offerte par la ville, mais qui ne comprends que 1000 places assises, ce qui n'est pas franchement l'idéal... Il faut dire que nous avons de réels problèmes financiers, et que nous avons vraiment hésité à renouveler le festival cette année. J'aurais pourtant bien aimé continuer ce que nous avions fait la première année en montagne, mais le problème c'était l'accueil du public, pas d'espace assez large, et pas de parking.
Pour la programmation, dans un premier temps, j'étais parti sur Stivell puis je me suis dit, pourquoi pas continuer dans la même génération, avec Gilles Servat et Diaouled Ar Menez.
CMTRA : Ce sont indéniablement des artistes confirmés que vous faites venir. Parlez-nous des raisons qui vous ont poussées il y a 4 ans à démarrer ce festival celtique en Savoie ?
C.B. : Ce sont de petites influences. J'avais un petit lieu qui est fermé maintenant, mais qui fonctionnait tous les samedis. C'était situé dans le massif des Bauges dans un petit village. Cela a marché 7 ans. Tous les samedis soirs, on accueillait un concert, il y avait tous les styles, jazz, traditionnelle... On avait fait venir le groupe de Grenoble, Dédale.
Et puis, il y a 5 ans, j'ai rencontré deux Irlandais qui sont venus s'installer dans la région, et qui au début habitaient chez moi. Quand ils jouaient le samedi soir c'était étonnant de voir le public passer d'une cinquantaine de personne pour une soirée normal, à 120 personnes pour une soirée irlandaise.
Nous avons organisé un festival celtique là-haut, il y a 4 ans de cela, et on est arrivé à mobiliser 1000 personnes. Il y avait apparemment une forte demande de musiques celtiques. Voilà, c'est comme cela que j'ai été motivé par la musique celtique. C'est peut-être aussi un peu mes origines bretonnes qui resurgissent. Et puis j'ai beaucoup voyagé en Irlande, enfin c'est devenu une obsession.
CMTRA : Au-delà du phénomène personnel, on observe quand même, depuis quelques années et qui en 1998 s'accélère, une multiplication des événements en Rhône-Alpes sur la thématique des musiques et cultures celtes. Dans la Drôme un nouveau festival prépare sa première édition pour septembre 1998, à Bourg de Péage. Comment expliquez-vous ce phénomène multiplicateur ?
C.B. : C'est difficile à expliquer, c'est un phénomène de mode, mais pour quelle raison... Nous avons un deuxième festival au mois d'août sur Aix-les-Bains. C'est un festival sur ce qu'on appelle les Aoûtiens qui rassemblent un grand nombre de manifestations, cela peut aller de l'opérette jusqu'au théâtre de rue.
La ville d'Aix-les-Bains m'a aussi passé une commande de musiques bretonnes, car leur manifestation est un rassemblement de bateaux anciens sur le lac, et ils cherchaient un thème pour rappeler la mer. Ils m'ont donc téléphoné pour que je leur fournissent une semaine bretonne. Donc, il y a une demande évidente.Je suis moi-même allé au festival de Kinvara, il y a quelques semaines, et c'était absolument étonnant de voir que pour un petit village de 150 personnes, il y a 40 violonistes fabuleux qui y habitent.
Il n'y a pas un soir de l'année sans concert. Il faut dire qu'après le festival, après avoir joué nuit et jour pendant 5 jours, le lendemain du festival ils avaient encore envie d'une session. Il y a une vie musicale très importante.
CMTRA : Étant donné que l'on voit fleurir des manifestations sur la thématique celte dans la région centre-est de la France, cela ne vous incite pas à avoir une coordination entre les différents responsables et initiateurs ?
C.B. : Oui, j'ai déjà essayé de joindre un maximum de responsables, Celtitude, Celtadore, Tullins... Ils sont d'accord pour que cela se fasse, mais je crois que personne ne sait par quel bout le prendre. J'ai suggéré que l'on se réunissent en octobre 98, qu'il y ait au moins une consultation, car le festival "Celtadore" et le festival "Sur la Route de Tullins" se produisent pendant le même week-end que notre festival celtique, à Chambéry. Il est donc évident qu'il faut absolument que l'on s'entende sur les dates.
CMTRA : Oui car, quand les gens se connaissent, il est plus facile d'éviter la concurrence. Puis, pourquoi pas inventer ensemble des choses nouvelles, sans penser à des entreprises gigantesques, car je ne suis pas sûr qu'il y ait un public conséquent dans la région.
C.B. : C'est certain ! sur le battage que l'on a fait l'année dernière, nous n'avons eu que 2500 personnes. Or, il faut savoir que la première année, 4000 personnes étaient présentes. Suite à quoi, nous avons organisé la manifestation en conséquence, car apparemment il n'était pas possible que nous fassions moins de 4000 personnes, ce qui n'a pas été le cas ! J'ai pourtant l'envie de reproduire une véritable ambiance irlandaise, mais il y a pour l'instant une réelle impossibilité financière...
Festival celtique de Chambéry :
Chambéry (73)
Du vendredi 17 au dimanche 19 juillet
Programme :
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Renseignements et réservations :
Tél : 04 79 85 55 43