Festival Est-Ouest à Die
Un pied à l'Est, un pied à l'Ouest
Entretien avec Laurence Mundler
Laurence Mundler : Le festival Est-Ouest de Die dans la Drôme veut créer des occasions, pour l'Ouest de rencontrer l'Est et pour l'Est de se retrouver à l'Ouest. Rencontres, ouvertures, échanges... tous ces mots vont dans le sens du festival. Notre but est d'installer une démarche créative, porteuse d'idées pour notre avenir et l'avenir des gens que nous accueillons.
Pour cela, nous essayons de réunir les énergies des structures déjà existantes à Die :
par exemple nous travaillons avec le cinéma le Pestel qui est un haut lieu du festival, avec la médiathèque ou le Théâtre Le réfectoire, la MJC et différentes associations bien vivantes pour participer à la dynamique du terrain. Vous savez ce festival est plus dans l'action que dans le concept.
CMTRA : Sous quelles formes présentez-vous cette manifestation ?
L.M : Des formes variées, nous sommes délibérément éclectiques. Nous présentons quelques aspects de la culture d'un pays. Cette année, la Géorgie est le 10e pays à l'honneur, après la Tchécoslovaquie, la Pologne, la Hongrie, la Roumanie, la Slovaquie, la Bulgarie, l'Albanie, la Moldavie et la Lituanie.
Chaque année, nous proposons au public un regard sur la culture d'un pays de l'Est à travers sa musique, son cinéma, son théâtre, son patrimoine et bien sûr toutes pratiques artistiques contemporaines. Suivant les opportunités, nous intégrons au programme le sport, l'agriculture, l'environnement, les échecs, la philatélie... cela dépend des rencontres et des spécificités du pays.
Cette année par exemple, nous accueillerons deux judokas géorgiens, des champions du monde qui viennent vers des jeunes de tous âges de drôme et d'Ardèche.
CMTRA : Vous avez prononcé le mot"rencontre", cela sous entend une préparation avec les personnes invitées, comment cela se passe-t-il ?
L.M. : il y a d'abord plusieurs voyages de repérage ; parfois avec deux ans d'avance ; une ou deux personnes se rendent dans le pays concerné, afin de sentir ce qui s'y passe, repérer des spectacles, rencontrer les artistes, les institutions ou les individus représentant la culture, l'artisanat, l'agriculture, le sport... et ils commencent à construire un projet de festival, une image, ou plutôt des images. La préparation passe aussi par le réseau que nous avons tissé depuis 10 ans.
CMTRA : Cette année vous accueillez la Géorgie, quelle programmation offre le festival pour découvrir ce pays ?
L.M : C'est une année importante pour nous dans notre programmation parce que notre festival se trouve en plein coeur de la saison nationale"Regards sur la culture géorgienne"qui s'étend d'avril 98 à avril 99 et comporte des manifestations un peu partout en France. La Géorgie est un petit pays très méridional, qui comporte des zones au bord de la mer noire et des montagnes à 5000 m dans le Caucase. C'est un peuple très vivant, qui aime chanter et danser. Souvent dans les maisons, pendant les coupures d'électricité, la famille réunie au sens large, avec les voisins, passe la soirée à chanter, à faire de la musique, à danser, en buvant du bon vin. Ils ont un sens de la convivialité et des rapports humains très développés.
Dans notre programmation, nous retrouverons donc de nombreux spectacles musicaux, concerts, flûtes géorgiennes. En musique traditionnelle, nous accueillerons Mzetamze, un choeur de femmes, ce nom signifie"le soleil des soleils", un ensemble s'attachant exclusivement aux traditions musicales des femmes géorgiennes. Le groupe Mtiebi, composé de douze hommes. Au départ, c'était un groupe d'amis à l'époque où ils ne pouvaient pas trop sortir de chez eux. Et petit à petit, ils sont devenus semi-professionnels puis professionnels. Leur répertoire est issu de recherches dans les campagnes et dans les montagnes. Ils ont ainsi collecté des musiques et des chants populaires qu'ils interprètent avec quelques instruments traditionnels. Le Trio Lela Tararaidze, Lela est venue seule en janvier, et elle revient avec deux autres chanteuses. L'ensemble Marani, composé de géorgiens dirigés par un américain. La particularité de cet ensemble est d'accueillir en résidence sur Paris des musiciens et chanteurs géorgiens. La musique classique sera bien présente avec le quatuor à cordes de Tbilissi accompagné d'un pianiste. Un ensemble à géométrie variable qui du trio au quintette interprète de la musique classique, Bach, Schubert, ou Chostakovitch mais aussi des géorgiens contemporains méconnus Bardanashvili ou Bakuradzé. Enfin, du jazz bien sûr, avec un autre pianiste et compositeur, David Evguenidze, que l'on surnomme"le Keith Jarrett géorgien".
La musique sera aussi la partie la plus visible des manifestations du 10e anniversaire. Le dernier week-end de septembre vous pourrez écouter successivement dans une dizaine de petits lieux très accueillants des musiciens venus et revenus à Die depuis 1989. Seuls, en duos et trios inattendus, en grande formation... des surprises à tous les coins de rue. Au cinéma le Pestel, nous présenterons des films géorgiens d'hier et d'aujourd'hui en présence d'un invité, Alexandre Rekhvichvili (dont une rétrospective aura lieu au Crac à Valence). Entre autre nous proposerons le dernier film de Nana Djordjadzé,"Les mille et une recettes du cuisinier amoureux"avec Pierre Richard, c'est un film qui présente trés bien l'Art de la table géorgien, là où les Géorgiens excellent ! une belle description de comment l'on mange, boit, et de tout ce que l'on fait et vit autour de la table géorgienne.
Au Théâtre au réfectoire, trois spectacles un One Man Show poétique Je meurs en chantant... joué par un très grand acteur géorgien, Mourman Djinoria. Et"La Reine mère", écrit par un auteur italien, mais interprété en géorgien par le mîme Djinoria et Sopiko Chiaureli. Ils sont tellement forts que le visuel prend le dessus, peu importe que l'on ne comprenne pas la langue.
Pour en terminer avec le théâtre, nous avons invité une troupe qui s'appelle le Théâtre des Doigts, composée d'une dizaine de jeunes entre 16 et 20 ans qui ont monté un spectacle totalement original dans lequel les personnages sont incarnés par des doigts et des mains... costumés... des sortes de marionnettes humaines.
Dans les différents aspects que propose le festival, vous trouverez aussi toute une série d'expositions d'Art Contemporain, avec en amont quatre résidences d'artistes cet été sur Die : un céramiste, un designer, un sculpteur et un émailleur.
Dans le registre des expositions vous avez le choix : photographie, artisanat, patrimoine architectural, calligraphie ; saviez-vous que l'alphabet et la langue géorgiens sont uniques au monde, et sujets à quelques polémiques de haut vol : certains linguistes affirment une forte relation entre le géorgien et le basque ; d'autres disent que c'est une absurdité.
Toujours est-il que ce sera l'occasion pour nous de programmer un concert basque et géorgien. Il y a encore tout un volet agricole : Des viticulteurs, techniciens ou éleveurs polyvalents, viennent rencontrer leurs homologues de ferme en ferme, observer, échanger sur la pratique, et recevoir une formation. En repérage, quelques agriculteurs diois ont fait le voyage en Géorgie pour rencontrer les agriculteurs sur place et considérer quels types d'échanges pourraient se faire, pendant et à la suite du festival. Notre but est, je le rappelle qu'il y ait un véritable échange : les invités sont reçus chez l'habitant. Une grande partie des Diois se mettent en quatre pour accueillir ces étrangers si proches et si différents.
Festival Est-Ouest :
Die (26)
Du jeudi 17 au dimanche 27 septembre
Programme :
Voir page festivals:
Programme détaillé disponible à partir du 14 juillet
Renseignements :
Tél : 04 75 22 12 52
Fax : 04 75 22 22 47
e-mail : [festival.est-ouest@wanadoo.fr->festival.est-ouest@wanadoo.fr]