Akwaba/Bienvenue
Festival des Musiques du Monde le 16 octobre, à la Bourse du Travail de Lyon. Entretien avec Sébastien Perros

Entretien avec Sébastien Perros Sébastien Perros : A l'origine l'association Akwaba s'appelait Akwaba World's Art. Le mot akwaba veut dire bienvenue en dialecte baoulé de Côte d'Ivoire, avec World's Art, cela signifie bienvenue aux Arts du monde. L'association a été immatriculée en 1991 à Lyon.

Nous étions deux à l'initiative de cette association et nous avons commencé par organiser des concerts de musiques du monde, puis au bout de 3 ans d'activités, nous sommes partis sur Paris, où nous avons continué l'organisation de concerts, pour finalement prendre un peu de recul à l'étranger.

Depuis 2 ans, Akwaba est de retour sur Lyon, avec les mêmes objectifs mais en plus la création d'un réseau d'associations qui dispensent des formations en musiques et danses du monde. Nous avons mis en place ce réseau avec des formations de salsa, samba, tango argentin, capoera, rock, percussions et danses africaines, et nous souhaitons aussi proposer du didjéridoo. Les ateliers réguliers débutent en septembre.

En supplément, Akwaba organise des stages ponctuels sur toute l'année. Nous organisons aussi des concerts sur toute l'année, avec comme formule concert le soir et stage le lendemain animé par les artistes : ce seront des stages de percussions africaines, de danses africaines ou de musiques indiennes.

Ce réseau sera réellement effectif à partir de la rentrée. Akwaba centralise les données et toutes les informations sur la promotion des formations de chaque association, ceci pour créer une sorte de label de qualité, "formations Akwaba". CMTRA : Akwaba organise une soirée musique du monde le 16 octobre à la Bourse du Travail avec trois concerts, que tu as appelé "festival", pourquoi cette nomination pour une seule soirée ?

S.P. : Le but de cette soirée est de présenter un échantillon de musiques du monde, accessible à tout public, et en vue de réaliser l'année prochaine un festival sur deux ou trois soirées successives. C'est pourquoi, en mini-festival, nous proposons cette année une seule soirée avec trois concerts, ce qui n'est pas une formule très courante. Cela nous permettra aussi de mieux évaluer nos projets pour l'année prochaine.

Ceci dit, notre budget étant restreint pour cette première édition, nous avons ainsi été motivé pour organiser ce festival sur une seule soirée. Pour la programmation, nous avons choisi trois groupes représentant les trois continents : Asie, Amérique du Sud et Afrique.

Amadou et Mariam, nous les avons découverts il y a plus d'un an, nous savions qu'ils devaient sortir le CD "Sou Ni Tilé" en mai 98, et depuis, c'est une révélation médiatique qui ne nous étonne pas vraiment, pour être déjà depuis longtemps des stars au Mali et en Côté d'Ivoire. Leur album est en deux parties, l'une chantée en bambara, dialecte malien, que l'on écoute finalement peu sur les radios, et l'autre en français avec des chansons comme "Je pense à toi" ou "pauvre type"...

Pour Jaipur Kawa Brass Band qui est une fanfare indienne, nous avons trouvé original de les présenter, parce que les fanfares indiennes sont très peu connues sur Lyon, et en général, il y a très peu de concerts indiens à part ceux qu'organise Pascal Burianne avec "La Musique des Autres" . Sa programmation reste très spécifique dans les technicités musicales et le sacré de ces musiques.

Ce que nous proposons, ce sont des concerts abordables à un public de non-initiés. Hameed Khan Kawa, joueur de tabla est le directeur artistique du Jaipur Kawa Brass Band, et il a rassemblé dans cette fanfare les meilleurs musiciens des diverses fanfares du Rajasthan. Nous avons la chance de les recevoir parce qu'ils ont pu intégrer leur passage à Lyon dans leur tournée. Bia De Assis est un groupe basé en France, à Strasbourg et qui présentent évidemment la musique festive du Brésil, avec un répertoire de rythmes de samba, de Bahia, de maracatu et d'afoxé.

Avec ces trois concerts, nous avons essayé de trouver un équilibre entre une découverte musicale, un esprit de fête et une approche facile des musiques du monde. Parce qu'il y a trop de concerts confidentiels sur Lyon, dans le sens où la musique traditionnelle est parfois un peu trop élitiste.

Ce que nous pensons, c'est peut-être qu'il manque une phase d'approche et d'initiation, avant même de se plonger dans, par exemple, les ragas indiens ou des musiques traditionnelles très spécifiques. Alors, sans avoir la prétention de revendiquer que nous sommes là pour présenter au public une réelle approche de ces musiques, nous voulons proposer simplement des musiques à écouter, mélodieuses certes, d'inspiration traditionnelle, ou traditionnelles mais qui restent populaires.

Dans cette soirée le concert "découverte" est pour moi la fanfare indienne, pour être d'un genre traditionnelle populaire mais méconnu. Cela ne signifie pas que les autres concerts ne nous offrirons pas la découverte et l'ouverture vers d'autres cultures, car d'une part si Amadou et Mariam sont reconnus, cela n'enlève pas la qualité de leur travail, et d'autre part si des airs de sambas brésiliennes bercent nos étés depuis plusieurs années, il y a néanmoins tout un répertoire de musique traditionnelle brésilienne moins connu qui est à découvrir.

L'Auditorium de Lyon, qui a un gros budget, peut se permettre dans une programmation de faire des tentatives en faisant venir des groupes de musique traditionnelle réservés à des oreilles ouvertes ou à des initiés.

Pour les initiés, ils viendront, mais le public curieux (dans le sens positif) est ainsi amené à tester ces spectacles, aussi parce qu'il a pris une carte d'abonnement, et qu'il a envie de se permettre cet écart. En cela, l'Auditorium réalise un bon travail. Si j'ai pris cet exemple démesuré, c'est aussi pour dire qu'à un autre niveau, je pense que nos choix musicaux sont aussi respectables, et nous espérons que cette soirée du 16 octobre à la Bourse du Travail sera une réussite, que les gens se sentiront bien, simplement. CMTRA : Quels sont vos objectifs pour l'avenir ?

S.P. : A long terme, notre objectif est de faire une manifestation du même type que les transmusicales de Rennes ou une sorte de Printemps de Bourges des Musiques du Monde sur Lyon. Cela demande d'autres moyens évidemment, et les financeurs publics ne se précipitent pas, surtout avec le conseil régional !

Actuellement, les financeurs publics ne nous soutiennent pas du tout. Le réseau associatif que l'on développe prend ses sources à la base sur les pentes de la Croix Rousse, pour contribuer à la vie de ce quartier. Cela fait un an et demi que nous déposons des dossiers dans les commissions culturelles, et nous n'avons toujours pas de réponse, pourtant les gens nous disent que notre initiative est bonne.

Pour la constitution de ce réseau, nous avons travaillé pendant un an et demi, nous avons rencontré les acteurs sur le terrain, et nous nous sommes rendus compte que les associations étaient souvent en concurrence, peut-être parce qu'il y a trop d'initiatives semblables. On observe qu'il y a une réelle réticence des associations à collaborer entre elles.

Au bout d' un an et demi, nous avons quand même abouti à la création de ce réseau avec le projet de formations et d'autres projets en cours comme la réalisation d'un journal associatif et culturel. Nous avons réuni un petit nombre d'associations dynamiques comme Bateau Brésil, Kahina, Pili Pili, Accor danse... en tout une dizaine d'associations sont partenaires. Il faut savoir que beaucoup de réseaux se sont créés ici à Lyon, mais très peu ont tenu la route. Notre objectif est donc dans un premier temps de se baser sur de petites associations, d'en répertorier un petit nombre de manière à avoir une base solide, pour plus tard s'ouvrir à d'autres associations. Festival des Musiques du Monde Bourse du Travail de Lyon Vendredi 16 octobre (20h00)

Ouvertures des portes à 19h30

Location FNAC, Le Progrès : 120 frs - Guichet : 130 frs Akwaba: 20, rue Puteau - 69001 LYON Renseignements :

Tél/Fax : 04 78 39 29 06