Le chant traditionnel, voie d'accès à l'expression vocale
Depuis de nombreuses années, les musiques traditionnelles apparaissent régulièrement dans les programmations des "Concerts à l'École" proposés par l'ADDIM Savoie.
Le précurseur en matière de diffusion de ce style musical, dans cette institution, a été Michel Doyard qui y a prêté beaucoup d'attention en cherchant des lieux d'accueil pour les groupes professionnels ou en voix de professionnalisation et en les aidant à la formation de leurs projets.
Depuis huit ans, Farid Daoud, responsable du secteur enfance et adolescence a repris le flambeau dans un projet plus ciblé sur le domaine qui lui a été confié.
Aujourd'hui, les musiques traditionnelles sont aussi présentes dans le cadre du plan vocal départemental et c'est là une démarche qui progresse de façon notable.
La volonté de l'ADDIMS Savoie qui est de voir les musiques traditionnelles s'intégrer dans une perspective pédagogique et musicale apparaît comme une démarche à suivre. Dans le cadre de ce plan vocal, cette forme musicale n'est pas une "épice" à saupoudrer ça et là pour mettre en valeur une formation plus classique. Elle fait au contraire partie d'un cheminement musical ouvert, varié et constructif qui inclut largement les "musiques actuelles".
Entretien avec Farid Daoud, responsable du secteur "enfance et adolescence" - ADDIM SAVOIE
CMTRA : Farid Daoud, dans le cadre de vos responsabilités à l'ADDIMS Savoie, comment avez-vous rencontré les musiques traditionnelles ?
Farid Daoud : Très simplement, les musiciens sont venus me voir sur la dynamique du travail engagé Michel Doyard. Tout naturellement, les concerts à l'école et au collège ont accueilli ces formations. Je crois que le fait de les programmer a été une aide pour les groupes. C'était une première étape, les musiques traditionnelles sont très présentes aujourd'hui encore, dans notre catalogue. Le secteur "enfance et adolescent" a depuis pris de l'ampleur.
Nous avons eu l'idée d'un véritable plan vocal départemental, dont l'ADDIMS est le coordinateur, qui touche les enseignants à l'école et au collège, les éducateurs, les animateurs jusqu'aux infirmiers et médecins, c'est à dire tous ceux qui sont appelés à utiliser leur voix dans le cadre de leur métier, et ceci en dehors des écoles de musique et des conservatoires. C'est une véritable action vocale. L'idée, c'est que tout le monde puisse chanter et puisse trouver le lieu pour progresser et découvrir. Nous avons commencé par les enfants.
CMTRA : Comment ce "plan vocal" a-t-il vu le jour ?
F.D. : Il y a cinq ans, nous avons signé la "charte départementale sur l'expression artistique de l'enfant et de l'adolescent" qui doit permettre au plus grand nombre d'avoir accès à la pratique musicale, au concert et au spectacle vivant en général. La voix en est le moteur, l'expression vocale est prise dans son acceptation la plus large en terme de pratique et de style.
CMTRA : D'où la place des musiques traditionnelles dans la formation vocale ?
F.D. : Oui, après un an d'atelier vocal, les participants bénéficient dans le cadre d'un atelier polyphonique d'une rencontre avec des professionnels qui ont une démarche artistique précise. Cette année, nous travaillons avec Évelyne Girardon (Compagnie du Beau Temps, Roulez Fillettes) et Vincent Audat (Quatuor Nomad). Évelyne travaille sur le répertoire en français avec un regard musical et narratif contemporain, relié à des caractéristiques musicales précises de la tradition populaire qui peuvent demander une technique vocale particulière.
Vincent propose un travail sur les musiques du monde avec une démarche d'éclatement des formes musicales, d'improvisation et de "recréation" permanente. Les deux démarches sont complémentaires. Nous demandons à ces deux chanteurs de nous faire voyager sur toutes sortes de mélodies et ensuite de nous donner leurs pistes quant à l'interprétation de ce répertoire aujourd'hui. La rencontre va se faire sur un ou deux ans, nous espérons prolonger l'expérience avec d'autres questions comme celle de la technique vocale à employer le plus finement possible : comment une bonne technique vocale peut-elle s'adapter à ce répertoire ?
CMTRA Les participants ont-ils eu une formation vocale ?
F.D. : Oui, nous avons beaucoup travaillé avec Cécile Fournier (qui était au Centre Polyphonique Régional) et nous regrettons beaucoup son départ. Elle a apporté beaucoup à ce projet en terme de méthodologie et de pédagogie vocale ouverte, mais aussi en terme de réflexion générale. L'idée qu'il ne faut plus faire de différence entre les styles de musiques a eu des répercussions directes sur le déroulement de ce plan vocal. Son travail a été pertinent, il permet à chaque élève chanteur de s'adapter quelque soit le style musical abordé jusqu'à présent. Chanter le répertoire traditionnel, partagé pour la première fois dans ce cadre, va être une expérience nouvelle.
CMTRA : Pourra-t-on entendre le résultat de ce travail ?
F.D. : Il y aura deux soirées départementales intitulées "De vive voix" à Aix les Bains le 9 juin 1999, et le 15 juin 1999. Elles seront plus conçues comme des témoignages vocaux que comme des concerts. On y retrouvera toutes les démarches musicales.
CMTRA : Comment voyez-vous les musiques traditionnelles aujourd'hui ?
F.D. : Pour moi, les musiques traditionnelles sont futuristes, contrairement à ce que l'on croit, il me semble qu'on ne les a pas véritablement découvertes.
C'est une forme musicale orale et cela apporte énormément, le public ciblé de notre plan vocal ne lit pas la musique. La revisitation du répertoire est un défi intéressant, il faut diversifier mais respecter l'histoire de ce monde musical. L'idée qu'il faut "pratiquer" plutôt qu'enseigner me plaît !
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