Le voyageur musical
Entretien avec Gérard Coppéré
CMTRA : Gérard Coppéré, tu es un voyageur musical : celui qui pose ses valises dans les Monts du Lyonnais, entre séjour au Râjasthân et escale en France profonde, avant le départ pour le continent africain. Quoi de neuf pour 1999 ?
Gérard Coppéré : Plein de belles "choses" à voir, à entendre et à toucher ! Trois expositions itinérantes :
La première "Musiques d'Ici et d'Ailleurs" présente 200 instruments de musique du monde, 50 photographies de musiciens en situation, documents écrits et sonores. Cette exposition a accueilli 35 000 visiteurs, scolaires et tous publics, la saison dernière à l'occasion de tournées dans la Nièvre, en Normandie et Picardie. La dernière exposition, à la Maison de la culture d'Amiens, a reçu la visite de plus de 5000 visiteurs sur 4 semaines. Ce chiffre témoigne de la reconnaissance par le public du travail réalisé, mais aussi de l'engouement actuel pour les musiques du monde.
La deuxième exposition "Musiques d'Afrique Noire" (Carnets de voyages du Niger à l'Oubangui), offre à voir et à entendre plus de 100 instruments de musique, objets sonores, photographies et documents ethnographiques de l'Afrique subsaharienne.
La dernière exposition "Musiques d'Inde du Nord" (Charmeurs de serpents et musiciens du désert) présente 50 photographies de musiciens en situation.
C'est un reportage à Bénarès chez un charmeur de serpents et chez les Jogi, Langa et Manganyar, ces musiciens du désert de Târ au Râjasthân, que le public français découvre avec bonheur chaque année à l'occasion de leur tournée en Europe.
CMTRA : Une exposition d'instruments reste quelque chose d'immobile qui restitue difficilement la vie de la musique: comment règles-tu ce problème?
G.C. : Une collection instrumentale ne peut pas se passer de musique. Les instruments sont les outils du musicien. Après avoir regardé les instruments, leurs formes, leur diversité, l'ingéniosité et le savoir-faire de leurs créateurs (facteurs ou musiciens), le visiteur a envie d'entendre et de toucher.
Plusieurs formules répondent à ce besoin légitime : Vernissage musical, visites commentées avec démonstrations sur les instruments, formations des enseignants, professeurs d'écoles de musique, intervenants musiciens, animateurs, concerts... autant de formules qui vont donner vie à l'exposition.
Photos, documents écrits et sonores accompagnent les instruments et guident le visiteur dans sa promenade. Enfin, un instrumentarium composé de nombreux instruments est à la disposition des visiteurs, ce dernier sera invité à la pratique et pourra s'initier au jeu musical.
CMTRA : As-tu réalisé des enregistrements vidéos lors de tes voyages en Afrique ou au Râjasthân ? As-tu pensé à les intégrer au sein des expositions ?
G.C. : Oui, nous avons réalisé un film vidéo chez G'Bàyà, joueurs de sanza du Nord-Ouest de la Centrafrique. Cette vidéo est en cours de montage, elle sera intégrée prochainement dans les expositions Musiques d'Ici et d'Ailleurs et Musiques d'Afrique Noire.
CMTRA : Ces expositions sont-elles également conçues pour un public d'enfants ?
G.C. : Bien sûr. Ces expositions s'adressent à tous les publics, avertis ou néophytes, adultes et enfants. Néanmoins, les "scolaires" constituent en semaine le public privilégié des expositions. Les plannings sont en général complets. Les visiteurs "tous publics" venant en fin de journée et les week-ends. Les enfants représentent environ les deux tiers du public accueilli. Les scolaires sont pratiquement gâtés. Constitués en groupe homogènes, ils bénéficient systématiquement d'animations et d'invitation à la pratique. Ils sont, par ailleurs, souvent accompagnés d'un intervenant musicien qui intervient en amont et en aval de l'exposition, en complément de l'animateur spécialisé.
CMTRA : As-tu fait de nouvelles acquisitions récentes?
G.C. : Oui. L'acquisition d'une nouvelle pièce est toujours une émotion. L'instrument est entouré d'histoire, de mythes, d'anecdotes qui seront dévoilées plus tard au visiteur.
Pour Musiques d'Ici et d'Ailleurs, j'ai acquis récemment un ophicléide de Muller, facteur lyonnais du XIXème siècle, ainsi qu'un étonnant saxhorn d'Adolphe Sax, l'inventeur du saxophone. L'instrument, daté de 1860, à pavillon tournant et six pistons trouve naturellement sa place entre les trompes primitives et les cuivres de nos harmonies.
Pour Musiques d'Afrique Noire, j'ai apporté de Centrafrique plusieurs tambours de bois "parleurs" en troncs d'arbres sculptés, dont un monumental, de plus de deux mètres de long, sur lequel le visiteur pourra s'initier au langage tambouriné.
Ces nouvelles acquisitions nous montre encore une fois l'ingéniosité de l'homme pour créer ses instruments de musique. La possibilité d'en utiliser certains ajoutent encore plus de plaisir à les découvrir.
Trois expositions itinérantes :
- Musiques d'Ici et d'Ailleurs
- Musique d'Afrique Noire
- Musiques d'Inde du Nord
Contact :
Gérard Coppéré, Association "Musiques d'Ici et d'Ailleurs"
Tél : 04 78 35 68 28