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Danser, Du Jour Au Lendemain

Entretien avec Christophe Sacchettini Christophe Sacchettini : Le groupe DJAL est né à l'automne 1993 dans l'urgence puisque sa fonction était au départ d'animer les bals de l'ADAEP prévus pour le groupe Eclypse... qui venait de clasher.

DJAL, c'était aussi l'envie de travailler les uns avec les autres et surtout pour Stéphane Milleret et moi-même, de faire des choses plus reposantes que ce que l'on pouvait faire à l'époque avec Dédale ou Obsession : on commençait à avoir envie simplement d'un groupe "à danser", une énergie brute plutôt qu'un travail en finesse.

Au départ on était partis sur un groupe de fest noz parce que cela manquait un peu dans la région à l'époque (excepté BZH), à l' ADAEP en particulier ; encore maintenant il y a partout une forte demande en bals bretons. Et puis on a effectué quelques reprises, chacun est arrivé avec des compositions qui dormaient dans des tiroirs et on s'est retrouvé sur une forme de bal folk avec les danses "standard" que tout le monde connait : bourrées, polkas, scottishes etc.. ; sachant que le violoniste et principal compositeur du groupe, Daniel Gourdon, n'est absolument pas danseur, la part de ses propres inspirations mélodiques et le travail d'adaptation à la danse se fait plutôt après en groupe. CMTRA : Dans tout orchestre, on connait l'influence de l'instrumentation sur la musique, quel est l'univers sonore de DJAL ?

C.S. : C'est au départ un mélange exlusivement acoustique avec violon, flûte traversière en bois, accordéon diatonique, vielle à roue et bouzouki. J'ai laissé au départ la flûte à bec de côté, parce qu'on manquait de rythmique, et puis cela me plaisait de me retrouver percussionniste, uniquement avec bodhran et djembé, c'était plutôt reposant. Et quand Claude Schirrer nous a rejoint deux ans après à la basse, je suis revenu progressivement à la mélodie avec un peu de flûte à bec, d'épinette hongroise et de bombarde.

Cet univers de solistes trés chargé en médiums / bas-médiums s'est donc peu à peu élargi en graves et hyper-aigus jusqu'à couvrir maintenant un spectre assez large et chaleureux au regard des timbres des instruments. Une autre caractéristique du groupe est que l'on a un peu servi de tremplin à une nouvelle génération de jeunes godelureaux surdoués comme Yann Gourdon à la vielle à roue et Sylvain Barou à la flûte traversière en bois, qui à l'époque avaient 14-15 ans et qui ont pu se roder et affiner leurs styles respectifs - Yann vient d'intégrer le Viellistic Orchestra et Sylvain joue maintenant avec Glaz et Denez Prigent.

Ils ont aussi permis à une époque d'expérimenter divers matériels sonores "bizarroïdes" venus d'ailleurs : Yann s'est adjoint un système de pré-mix indépendant relayé à la sonorisation par Daniel Saulnier, et Sylvain s'est un peu lancé dans le sax-synthé qui a permi, à dose homéopathique, de chorusser avec des sons différents et de relayer un peu la rythmique sans qu'on soit obligé d'engager un percussionniste à part entière.

L'univers de DJAL est donc devenu un peu plus électrique mais de manière complètement différente de ce qui se faisait il y 20 ans quand les groupes rajoutaient guitare électrique, batterie et point final. On suit globalement une ligne directrice trés liée aux compositeurs de chanson, Daniel principalement, et puis Stéphane Milleret et Jean Banwarth (bouzouki) qui sont des thèmes dans des gammes parfois un peu tordues qui ne sont pas sans évoquer l'Europe Centrale.

Il y a aussi des couleurs de l'Irlande puisque Daniel et Jean dans le civil, sont plutôt spécialisés en irlandais ; le passage entre les deux se fait beaucoup par le bouzouki, bien sûr, et aussi par l'ornementation de Sylvain. Il y a dans une nette influence de Blowzabella à travers les parti-pris rythmiques et harmoniques : bouzouki, basse, main gauche diato et la vielle aussi ; même si la mélodie est complètement détachée du chien un peu comme dans le jeu de Gilles Chabenat, le chien est tout à fait dans la continuité de Nigel Eaton et surtout de Cliff Stapleton à qui on a d'ailleurs piqué deux thèmes.

Je crois qu'on est venu en avant garde de cette triple tendance qui devient un peu une tarte à la crème dans les groupes à danser et que ce n'est pas évident de faire que le mélange soit harmonieux tout en restant original ; je crois que chez nous ça tient beaucoup plus aux personnalités des musiciens et aux timbres utilisés plutôt qu'aux arrangements qui sont restés volontairement plutôt basiques. CMTRA : Ton sentiment sur la pratique de bals folk ou de bals de danses traditionnelles actuelles, vois-tu des évolutions sur le rapport danse-musique ?

C.S. : Le rapport danse-musique a toujours été un peu bizarre chez nous. Notre rapport aux danseurs est un peu chaotique, fait de fascination réciproque et parfois d'un peu de tension. L'idéal pour un musicien de bal serait, je pense, d'être aussi danseur ce qui est loin d'être le cas.

En tout cas je note que les groupes rhônalpins qui moi me passionnent en ce moment - toute tendances confondues, des groupes comme Drailles, Davaî, Kordévan ou la Petite Pérole, sans parler de tout le travail que vous faites à Lyon - s'écartent de plus en plus du rapport à la danse. Mais il y a aussi des musiciens qui se tournent vers les répertoires spécifiques avec le désir de creuser un phrasé, un travail sur les appuis. Par ailleurs la particularité des groupes grenoblois est d'attirer vers les bals des publics qui découvrent totalement ces pratiques et d'autres qui sont moins intéressés par la danse en tant que telle que par le fait de vivre une aventure collective.

Cela veut dire que les gens vivent d'abord une pratique sociale avant d'en apprécier la technicité de manière individuelle. Je trouve ça plutôt bien ! En tous cas le succès de la Nuit Celtique organisée par l'ADAEP et le Grand Angle de Voiron en est une preuve. CMTRA : Tu veux dire que le XXIe siècle sera celtique ou ne sera pas ?

C.S : Pas du tout, on a envie au contraire d'être un peu contre ce discours qui fait semblant de voir de la celtitude partout, qui redécouvre des racines celtes là où elles ne signifient plus rien d'autre que l'opportunité d'un festival comme en Auvergne ou d'un énième pub... sans parler de la St-Patrick et autres opérations fabriquées pour vendre de la bière et faire de la propagande chrétienne.

Pas besoin de se revendiquer celte pour avoir un discours et faire la fête ! Simplement c'est juste une preuve de plus de la grande vitalité des cultures celtes et de la façon dont elles touchent les gens. Ca, c'est intéressant. CMTRA : DJAL, ça veut dire quelque chose ?

C.S. : Oui, pour diverses raisons, une dont j'ai déjà parlé et d'autres que l'on ne dévoilera pas ici, ça signifie "Du Jour Au Lendemain"... et n'y voyons surtout pas une manière de célébrer ici le passage d'un siècle à l'autre ! Christophe Sacchettini, DJAL Propos recueillis par J.B. Contact

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