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Le Café des Arts de Grenoble

Entretien avec Emmanuel Galliot CMTRA : Emmanuel Galliot, dans le cadre du Café des Arts de Grenoble, tu participes depuis maintenant 6 ans à un travail sur la chanson traditionnelle en Dauphiné, et qui s'est concrétisé par 3 parutions : un recueil de 31 chansons en Dauphiné, puis deux éditions sonores qui rassemblent les versions chantées et arrangées des répertoires contenus dans ce livre. Quelle est l'histoire de cette opération, et quels en sont les objectifs ?

Emmanuel Galliot : Le livre "Trente et une chansons chantées en Dauphiné" est paru en juin 1991. Nous avons enregistré une première cassette "Ce matin me suis levé" en 1992, quinze chansons extraites du livre. Une autre cassette "Minuit" est sortie en 1996 en complément de la précédente, et toujours extraite du même livre.

Notre opération consiste en une sensibilisation à la chanson traditionnelle du Dauphiné, et à une tentative de recréer un lien entre les générations.

Au départ, sachant que nous chantions dans notre Café, certaines personnes âgées nous appelaient pour animer l'après-midi de leur club ou maison de retraite. Ces personnes n'étaient pas particulièrement sensibilisées à l'ancienne chanson populaire traditionnelle française. Parfois, quand on demandait aux personnes de chanter quelques chansons, venaient plus souvent le "p'tit vin blanc" que "la Bergière et le Moussiou". Mais en insistant un peu, on voyait apparaître un autre répertoire, pas du tout habituel. Leur manière de chanter, de "tenir" à une chanson en raison de tout ce qu'elle contenait de souvenirs, d'épisodes, de visages aimés : en fait, leur amour du chant nous a séduit. Nous avons répondu à l'appel d'une chorale de retraités, "les Sons d'Automne", et chanté chaque semaine pendant 7 ans avec ces trente amateurs (dont trois hommes !). Ainsi, nous avons essayé de marier un répertoire à redécouvrir avec une pratique de chant quotidien.

Pour ce faire, nous avons lancé une enquête en lien avec des journaux, des radios, avec l'aide de pas mal de partenaires institutionnels comme la DDMD, la Mairie de Grenoble, le Musée Dauphinois, le CMTRA. Cette enquête avait pour thème "Aidez-nous à retrouver les vieilles chansons". Cà, c'était sur toute l'année ... A part une version inédite des "Scieurs de long" recueillie en 1942, nous n'avons pas publié de chansons originales, ce qui, en ce sens, n'est pas un collectage, mais une transcription. Notre but est de diffuser, de "vulgariser" ces chansons par un livret: "Illustrer pour faire redécouvrir la présence de chansons traditionnelles de nos régions en France". C'est pourquoi nous avons pris le soin de nommer notre ouvrage "Trente et une chansons chantées en Dauphiné" et non "Chansons Dauphinoises" afin d'éviter toute confusion sur l'Origine avec un grand O. CMTRA : Vous citez les sources des chansons que vous présentez dans ce livre !

E.G. : Oui, alors, ce travail de diffusion et de vulgarisation s'est entouré d'un minimum de précautions scientifiques. Il n'y a aucune modification de texte, et les quatre notes changées dans "Que faites-vous, bergère ?" sont signalées. Le livre emprunte beaucoup aux archives retrouvées de Mr Vincent. Voilà pour ce qui est des documents. Le livre est illustré (par Maurice Passemard) et les deux cassettes ont été conçues de la même manière que le livre : on y retrouve des illustrations sonores, illustrations instrumentales variées et arrangées en toute liberté.

La fin de cette opération a été pour moi l'occasion de découvrir deux choses importantes : d'une part, une chanson est faite d'un texte, d'une mélodie et de chanteurs. J'ajouterais presque : d'auditeurs. Et avec ces personnes âgées réunies dans la chorale, il y avait quelquechose de très beau ... Une vieille dame qui chante... c'était la rencontre avec des chanteurs et chanteuses merveilleux, juste à côté de chez nous. D'autre part, derrière ce lien entre générations, j'ai mesuré à quel point il y avait du pain sur la planche pour favoriser l'écoute mutuelle d'une population, les échanges entre musiciens d'origines diverses, savante ou populaire, amateurs ou professionnels ; j'ai fait appel à des musiciens d'origines très diverses pour nous accompagner sur la cassette n°2. Par exemple, l'enregistrement de "Que faites-vous bergère ?", chantée et sonnée à la trompe par l'ensemble de Charnècles "Les échos de Chartreuse" a redonné aux sonneurs le "virus" du chant et nous permet de mieux connaître une tradition particulière, vivante ici et maintenant. CMTRA : Avez-vous en projet d'autres opérations du même type, ou bien allez-vous continuer ce même travail, mais dans d'autres secteurs musicaux, ici, au Café des Arts de Grenoble ?

E.G. : Même si les animateurs du Café des Arts (qui ont constitué un petit ensemble vocal) continuent à chanter à Grenoble ou ailleurs, notre premier travail est de faire vivre notre Café en pleine ville.

Dans ses "Recherches sur notre ancienne chanson populaire traditionnelle", Patrick Coirault note que cette dernière n'est pas uniquement le fait des campagnes, qu'il y a bon nombre de chansons qui partent des villes ; en lisant cela je me dis que les villes ont une mission particulière d'échanges culturels.

C'est tout à fait la conclusion de notre opération : comment sonne une chanson chantée en Dauphiné aujourd'hui ? (et tant pis pour le label "originaire du Dauphiné"). Je vous donne un exemple : j'ai découvert la mandoline avec les italiens de Grenoble, dans le quartier Saint-Laurent, et cette rencontre a révélé une joyeuse harmonie et complémentarité, la mandoline accompagnant très bien la chanson française. Ce qu'il faut, c'est reconnaître l'existence de voix, de cultures différentes de la nôtre, reconnaître les diverses communautés présentes dans nos quartiers. Et pour travailler dans ce sens, je crois qu'il faudrait beaucoup plus d'endroits de rencontre, comme ici au Café des Arts : lieu d'échanges culturels ou l'on retrouve les répertoires des russes, polonais, algériens, irlandais, et même dauphinois... de Grenoble.


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