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Jean-Luc Peilhon dans tous ses émois
Confession d'un harmoniciste clarinettiste

Entretien avec Jean-Luc Peilhon CMTRA : Tu évolues dans le monde musical de Rhône-Alpes et plus largement national, avec plusieurs formations, et tu viens de publier un CD "Le Chant des Artisans". Dans quels genres musicaux te situes-tu ?

Jean-Luc Peilhon : Je fais partie des musiciens transversaux. Ma formation est assez éclectique, j'ai un parcours un peu bizarre puisque j'ai fait pas mal d'accompagnement de chanteurs au niveau international. J'ai évolué dans le domaine du jazz contemporain, et depuis six ou sept ans, je m'intéresse beaucoup aux musiques traditionnelles, notamment comme sources d'inspiration. CMTRA : Tu as vraiment rencontré des formes de spectacles vivants très variées !

J-L. P. : J'ai même été musicien de cirque et joué dans des formations de rue. Depuis quelque temps, je travaille beaucoup pour la danse contemporaine, comme musicien et comme compositeur, les deux à la fois, ce que je recherche à faire de plus en plus. CMTRA : Ce parcours musical, tu le fais principalement avec deux instruments, qui sont tous deux des instruments à anche et à vent, mais assez éloignés l'un de l'autre puisqu'il s'agit de la clarinette et de l'harmonica. Comment devient-on clarinettiste harmoniciste ?

J-L. P. : C'est d'abord une affaire de famille et de tradition, et ensuite de hasard. Je suis issu d'une famille de musiciens, avec qui j'ai débuté très tôt la scène, à l'âge de 7 - 8 ans. J'ai pu comme cela tester un certain nombre d'instruments : la batterie, et puis il y a eu la clarinette assez tôt, vers l'âge de 8 ­ 9 ans, que j'ai commencé à apprendre à l'école de musique de mon village. Au bout d'un ou deux ans, comme j'aimais bien chiner, j'ai trouvé un harmonica dans une benne. Je joue avec les graves du mauvais côté parce qu'un des instruments que l'on n'avait pas à la maison, c'était le piano, donc je ne savais pas de quel côté mettre les graves, et depuis je joue comme ça. Mais, cela ne m'empêche pas d'avoir une vision personnelle de la musique qui peut aussi être harmonique.

J'ai eu toute une époque où l'harmonica a vraiment pris le dessus puisque c'était l'instrument que j'aimais et que j'avais choisi, avec un côté très tripal, parce qu'on commence souvent par le blues pour jouer de l'harmonica. Sinon, c'est un rapport sensuel assez particulier car c'est, à ma connaissance, le seul instrument dans lequel on respire c'est-à-dire "inspire" et "expire". Je crois que je peux dire que je fais partie des gens qui pratiquent les instruments à vent parce qu'ils sont des chanteurs frustrés, j'ai trouvé d'ailleurs que j'étais bien meilleur musicien que chanteur, donc je ne regrette rien (rire). La clarinette a repris sa place plus tard, et maintenant je ne me pose plus la question de savoir si je suis clarinettiste ou harmoniciste, je trouve des choses dans l'un et l'autre, et j'essaye de m'en servir le mieux possible. CMTRA : Actuellement, on s'aperçoit que dans le secteur des musiques traditionnelles, des musiques du monde, il y a de plus en plus d'expériences individuelles ou collectives, de brassages, d'influences, de pratiques, de découvertes multiples sans vraiment le souci d'être dans une démarche de conservation et d'héritage. Est-ce que tu t'inscris dans cette aventure ?

J-L. P. : Si on le voit dans un sens positif, qui est un sens de vitalisation et d'échanges des cultures, c'est intéressant. Maintenant, si c'est juste une démarche opportuniste, de coloriste, c'est moins intéressant. La matière "musique traditionnelle" m'intéresse dans le sens où elle touche à des choses très profondes : c'est d'une part le rapport à des instruments acoustiques qui ont une histoire, une sensation, il y a un déplacement d'air ou une vibration d'une corde. On est pas dans le cadre d'une musique gérée par des machines. D'autre part, il y a souvent un rapport à la matière vivante qui est encore bien présente dans le sens ou pas mal de ces musiques ont été conçues en rapport soit avec des mariages, soit avec un rapport à la terre. Elles sont ancrées dans des traditions, et même si dans notre environnement occidental on a un peu du mal à faire le lien, cela m'intéresse de faire des choses qui touchent non seulement au quotidien mais aussi à différents moments de la vie, de ne pas écrire de la musique pure, détachée des contingences matérielles. CMTRA : C'est une des forces des musiques d'héritages que d'accompagner des moments forts de la vie, c'est ce qui pourrait différencier cette musique d'une production plus esthétique.

J-L. P. : J'ai un solo qui s'appelle "Émoi d'abord", écrit comme "émotion", ma recherche, c'est ça ! L'association de ces deux mots (musique et émotion) ressemble à une lapalissade, pourtant elle n'est pas toujours évidente : la complexité des formes aboutie souvent à une musique "intellectualisante" qui oublie son rôle de transmission, de véhicule d'émotions, et par conséquent d'interrogations entre l'artiste et le public. CMTRA : Dans le mouvement général musical, il y a un foisonnement de démarches qui aboutissent à des pratiques de rencontres musicales, de créations, à partir de plusieurs influences, mais il y a aussi la démarche professionnelle qui aboutie en général à un refus de la part de la branche commerciale de ces activités, qui fonctionne par classification péremptoire et réductrice. Qu'en penses-tu ?

J-L. P. : Je n'ai pas de solution sur le classement, et puis je dirais que ce n'est pas mon problème, bien que (rire). Je définis ma musique par cette petite phrase : "faire des mélodies proches aux accents lointains". À la fois pour résumer ces sources d'inspirations à priori étrangères, et pour signifier que c'est quelque chose qui est bien ancrée dans ce que je suis moi, dans mon vécu y compris familial de musicien blanc européen. CMTRA : Dans les influences et découvertes issues des héritages, quels sont tes amours actuels ?

J-L. P. : Il y en a plusieurs, mais je dirais qu'ils se situent plus à l'est et au sud. Certaines formes musicales m'ont intéressé dans lesquelles j'ai manqué de basculer, le tango par exemple, qui a produit quelque chose chez moi de très fort peut-être parce que c'est quelque chose qui est très proche du blues ou d'une musique très primitive.

En même temps avec des gens comme Piazzola on a atteint une dimension harmonique indéniable et très orchestrale, et c'est une forme tellement aboutie et tellement précise que de ne faire que du tango ne me satisfaisait pas non plus, donc j'ai décidé d'évacuer le tango. On en retrouve quand même un peu dans mon album, mais je me suis dit qu'il y avait d'autres formes musicales qui provoquaient autant de choses chez moi. Bien sûr toutes les musiques d'Europe Centrale, qui vont à la fois des musiques roumaines, yiddish, mélodies des Balkans, musiques bulgares jusqu'aux musiques turques et les musiques du bassin méditerranéen comme certaines formes du Maghreb, musiques iraniennes, et d'autres choses qui peuvent s'apparenter plus à l'Afrique.

Ce que je cherche ce n'est pas forcément à reproduire une forme musicale précise, mais par exemple à prendre une rythmique turque comme je l'ai fait sur un morceau qui s'appelle Anatolia. C'est un dix temps typique. Et puis j'ai cherché une gamme qui m'intéressait aussi pour essayer de développer une histoire ou un discours par rapport à cela. Je dirais que j'essaye à chaque fois de prendre des éléments et de reconstruire quelque chose avec, jusqu'à ce que cela devienne ma propre matière. C'est-à-dire, tellement la travailler qu'au bout d'un moment j'arrive à l'entendre vraiment, à improviser dessus et à raconter une histoire. En définitive, il s'agit plus d'emprunts que de chercher à recréer des traditions, en tout cas pour ce qui est de l'aventure du "Chant des Artisans" et des deux formules que j'ai en quintette ou en solo. CMTRA : Dans quelles formations peut-on t'entendre actuellement ?

J-L. P. : Il y a deux aventures qui sont autour d'un répertoire personnel, de compositions. Une formule solo "Emoi d'abord", qui est à la fois une réduction et une aventure un peu insolite puisqu'il s'agit pour moi de faire un solo, qui ne soit pas trop ingrat pour le public, éviter le piège de la démonstration technique. Souvent quand on fait un solo, surtout avec des instruments comme les miens qui ne permettent pas d'avoir des harmonies, on est obligé d'avoir recours à beaucoup de virtuosités techniques pour arriver à faire passer la pilule. J'avais plutôt envie que mon univers "poétique" soit aussi présent dans ce solo. J'ai trouvé un delay avec plein de limites mais qui me permet de faire des boucles en direct. J'enregistre différentes parties et je peux faire moi-même l'homme-orchestre en enregistrant une partie de clarinette basse, des percussions en tapant sur mes instruments de différentes manières, en utilisant des grelots, mes mains, et en même temps rejouer dessus, changer la boucle, développer une histoire. Il y a une autre formule en quintette Jean-Luc Peilhon "Connivences" avec Lucie Flint au violon et à l'alto, Yves Perrin à la guitare, Manu Vallognes à la basse fretless, et Alain Chaléard aux percussions orientales et indiennes, qui développe l'univers de l'album, entre le sud, l'est et un ailleurs.

La troisième formule Loucine avec Yves Perrin et Lucie Flint est plus une aventure collective dans le sens où on est trois "directeurs musicaux", on se revendique tous les trois à la fois instrumentistes, improvisateurs et compositeurs arrangeurs. Au départ, nous sommes partis d'un répertoire précis de musiques dites de l'est, qui nous intéressaient particulièrement. Là aussi on fait des incursions vers la Turquie, vers l'Arménie et aussi vers les valses manouches, des années 40 ­ 50 qu'ont pu écrire des gens comme Jo Privat. Ce sont souvent des accordéonistes qui ont écrit un répertoire de valses magnifiques que l'on a décidé de se réapproprier avec les instruments que l'on joue : l'harmonica, la guitare, le violon. Et puis, il y a d'autres aventures avec la danse contemporaine, avec Pascal Carré qui fait un spectacle sur le répertoire de Serge Reggiani et un duo avec Jean-François Baez. Propos recueillis par J.B. Concerts Jean-Luc Peilhon

"Emoi d'Abord" (Solo)

Mardi 03/04 - PARIS (75) Salon de la Musique &laqno; Musicora »,

Jazz Café, à 14h00 Samedi 02/06 - RIVOLET (69) Festival &laqno; Les Dindes folles ».

Rens. 04 74 67 47 51 Samedi 09/06 - COURZIEU (69) Auberge de La Buissonnière, à 20h30

Rens. 04 74 70 87 48 Loucine

Lundi 30/04 - ANNECY (74) Collège Camille Claudel, à 19h15

Rens. 04 50 52 30 00 Samedi 12/05 - COURZIEU (69) Auberge de La Buissonnière, à 20h30

Rens. 04 74 70 87 48 Mardi 22/05 - RIORGES (42) Salle du Grand Marais, à 20h30.

Rens. 04 77 23 62 58 Samedi 16/06 - CHATILLON-D'AZERGUES (69) Chapelle, à 20h30

Rens. 06 83 52 14 63 Jeudi 21/06 - ISLE D'ABEAU (69) Le village.

Rens. 06 83 52 14 63 Contact

Jean-Luc Peilhon "Connivences" "Emoi d'Abord"

Loucine

Marie-Caroline PHELUP

La Chaudière Production / Lune Rousse

Tél : 06 83 52 14 63

[chaudiprod@chaudiereproduction.com->chaudiprod@chaudiereproduction.com]

www.chaudiere-production.com


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