Pain d'Épice
Entre concert et bal folk

Entretien avec Jacques Tribuiani et Tony Canton CMTRA : Pain d'Épices se présente d'abord comme une formation dédiée au bal folk "debout sur ses pieds", quelle est l'importance de la relation entre musique et danse pour vous ?

Tony Canton : Pain d'Épices présente un spectacle qui est aussi bien destiné au concert qu'au bal folk. Nous ne nous contentons pas d'aligner les thèmes, nous composons et écrivons des arrangements afin de créer des couleurs musicales propres au groupe, mais la trame de tout notre répertoire reste la musique traditionnelle à danser.

Jacques Tribuiani : C'est à la fois une contrainte au moment de l'écriture, où il faut respecter et interpréter l'accentuation de la danse, et un plaisir lorsque les danseurs participent à la composition en faisant corps à la musique. CMTRA : Quelle est votre conception du métissage musical ?

J.T. : La réussite, c'est évidemment le plaisir partagé entre le musicien et l'auditeur ou le danseur, quelques soient les moyens utilisés. Les danseurs sont parfois surpris de voir que notre musique "fonctionne" pour la danse, alors qu'elle est très éloignée des airs traditionnels qui ont déjà largement fait leurs preuves en bal folk.

T.C. : En général, lorsque les interprètes assimilent physiquement leur musique, cela permet au public d'être baigné dans un monde musical qui lui fait oublier les différentes provenances des thèmes, harmonies et tournes rythmiques... À partir de là, on peut dire que le métissage musical est réussi. CMTRA : Vous faites état d'influences de répertoires traditionnels celtes et de diverses régions de l'hexagone, pourquoi aucune référence au sud et à l'Est de l'Europe, qui sont les horizons musicaux les plus visités actuellement ?

T.C. : C'est un répertoire que nous n'avons pas exploré. Nous pourrions l'envisager.

J.T. : Les métriques particulières de ces airs demandent aux danseurs une connaissance plus pointue des danses traditionnelles de ces régions. C'est vrai qu'un air asymétrique, se basant sur des gammes originales a beaucoup de charme, mais l'interprétation doit rester juste. CMTRA : Pain d'Épices s'inscrit dans un vaste mouvement musical présent en Rhône-Alpes, et plus largement en Europe, qui pratique les rencontres et les mélanges musicaux, qui s'abreuve à différentes traditions musicales, sans en faire un projet explicite, mais de manière naturelle, vécue. Ce courant musical n'a pas encore de nom, avez-vous une idée ?

J.T. : Nous avons tenté musique traditionnelle avec un "? ", ou musique traditionnelle contemporaine ? Après tout, c'est la musique de Pain d'Épices, avec les désirs différents de chacun de ses musiciens. Difficile de rallier une cause ! CMTRA : Vous reconnaissez-vous dans l'appellation institutionnelle "musiques actuelles" ?

T.C. : Oui, si l'on prend l'expression "musiques actuelles" au sens propre du terme. Par contre, au sens politique du terme, c'est un tel foure-tout que l'on ne sait plus trop ce que cela signifie. En fait, cette appellation, mise à la mode par les institutions, permet à certains d'obtenir des subventions. Je dis "certains" car ces aides ne sont pas réparties uniformément. Le Jazz et les musiques traditionnelles pour ne citer que ces deux exemples sont délaissés. Les politiques, par le biais de subventions dérisoires pensent se dédouaner de leurs engagements sans pour autant faciliter au public l'accès à la culture, outil de lutte contre l'exclusion, la déshumanisation de notre société.

J.T. : C'est une appellation tellement subjective ! Quelle musique "live" ne peut pas être aujourd'hui considérée comme actuelle ? Existe-t-il un interprète qui s'identifie à une machine à reproduire des notes, et non pas à un intervenant actif, participant au renouvellement de sa musique ? CMTRA : Cette vague musicale, si elle crée sa musique très généreusement, a beaucoup de difficultés à trouver sa place dans les programmations et dans les bacs de CD. Quelle solution voyez-vous à ce problème ?

J.T. : Je pense que cette reconnaissance se fera avec le temps. L'étiquetage est nécessaire pour classer des disques et vendre le groupe. En attendant, nous disons que notre musique ressemble un peu à celle de X ou Y, on utilise des termes multiples, on décrit les instruments, on fait écouter... pour le moment, on s'en sort comme ça. Si un jour un terme retranscrit un peu plus précisément la musique de Pain d'Épices, alors on l'adoptera.

T.C. : Le dénominateur commun de toutes ces influences musicales serait la "world music". Le jour où celle-ci touchera un large public, nous pourrons faire confiances aux grands majors du disque pour imposer une définition commune. CMTRA : Pourquoi faites-vous tout ça ?

T.C. : J'aime ce répertoire car il s'agit d'une musique que je ressens émotionnellement et physiquement.

J.T. : C'est un besoin spontané. Chacun d'entre nous a joué des thèmes traditionnels avec des arrangements traditionnels. On y prend plaisir, c'est un moyen de rencontre et de partage. Mais on a tous besoin d'une musique qui nous ressemble, sans trahir les danseurs. Le résultat est un répertoire qui dépasse largement le cadre du bal folk, qui trouve progressivement son public, et qui répond aux besoins d'expression de chacun des membres de notre formation. Propos recueillis par J.B. Concerts

Samedi 21/04

Lasalles (30) Festival de la Salindrenque, Bal Folk.

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VILLARS-DE-LENS (38) Maison pour tous, Bal Folk

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SAINT-VICTOR (42) au Château.

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