Festival d'Aïci d'Aïlai, première édition
Entretien avec Pascale Bazin, programmatrice de la salle "Musique à l'Ouest" d'Oullins, Murielle Geoffroy et Renaud Pierre de l'association "Trad'des rades"
CMTRA : Quel est le moteur de ce nouveau festival ?
Pascale Bazin : Ce festival est né de l'idée de créer un événement qui sorte d'une programmation régulière de la salle « Musiques à l'Ouest », une des plus ancienne salle de musiques actuelles de la région, haut-lieu du Rock depuis 20 ans.
Murielle Geoffroy : Nous avons réuni différents partenaires, le CMTRA, Guy Bertrand du CNR de Lyon, la radio d'Oullins, SOL FM 100.7, Le Trad' des Rades et Musiques à l'Ouest, qui ont tous des points de vue différents sur les musiques actuelles, et c'est dans la rencontre de ces univers que le festival s'est construit.
P.B. : Nous avons choisi de préparer un festival qui raconte les rencontres, les liens étroits entre les musiques trad. et les musiques actuelles.
M.G. : Pour le Trad' des Rades, l'idée était de faire connaître les musiques actuelles qui s'inspirent de musiques trad., nous pensions à des groupes qui ne jouent pas souvent sur Lyon, avec lesquels nous avions envie de travailler. Le Trad' des Rades est une jeune association qui a un an, et qui a pour objectif de travailler sur la diffusion de ce genre musical, dans des lieux de diffusion de proximité, des bars, des salles de concert, pour les faire connaître et les faire vivre un peu plus à Lyon.
Renaud Pierre : Les musiques traditionnelles interrogent le rapport au contexte, à la communauté, au cadre de production, et ce qui nous intéresse c'est de savoir comment à un moment donné on peut ré-interroger notre propre milieu par le biais des musiques traditionnelles, que ce soit dans des bistrots, dans une salle des fêtes à la campagne ou dans une salle de musiques actuelles. Comment on peut réinvestir un champ social où les musiques traditionnelles n'ont pas leur place à l'origine, et avec ça créer un événement social, vivant, actuel et prendre une place dans la contemporanéïté ? Quelques fois dans les musiques actuelles il y a une carence en discours, en paroles, en sens donné...
P.B. : Une des idées majeures de ce festival, c'est de mélanger le cinéma documentaire et les concerts pour ouvrir un espace de discussion sur ces musiques. Tous les soirs, il y aura en début de soirée un Ülm qui sera suivi d'une discussion avec le réalisateur et les musiciens de la soirée et ensuite... place au concert !
Cela se traduit dans une programmation en trois volets...
R.P. : Le premier soir porte sur le thème des musiques en exil, l'idée est de regarder d'un peu plus près des itinéraires d'artistes exilés, voire des courants musicaux entiers qui ont pu s'exiler, ce qui sera illustré par le Ülm Algérie : Mémoire du raï. Dans le domaine musical, il y aura René Lacaille avec une musique métissée sur un fond réunionnais, et Massoud Raonaq, musicien afghan à Lyon.
M.G. : Comme le titre le dit bien « Occitania qu'es aquo ? », cette deuxième soirée sera dédiée à tous les courants musicaux qui se revendiquent de l'Occitanie, avec un Ülm court Jovent, la jeunesse, qui part à la rencontre de jeunes toulousains impliqués dans ce mouvement-là. Claude Sicre des Fabulous Troubadors et le réalisateur interviendront après la projection pour discuter avec le public et les musiciens. Ce sera suivi par un concert avec trois groupes, [lu matrü], des lyonnais qui chantent en occitan, italien et franco-provençal, Joglar' Verne qui chante en Occitan et Dupain qui compose en Occitan.
P.B. : Dans le cadre du Ülm Jovent, on voit que la pratique de la langue occitane donne de vrais espaces de pensée, de paroles, de revendications pour une jeunesse qui est issue aussi bien du trad que du dub, du ragga, du rock...
Vous parlez « d'occitanité » dans votre programme. Est-ce lié à la notion « d'ethnisme » développée aujourd'hui par certains maîtres à penser du mouvement occitan ?
R.P. : À priori on n'a pas de réponse sur l'Occitanie, ce n'est pas une réalité politique, ni une réalité administrative. Si c'est un mythe est-ce qu'il peut aider à enrichir la réëexion ? C'est un grand espace de discussions, tous n'ont pas la même conception. Que ce soit Claude Sicre, Dupain, tous ont une démarche très ouverte sur l'extérieur.
M.G : Le troisième volet du festival, on l'a appelé « Dialogues en musique », avec une création entre Meï Teï Sho, un groupe électrojazz de Lyon et Ganoub, un groupe traditionnel égyptien. La soirée démarrera par le Ülm Cuba Feliz, réalisé par Karim Dridi, et par une création en direct avec Thierry Nouat à la vielle à roue et Pierre Badadoux, contrebassiste qui vient du jazz.
R.P. : On parle souvent de métissage culturel quand il s'agit uniquement de calquer des traditions musicales sur des structures occidentales connues, actuelles. Pour cette soirée, l'idée, c'est de valoriser des moments de rencontre entre musiciens. Et du coup le débat peut s'orienter sur la notion de World music.
P.B. : C'est pratique courante de parler de fusion dans les musiques actuelles, on est de plus en plus dans ce type de démarche où les univers musicaux se confondent, même les publics. Mais après, est-ce que c'est juste des questions d'esthétiques, de fun, d'actu ? L'idée du festival, c'est de creuser un peu plus, que les gens racontent des choix, des voyages, des territoires, des histoires de cultures et de créations, leur démarche... C'est une première édition et l'on espère qu'il aura une belle durée de vie ce festos !
Propos recueillis par V.P.
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