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Au bonheur de la rencontre
Le privilège de l'échange musical

Entretien avec Guy Bertrand, responsable du secteur "musique du monde" au CNR de Lyon CMTRA : Guy Bertrand, quelles sont tes impressions après une première année à Lyon ?

Guy Bertrand : Mon parcours s'est constamment enrichi de rencontres musicales exceptionnelles. Je pense que c'est une chance extraordinaire d'être en contact direct avec des artistes passionnés et qui ont une forte personnalité. J'apprends aujourd'hui la disparition de Neculae Neacsu, l'âme du Taraf de Haidouks... un artiste illuminé, inspiré, qui a su avec son compère Ion Manole transmettre l'incroyable histoire des lautaris de Clejani en Roumanie, et dynamiser ce taraf aujourd'hui unique dans ses interprétations.

Avec Nathalie Tiberghien, nous les avions invités en juin dernier à l'Auditorium et tous ceux qui ont vécu ce moment se souviennent évidemment de ces musiciens virevoltants qui ont prolongé la soirée tard dans la nuit avec leurs improvisations. Dans ces moments, on a l'impression de partager des instants uniques, et quand on est musicien, ce sont des enseignements essentiels. Pour l'avoir vécu et ressenti si souvent, j'ai envie, dans mon aventure lyonnaise, de multiplier ces moments et de les faire partager aux amoureux de ces musiques. Mon envie est donc de saisir toutes les occasions pour favoriser les rencontres « essentielles » avec des artistes de passage.

Au cours de la saison passée, notre partenariat avec l'Auditorium a permis de créer une dynamique intéressante. Le violon a été privilégié avec les merveilleux instrumentistes hongrois invités à l'occasion de l'Année de la Hongrie (Csaba Ökrös, Antal Szalai, Szascsavas), Kevin Glackin l'Irlandais du Donegal, les violons de l'Orquesta Aragon (Cuba), et les virtuoses du taraf de Haidouks.

Cette première année à Lyon était pour moi une période très intéressante, car j'ai rencontré un grand nombre d'acteurs et de passionnés des musiques du monde qui vivent ici et ont des projets passionnants. Vous vous en faites l'écho et cela me donne envie bien-sûr de contribuer à l'élaboration d'un grand projet à la dimension des demandes et des attentes que l'on perçoit ici. Tu abordes une deuxième année d'activités en tant que responsable du département «Musiques du Monde» au CNR de Lyon. Quelles sont les actions envisagées cette année, et pour quels objectifs ?

Le CNR, c'est un immense vaisseau bourré de talents dans divers domaines. C'est un lieu de formation très pointu bien sûr, mais c'est aussi un lieu de recherche et de remise en question permanente avec une équipe de réëexion et d'action rassemblant les divers responsables de département autour de René Clément, Robert Llorca et Jean-François Pacot. Les musiques du monde, c'était une dimension nouvelle pour l'établissement, et j'ai eu des débats de grande qualité qui nous permettent aujourd'hui de mettre en place des programmes originaux dans lesquels l'apport des musiques du monde devient une source importante.

Un grand nombre de communautés sont présentes sur Lyon et son agglomération, et les traditions musicales restent souvent un point de repère, de ralliement qui trouve son expression dans tous les moments intimes, sacrés et les occasions de fête. Je suis persuadé que nous devons révéler, aider et encourager cette richesse qui est autour de nous. Ceci va encore demander du temps, mais nous avons la volonté de trouver des bonnes solutions pour que la transmission se poursuive et que l'invention et la création soient encouragées.

Dans les projets concrets du CNR, qui cette année vont associer un grand nombre d'élèves, nous allons nous appuyer sur l'énorme potentiel des instrumentistes à vent sous la conduite de Didier Raymond (clarinette), Éric Planté (trompette) et Yvelise Girard (trombone) et du nouveau département de percussions qui s'organise aujourd'hui avec l'arrivée de Jean-Luc Rimey Meille. Nous travaillons sur le répertoire développé par « La Banda » l'Harmonie de Santiago de Cuba. Un répertoire essentiellement traditionnel de son, danzón, habaneras, chansons de la trova arrangé pour ensemble de bois, cuivres et percussions depuis le début du siècle.

Un magnifique répertoire oral, arrangé pour une palette sonore très riche et qui laisse une part intéressante aux improvisateurs. Un répertoire chaleureux qui donne envie de chanter, de bouger...et donc pour nous l'occasion d'utiliser aussi ces richesses dans les cours de formation musicale. Nous allons travailler ces différents thèmes avec le projet bien sûr d'accueillir une partie de La Banda au mois de juin, pour une série d'événements que nous essayons de mettre en place... et dont nous reparlerons très bientôt ! Les communautés latino-américaines sont très représentées à Lyon. Avez-vous d'autres projets avec ces musiques ?

Oui, bien sûr, c'est un monde musical d'une telle richesse et d'une telle expression ! Nous allons aborder la tradition du tango argentin... une fantastique planète musicale. Juan Cedron, qui nous a longtemps enchanté avec le fameux Quarteto Cedron et plus récemment avec La Tipíca, un magniÜque ensemble constitué à l'image et dans l'esprit des grandes formations qui animaient les bals populaires dans l'Argentine des années 40-50, sera notre invité tout au long de cette année pour travailler avec le département des cordes dirigé par Roger Germser et la classe d'accordéon de Patricia Hivert.

Nous allons travailler un beau répertoire de tango que nous présenterons le 14 et le 16 avril à 12 h 30 à l'Amphithéâtre de l'Opéra. Travailler ce répertoire avec les conseils avisés de Juan Cedron, c'est pour nous un beau cadeau, un vrai bonheur et bien sûr un privilège. Les Lyonnais aiment le tango et l'importante activité de l'association Tango de Soie le rappelle régulièrement. Avec Terra Latina , la Biennale de la Danse vient d'éveiller de belle manière la sensibilité latine. Nos projets sont au cœur d'une belle dynamique. Ces actions sont destinées aux élèves et professeurs du CNR bien sûr, mais également aux élèves de l'ENM de Villeurbanne, aux membres d'ensembles musicaux constitués. Sont-elles accessibles à un public plus large ?

Déjà à l'intérieur du CNR, cette transversalité est intéressante et c'est bien sûr un plaisir de partager tout ceci avec l'ENM de Villeurbanne et dans la mesure du possible avec toutes les personnes intéressées. Nous préparons une séance consacrée à l'improvisation qui se déroulera le mardi 13 novembre au CNR avec le fabuleux violoniste indien Subramaniam. Cette rencontre nous permettra aussi d'accueillir des violonistes et des improvisateurs du CNSM, de l'ENM et tous ceux que cette question passionne. Cet événement est préparé en concertation avec Guy Lefèvre et le Théâtre du Luminier de Chassieu, qui a eu la bonne idée d'inviter Subramaniam pour un concert exceptionnel le mercredi 14 novembre. Le 27 janvier, nous accueillerons au CNR et à la Salle Rameau Mantsieme, un ensemble traditionnel Teke du Congo. Cet ensemble composé avec cinq pointes d'ivoire (défenses d'éléphant), trois tambours, une calebasse, une cloche à deux battants qui accompagne la danse, le griot et des chœurs, représente l'un des ëeurons musical de la musique de la cour royale du royaume Téké.

Le mercredi 11 décembre, nous accueillons le compositeur brésilien Aldo Brizzi avec sa création « Tout Monde - le sacré dans la musique » préparée avec l'aide du Réseau des Villes en collaboration avec Benoît Thiebergien, dans le cadre de la 14e édition « Musiques Nomades » du Festival les 38e Rugissants à Grenoble (27/11 au 7/12/02). Une belle palette de musiciens va être réunie pour l'occasion avec le Trio d'Argent, Terra em Transe (trio de percussionnistes brésiliens), Neela Baghvat, (chanteuse d'Inde du Nord), Wimme Saari (chanteur Ünlandais). Aldo Brizzi propose un travail sur tout ce qui est sacré pour les shamans du monde : sons, incantations, transmigration d'énergies, hypnose sonore... Il recherche les techniques musicales qui mènent à l'état de transe dans les différentes cultures (Inde, Amérique du sud, Europe du Nord, Asie...), pour les retravailler dans un langage musical contemporain. En travaillant sur les rythmes, la vitesse, les instrumentations (percussions, voix, cordes, électroacoustique...), il met en place un programme musical qui reproduit le cheminement de l'accession à la transe, avec différentes phases de tension pour aboutir à une expérience sensorielle intense.

Pour le projet avec Juan Cedron , nous avons déjà des chanteuses et des chanteurs qui nous ont fait part de leur envie de nous rejoindre dans ce travail. Avec la Banda de Santiago de Cuba, c'est un projet encore plus important qui se met en place avec l'aide de la Drac et de l'Agence Musique et Danse. Nous prévoyons de réaliser un travail en commun avec des harmonies de la région. Ainsi lors de la venue des musiciens de La Banda ici nous aurons, je pense, plusieurs centaines de musiciens... de quoi faire un bel événement tout de même ! Les opérations que tu proposes sont fondées sur le principe de la rencontre musicale. La rencontre est un exercice passionnant mais difficile, quels sont les principes auxquels tu tiens dans cette démarche ?

J'attache beaucoup d'importance au bonheur de la rencontre, j'aime privilégier l'échange... ce n'est pas toujours facile, mais la générosité et la chaleur de ces musiques vont nous aider à faire quelque chose de bien je pense.

Toutes les occasions sont bonnes, et je m'intéresse beaucoup aux documents filmés sur les musiques du monde. Je suis heureux de collaborer avec Pascale Bazin de Musiques à l'Ouest et avec le Trad' des Rads pour la première édition du festival D'Aïci D'Aïlaï qui invite cette année Claude Sicre, Meï Teï Shô et bien d'autres. Guy Bertrand, tu voyages beaucoup dans le monde, et depuis longtemps, à la découverte des musiques et des musiciens, quel est ton sentiment sur Lyon et sur les Lyonnais après un an de découverte de la ville, par rapport à d'autres villes et pays ?

Comme je l'ai évoqué tout à l'heure, je sens ici un potentiel énorme qui gagne à être connu. Je suis donc enchanté d'être ici pour participer à cette superbe dynamique qui nous donnera, je l'espère, de belles rencontres et des bonheurs toujours aussi enthousiasmants. Propos recueillis par J.B. Contact

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