Danse d'expression africaine dans le cadre de Jazz Action Valence
Entretien avec Stéphane Koulbanis.
CMTRA : Que signifie le terme "danse d'expression africaine" ?
Stéphane Koulbanis : C'est un terme utilisé au départ par Elsa Wolliaston, la grande dame de la danse africaine, celle qui a amené la danse africaine en France dans les années 70. Au fur et à mesure de son parcours, elle a voulu "défolkloriser" la danse africaine, elle y a apporté d'autres influences et a joué la carte de l'ouverture. En tant qu'européen et danseur de la compagnie Elsa Wolliaston pendant des années, je trouvais cela pertinent et judicieux d'employer cette expression. Je trouve ça honnête de dire que j'enseigne la danse d'expression africaine, dans la mesure où il existe une infinité de danses en Afrique. Dans mes cours, j'enseigne des danses issues de la tradition du Burkina Faso, du Mali, du Bénin, et également des danses afro-cubaines en y ajoutant ma touche personnelle.
En quoi va consister votre enseignement à Jazz Action Valence ?
C'est une initiation qui part des pas de base très simples, presque une initiation à la rythmique. Je commence toujours par la base rythmique des pieds, le poids du corps dans le sol, la coordination simple avec les bras, des mouvements légers de la colonne vertébrale. Peu à peu je développe des danses plus complexes et des chorégraphies plus élaborées, tout au long de l'année.
L'objectif est une présentation soit en cours d'année soit en fin d'année, du travail des élèves, en collaboration avec l'atelier de Nasser Saïdani.
Je n'ai pas de cours-type, c'est en fonction des gens, mais d'une manière générale, je danse beaucoup avec les gens (quand ça ne marche pas j'explique mais je privilégie toujours le corps à la parole), l'idée est d'installer une tourne musicale sur la durée et de danser ensemble dessus. Je n'aime pas trop couper la musique, une danse peut durer une heure quand il y a une bonne dynamique et une bonne énergie (à un niveau avancé).
J'explique plutôt anatomiquement et au niveau de la circulation de l'énergie, mais quand les gestes sont à peu près en place, le but est que les gens soient dans le rythme et dansent à leur niveau en se faisant plaisir. Dans les cours (à la différence des stages ) je n'insiste pas autant sur la perfection des gestes, je laisse les gens communiquer avec les tambours, c'est ce que je préfère et les gens aussi.
A qui s'adresse cet enseignement ?
A tout le monde, y compris les débutants. J'évite de faire des groupes de niveaux, j'essaie de créer une osmose, une dynamique entre les gens, quel que soit leur niveau. J'y tiens énormément.
Comment avez-vous découvert la danse africaine ?
J'ai débuté en 1985 à Genève avec Paco Ye, un danseur et musicien d'exception, aujourd'hui décédé et qui reste quelqu'un de très important pour moi. Puis je suis partie vivre à Paris afin de suivre l'enseignement de deux autres grands maîtres de danse, à savoir Elsa Wolliaston et Koffi Koko, ainsi que Pierre Doussaint pour la danse contemporaine. Ado, j'avais très envie de danser. J'ai eu une révélation lors d'un voyage avec des copains. Je suis resté trois semaines dans un village en Casamance, et j'ai eu un déclic pour la musique, les gens... En revenant j'étais transformé, et après ça s'est enchaîné. Je suis allé voir le cours de Paco Ye, et j'ai su que c'était ce que je voulais faire. J'ai commencé les cours, il y a eu une grande amitié avec Paco, je suis allé chez lui au Burkina, etc. En 2005, cela fera 20 ans.
Comment se passe l'apprentissage des danses en Afrique ?
Je dirai qu'en général il y a un manque de pédagogie, il n'y a pas vraiment d'organisation de l'enseignement comme chez nous. Quand on a de bonnes bases, on peut apprendre sur le tas, mais débuter dans ces conditions me paraît compliqué. Depuis quelques années des écoles se montent, mais je n'ai pas eu l'occasion de m'y rendre.
Qu'est-ce que ça fait d'être un blanc qui enseigne la danse africaine ?
Ça dépend des situations. Personnellement je ne me pose plus la question, notamment parce que je n'ai pas la prétention d'enseigner “la” danse africaine, mon enseignement est spécialisé. Je n'enseigne pas ce que je ne connais pas à fond. Par rapport aux africains, il y a une reconnaissance du fait que j'ai assuré une relève de Paco Ye qui était très connu là -bas. A côté de ça, dès que j'en ai la possibilité je continue à suivre des stages et des cours où là je me fais discret. Il y a toujours une remise en question, c'est nécessaire.
Quels sont vos projets ?
J'espère finaliser un solo cette année. Parallèlement, je monte le "centre de danse et de musique Paco Ye Adama - Stéphane Koulbanis", c'est un lieu situé à 3 kilomètres de Bobo-Dioulasso (Burkina Faso), en pleine campagne. Ce centre sera aussi ouvert à d'autres formes d'art, il accueillera des résidences, des créations, des stages. Je mettrai ce lieu à disposition d'artistes. J'y organise un stage en février, pendant les vacances scolaires de la zone A (du 14 au 24 février 2005). J'espère que ce centre fonctionnera le mieux possible tout au long de l'année.
Propos recueillis par P.D.J
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