Lardons et p'tit salé
CMTRA : Dominique Sallé, tu es vielleux depuis longtemps déjà , et tu viens de mettre sur pied un groupe qui s'appelle “Lardons et p'tit salé”. Comment un joueur de vielle en arrive-t-il à la gastronomie ?
Dominique Sallé : J'ai appris la vielle en 1968, et j'y suis venu parce que chez moi, au fond d'un placard, il y avait une vielle qui ne jouait pas. Je savais qu'elle existait, et un jour, il y a eu un déclic, je me suis dit qu'il était impensable qu'elle reste enfermée. Je me suis mis dans la tête de la faire jouer. Elle était en très bon état, et j'ai eu envie d'entendre le son de cette Pajot (père et fils)de 1851.
Pour apprendre à jouer, le folk des années 70 n'était pas encore passé par là , une seule solution : les groupes folkloriques, les « mainteneurs », comme on les appelait à l'époque. Habitant Nevers, je me suis tourné vers le groupe folklorique de Nevers, dirigé par François Lancery, lui-même vielleux, et c'est tout simplement lui qui m'a fait débuter, et qui m'a appris. Il m'a transmis son style très académique, très conventionnel, comme ça se faisait à cette époque. Par la suite j'ai côtoyé André Dubois, très grand vielleux sancerrois, car mon père était originaire de Savigny-en-Sancerre, tout près de Chavignol.
Comment ça se passe pour toi, le voyage de Nevers à Lyon ? Et joues-tu encore sur ton premier instrument ?
Je suis venu à Lyon en 1969 mais sans beaucoup jouer au début. Puis, la période folk est arrivée, avec plein d'occasions, notamment à la Chanterelle, et dans des bals, à Ménival, à l'INSA, au CCO, et j'ai rencontré d'autres musiciens. Ça m'a ouvert d'autres horizons, avec d'autres styles de jeu, j'ai fait la connaissance des accordéons diatoniques, et de nouveaux répertoires.
Mon instrument de l'époque ayant beaucoup vécu, avait souffert des aléas de différentes animations et fêtes, et l'année dernière, je l'ai fait restaurer. Cette vielle est maintenant dans son état d'origine, elle est très belle, mais ne sort presque plus de chez moi.
Depuis l'époque du folk, pas mal d'eau a coulé sous les vielles, et tu as vécu de nombreuses expériences musicales.
J'ai joué avec des groupes comme “Prévenchères”, “Bistanclaque”, et bien d'autres... Aujourd'hui, grâce au “Bec à sons” de Couzon, j'ai fait la connaissance de deux jeunes cornemuseux. Nous avons un certain décalage de générations, mais nous partageons la même passion des répertoires du Centre, et comme j'avais envie de ça depuis un moment, on a décidé de faire un bout de route ensemble sous le nom de “Lardons et Petit Salé”, musique gastronomique. Je leur ai dit que j'aimais chanter avec la vielle, et nous proposons un répertoire de mélodies traditionnelles du centre et de chansons, à boire, à écouter et à partager. Donc, en compagnie de Boris Riou et de Raphaël Jeannin, je baigne dans une atmosphère musicale dynamique. Nous intervenons dans deux contextes, les bals traditionnels et les animations de fêtes locales, de soirées, fêtes du vin, de la vigne, foires gourmandes, tout ce qui a un rapport avec le manger et le boire.
Quand on joue en trio, avec deux musettes et une vielle, ça ouvre des possibilités musicales ! Ça nous permet d'aborder les arrangements polyphoniques, univers que j'apprécie beaucoup.
Si on met en réserve les lardons, ce qui est la moindre des choses pour une bonne sauce, tu interviens dans d'autres groupes ?
Oui, je joue avec Aliette Barthélemy à l'accordéon chromatique sous le nom d'Aliette et Petit salé. Ensemble, on pratique le répertoire de chanson française, les grands classiques populaires, Bruant, Piaf, jusqu'à Jo Dassin, toutes ces mélodies qui sont dans la mémoire du public qui a plaisir à réentendre et à chanter avec nous.
Avec Ric Bonte et Bernard Meillon, mes vieux camarades de musique, nous avons mis sur pied un groupe de musique médiévale et Renaissance, “la Troubaderie des Monts d'Or”. C'est de la musique ancienne, des mélodies magnifiques que Ric nous a choisies dans ce répertoire qui a beaucoup de points communs avec les musiques traditionnelles.
Quelles vielles utilises-tu pour ces répertoires variés ?
J'utilise plusieurs vielles, une Kerboeuf en Ré-Sol et une Boudet en Sol-Do. Et là , je viens d'avoir enfin une vielle alto de Mousnier, livrée bien sûr à Saint-Chartier, avec cinq ans d'attente avant la livraison. Elle est équipée de capodastres sur tous les bourdons, et je peux enfin jouer dans toutes les tonalités, le rêve du vielleux chanteur. Je peux jouer avec tout le monde, et retrouver le sourire pour jouer en mineur avec les accordéons diatoniques.
J'aime chanter avec la vielle. Très peu de chanteurs s'accompagnent à la vielle. Pourtant, c'est très beau, l'univers modal, les bourdons derrière la voix. Piaf à la vielle, c'est à pleurer. Et j'aime la chanson, chanter, c'est communiquer directement avec la sensibilité du public, et pour peu qu'on choisisse des répertoires participatifs, c'est encore plus d'émotion et de joie partagées.
Propos recueillis par J.B.
Retrouvez Dominique Sallé dans les lettres [n°29->article968] et [n°51->article330]
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9 octobre, Bal du derviche valseur, salle Joseph Remuet 69400 Gleizé
Rens. 04 74 68 14 68
20 novembre, Grand bal d'automne du Bec à sons, Couzon au Mt d'Or (69)
Rens. 04 78 22 76 07