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Cornes de muses et manies vielles
Entretien avec Marc Bernad, membre de la nouvelle fanfare pastorale « Cornes de muses et manies vielles. »

CMTRA : Vous faites partie de la (toute) nouvelle fanfare pastorale “Cornes de Muses et Manies Vielles” qui s’est constituée dans le sud de la région. Quelles sont les origines de ce nouveau projet artistique ?

Une commande ou presque ! L’idée initiale a émergé lors d’une discussion entre Gilles Rhodes de la Cie Transe Express qui avait la responsabilité artistique des Fêtes Caprines du Val de Drôme et moi-même. Je lui ai suggéré que pour l’animation musicale d’une fête de cette nature, une troupe de cornemuses serait idéale compte tenu de l’imaginaire qu’on associe entre cet instrument et le monde caprin. (cf. la cabrette).

Quelque temps plus tard, alors que j’avais oublié cette idée, il me demandait un budget et un document de présentation pour mon groupe de cornemuses, à destination de l’équipe de programmation des Caprines et à remettre dans les trois jours ! Face à cette urgence et sans trop me poser de question sur la faisabilité, j’ai abouti sur le papier à un ensemble d’instruments traditionnels dont le couple habituel vielle-cornemuse serait l’ossature. J’ai consulté les trois-quatre musiciens avec qui je joue régulièrement et grâce à leur enthousiasme, j’ai préparé budget et dossier. La réponse positive est arrivée le 24 décembre au soir en guise de cadeau de Noël !

Le répertoire que nous jouons est celui généralement privilégié sur nos instruments : celui des musiques traditionnelles et il est généraliste. Il comporte aussi quelques pièces médiévalorenaissance. Car cet ensemble s’est constitué non pas pour exprimer le répertoire d’une région déterminée mais pour générer une atmosphère musicale propre à produire un effet surprenant dans l’imaginaire d’un public « M. et Mme Tout le Monde ». C’est la force du son et de l’aspect visuel produit par cette assemblée d’instruments qui est important.

Du côté des instruments, outre le couple vielle/cornemuse, on retrouve des instruments moins connus dans notre région tels que le galoubet tambourin ou le hautbois (type languedocien).

Le choix des instruments a été déterminé par leurs matériaux constitutifs : le bois, le cuir, la corne, les peaux, le roseau. Toutes matières naturelles et rustiques. Ensuite pour rester dans ce rapport à la nature, on s’est amusé à sélectionner uniquement des morceaux de musiques nommés: « Aï vist lo loup, l’aïgo de rotzo, le branle du rat, des chevaux, la bourrée papillon, A la Montanha… Mais ça il n’y a guère que nous qui le savons ! Le travail musical s’est porté sur des effets de masse, de son (les vielles en staccato !), de jeux de questions réponses, de surprises musicales avec des associations et enchaînements de mélodies par pupitres, en tutti… Cela dit, il y a une identité musicale globalement issue des pays d’oc et qui devrait se renforcer avec de nouveaux morceaux venus du sud et de nos répertoires respectifs… Mais attention toujours à condition d’être dans le sujet !

Vous avez privilégié les thèmes ayant rapport à la nature, l’animalité... Pourquoi ce choix ?

C’est en quelque sorte le cahier des charges de l’Ensemble puisque sa création s’est faite pour une manifestation à caractère rural. Il était important et logique que tous les chapitres de cette histoire soient en cohérence et dans un même univers.

C’est ainsi que les musiciens sont vêtus de feutre, de laine, de cuir, de drap, de fourrure et de plumes pour évoquer des personnages aux allures de bergers ou de sorciers, de cheminots, de colporteurs ou de bandits de grands chemins.Il y a donc un concept global que le vocable « fanfare pastorale » qualifie assez bien en raccourci, il me semble.

Dans quel type de manifestation souhaitez-vous proposer ce projet au public ?

Toutes manifestations grand public mais en souhaitant participer plutôt à des manifestations ayant des particularités soit de lieux (patrimoniaux, cadres naturels), soit de sujet (de la fête des vendanges au sommet des alter mondialistes !) soit de programmation (festival de fanfares ?)

Je crois qu’on n’ira pas jouer au milieu des sonos des manèges d’une fête foraine…

« Cornes de Muses et Manies Vielles » est pour l’instant un groupe préparé pour de l’animation festive. Mais il me plairait assez qu’il ne se destine pas exclusivement à ce type d’intervention. Il y a une force tellurique dans cet orchestre qui pourrait « déchirer grave » avec un répertoire de scène…

C’est la Cie de l’Aloète qui gère ce projet. Pouvez-vous nous parler de son projet artistique ?

À l’origine de la Compagnie, il y a Louis Soret et moi-même qui sommes musiciens et plus généralement artistes du spectacle avec pour spécificité les cultures traditionnelles au sens large.

De ce fait, les créations ont toujours été conçues autour de ce sujet associé au monde médiéval avec qui la filiation est évidente. N’étant pas seulement musiciens mais littérateurs, comédiens, chanteurs, toutes les réalisations ont toujours été faites avec la préoccupation de travailler à divers degrés : textes, musiques, décors, costumes… De « La ballade de Jehan de l’ours » (1989) à la Fanfare Pastorale, (2008) il y a une continuité d’identité de nos spectacles.

La Cie de l’Aloète, comme ce projet, entretient un rapport évident entre musiques médiévales, renaissance et musiques traditionnelles en assumant pleinement leur filiation et en les “mêlant.”

Lorsque l’on se penche sur ces répertoires, on s’aperçoit vite qu’ils sont liés par descendance. L’exemple le plus célèbre est celui du Dies Irae grégorien qui se retrouve note à note dans une des versions de « J’ai vu le loup, le renard, le lièvre ». La quinte estampie (XIVe siècle) est dans son mouvement une bourrée à 3 temps…

Tous les pas des danses anciennes (on ne les connaît qu’à partir de la Renaissance) se retrouvent dans les danses traditionnelles et sont également passés dans le vocabulaire de la danse classique où il y a le pas de bourrée par exemple.

Les instruments des musiques traditionnelles sont les mêmes que ceux des musiques anciennes à quelques différences près d’aspect ou de style de jeu. Le Luth renaissance est le fils du Oud oriental comme exemple le plus évident.


Propos recueillis par Jean-Sébastien Esnault



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