Entretien avec Camille P. du très prometteur Quintet à
Claques.
CMTRA : Comment le groupe a vu le
jour ?
J’avais rencontré Cécile dans un stage
d’impro avec Mustradem, le collectif
grenoblois. Suite à ça on a monté un
trio avec un guitariste, Anthony, qui
habitait dans mon village. On se
connaissait de l’école de musique, des
stages de Jazz. C’est né d’un premier
trio qui après s’est étoffé avec la venue
de Colin au violoncelle et Valère, mon
frère comme deuxième violon.
La formation à cinq existe depuis
combien de temps ?
Depuis deux ans. En fait la version à
trois n’a jamais fait de concert. Notre
première prestation, c’était déjà en
quintet à Gennetines, il y a deux ans.
Des cordes et une trompette, aucun
instrument typiquement trad… c’est
avec cette instrumentation originale
que nous nous sommes depuis produit
à travers la France et au-delà (Italie,
Belgique…).
J’ai pu voir sur votre site que vous
aviez tous plus ou moins suivi une
formation classique. Comment en
êtes-vous arrivés aux musiques traditionnelles
?
Ca dépend des cas. Mon frère et moi
on est dedans depuis toujours par nos
parents, notre contexte familial. On va
dans des bals depuis tout petit. Les
frères et soeurs Delzant, c’est un peu
plus tardif. Mais c’est pareil, c’est avec
l’ambiance familiale, c’est venu naturellement.
Anthony par contre, c’est
nous qui l’avons amené à ça car à la
base, il a une formation de jazzman.
Ce qui est intéressant, c’est qu’il faisait
aussi des bals avec sa famille, des bals
musette avec valses, tangos, pasos...
Donc on avait tous un lien avec la
danse.
Le quintet est avant tout un groupe
de bal, non ?
Oui, c’est franchement axé danse. On
essaye de concevoir une musique
fraîche, dynamique, qui soit vraiment
dansante et dansable, tout en veillant à
enrichir au maximum les arrangements,
à varier les structures, les couleurs…
L’intérêt des bals par rapport
aux concerts, c’est qu’il y a une réelle
interaction avec le public. Il y a des
échanges, de la spontanéité…
Votre répertoire est principalement
basé sur tes compositions...
Au départ le répertoire s’est monté sur
des compos à moi, puis Colin s’y est
mis aussi, il y a un an. Il a déjà amené
plusieurs morceaux. Récemment, ce
sont Cécile et Anthony qui ont apporté
des thèmes. Le but, c’est que tout le
monde puisse apporter des compos, et
ainsi varier les styles... Après, certaines
sont plus ou moins abouties.
Parfois j’écris des arrangements qui
n’ont quasiment plus qu’à être joués et
adaptés au niveau de la structure ou
d’un passage en particulier. Dans
d’autres cas, on travaille tout
ensemble. Un autre aspect de la
démarche du groupe est de remettre au
goût du jour le répertoire et les danses
de la Bresse. Nous avons déjà enregistré
le « Branle des Vieux du Revermont
» sur notre premier maxi, et sur
notre prochain album figurera « le
Branle Carré », dont la chorégraphie
mériterait d’être généralisée en bal…
Votre actualité de l’été est assez
chargée puisque vous avez trois
concerts importants et la sortie de
l’album à la rentrée. Comment
gérez-vous cette période ?
C’est assez compliqué. Toute la difficulté
de ce groupe, c’est qu’on est très
jeune, ça peut être un atout dans certains
cas, mais cela implique également
des contraintes que d’autres
n’ont pas. Cette année il y a encore
trois lycéens qui passent le Bac, donc
pour préparer un disque c’est compliqué
de se caler deux semaines et de
faire ça non-stop. On a toujours fonctionné
comme ça, on répète trois fois
par an, pendant les vacances, et on se
voit assez rarement en plus des bals.
En plus de ça, on est éloigné géographiquement.
J’ai vu que vous aviez fait un appel
à propositions pour le nom de
l’album, il y a eu pas mal de
retours !
Oui les gens ont bien participé ! On n’a
pas encore fait un choix définitif. On
change d’avis toutes les semaines…
En même temps il faudrait qu’on se
décide assez rapidement puisque le
nom influencera le visuel de la
pochette. On a également fait un appel
à souscription pour l’album.
Quelles sont vos principales
influences ?
On a été très marqué par toute la
musique issue du collectif Mustradem,
même si on se sent différent. Je pense
que les gens sentent un certain lien,
une filiation. Au-delà, on s’inspire de
tout ce qui swingue, sonne, groove…
que ce soit de la funk, du baroque, du
reggae, des fanfares de l’Est, de l’électro,
de la variét’, du manouch, ou du
violon du Poitou !
Propos recueillis par Camille Estevez