"Dédale Alive Face A/FaceB"
"Finalement, on joue mieux en public qu'en studio !"

Entretien avec Norbert Pignol Norbert Pignol : Dédale Alive Face A/Face B, c'est un concept sur deux volumes, parce qu'on n'a pas souhaité faire un double CD, pour des questions de prix de vente. Un album double, d'après nous, ça se vend trop cher. On a préféré faire deux albums, un qui sera plus orienté sur le concert, c'est l'album Face B, qui va sortir prochainement, et un qui a été dédié au bal, c'est Face A, déjà sorti.

Pourquoi Face A & Face B, par nostalgie de nos disques vinyle, une idée de Christophe que j'ai trouvée vraiment sympathique. Pourquoi deux volumes ? parce qu'on n'a pas réussi à se mettre d'accord sur le nombre de morceaux. C'est censé être une compilation récapitulative de toute l'histoire du groupe sur les dix ans qui viennent de se passer, et on ne pouvait pas se contenter de faire un disque de dix titres, c'était insuffisant pour raconter l'histoire du groupe, on n'a pas réussi à trancher sur ce qu'on allait mettre ou pas. On a décidé de mettre tout. C'est donc pratiquement l'intégrale qui sera sur ces deux volumes, qui sont des disques longs, une heure ou plus chacun. Nous avons fait un très gros effort sur la pochette, par rapport aux disques précédents. On a fait appel d'une part à Daniel Cacouault, frère de Pascal Cacouault, et qui nous a fait une aquarelle sur toile comme il sait très bien les faire, et d'autre part à Jean-Marc Khayat, graphiste professionnel de Grenoble. On a complètement sous-traité la pochette, et le résultat est radicalement différent de nos pochettes précédentes, que nous faisions nous-même, et il faut bien l'avouer, ce n'est pas notre métier.

Pour la pochette de Face B, (on essaye de faire un concept sur les deux albums) Daniel nous fait une proposition qui sera dans des coloris différents, ou dans les mêmes couleurs, mais avec un paysage différent, parce qu'on souhaite avoir une unité entre les deux. Pour le son, le choix a été fait dès le début d'enregistrer en numérique, avec Pascal Cacouault. Face A rassemble des prises faites essentiellement dans les Nuits du Folk, ces quatre dernières années, parce que ce projet ne date pas d'aujourd'hui, la décision de faire un live a été prise en 1992, et depuis cette année là, nous faisons des enregistrements aux Nuits du Folk. Alors que Face B rassemble uniquement des prises faites à l'ADAEP, sur trois soirées, en janvier 1997.

C'est pour ça que Face B sera plus intime, avec l'ambiance d'une salle plus petite, et peut-être plus chaleureuse, plus orientée sur le concert. Pour Face A, les prises ont été faites au Prisme de Seyssins, et on sent beaucoup plus le son la salle, qui est une grande salle. Ces deux disques sont un petit peu en contraste, un, Face A, orienté rock, bal, grande salle, beaucoup de public, et l'autre, Face B, plutôt petite salle, ambiance de l'ADAEP, avec un autre public. Du coup il sera plus intime dans les mixages et dans les enchaînements, les ambiances. Il y aura quelques plages d'accordage, éventuellement des baratins, des présentations de musiciens. Les musiciens parleront probablement entre les morceaux. On va essayer de faire ça plus live. Bien sûr, ça sera monté, on va couper un peu les blancs, puisque chacun sait que les musiciens traditionnels mettent énormément de temps à s'accorder entre les morceaux, mais il sera beaucoup moins "envoyé", moins dans un rythme de concert, qui est faux, qui ne nous correspond pas, comme on l'a voulu dans Face A, où on désirait quelque chose qui donne l'impression d'une grosse production. Le choix des morceaux, d'un volume à l'autre, s'est fait dans l'idée d'une ambiance bal pour l'un, et d'une ambiance concert pour l'autre. C'est intéressant pour la vente des disques même, les gens qui achètent les disques peuvent mieux choisir ce qui correspond à ce qu'ils viennent de voir en sortie de scène, selon qu'ils viennent de voir un concert ou un bal. Et pour le distributeur, c'est quelque chose d'important, ça lui permet de vendre quelque chose de bien précis dans le milieu des musiques traditionnelles, puisque c'est dans ce milieu qu'on distingue vraiment la soirée dansante de la soirée concertante. Cette distinction existe beaucoup moins dans les milieux rock ou jazz. Le titre, Alive, est également une idée de Daniel Cacouault. Il nous a proposé ce titre dans une période ou nous avons tourné en Grande-Bretagne de manière intense, pendant trois ans. Un titre anglais correspond bien à ça, comme le titre de l'album précédent, No Past. Dans Face A, on avait mis un inédit, un morceau traditionnel, une suite d'andro, et dans Face B il y aussi un inédit, Alive, le titre du disque, une bourrée à trois temps, a priori une musique à danser, et c'est une version très jeune, puisque quand on l'a enregistré, on venait juste de le monter.

Pour le son, on essaye au maximum de garder l'aspect vivant, avec le moins possible de retouches sur les prises. Il y a du montage, tous les morceaux ne sont pas tirés de la même soirée, on a fait une sélection. Tout ce qui est improvisation, chorus, est absolument live, on a gardé intégralement toutes les prises d'origine. Sur les thèmes, on a repris quelques petites choses, mais à la sortie on est quand même contents de s'apercevoir que, finalement, on joue mieux en public qu'en studio !!! Même si certaines prises datent un peu, de 1993 par exemple sur Face A, et pour Face B, de début 1997, alors qu'on a fait pas mal de concerts depuis, on s'aperçoit qu'elles nous correspondent beaucoup plus que ce qu'on a pu faire entre quatre murs dans les albums précédents. C'est le cas pour tous les musiciens, quand il y a un public devant, ça pousse, et on joue différemment. Donc, au niveau du son, on a essayé de rendre cette ambiance, ainsi que pour les mixages, qui sont réalisés de manière assez rapide.

Dans un tel disque, c'est pas le but de passer des heures et des heures à mixer un titre, on risque de l'aseptiser complètement. Pascal nous fait une proposition de mixage, et avec très peu de retouches derrière, on essaie de garder l'aspect vivant, comme si le sonorisateur faisait le mixage en direct pendant le concert. C'est la première fois pour ces albums, qu'on fait un réel travail de mastering, et ça s'entend bien par rapport aux disques précédents. On a beaucoup travaillé sur le montage final, le mastering du disque. D'album en album, il faut essayer de faire mieux. Pour la distribution, depuis quelques mois, tous les disques de Dédale et toutes les productions Mus Tra Dem sont distribuées par "L'Autre Distribution", et la collaboration est extrêmement sympathique. Je crois que l'Autre Distribution est très bien partie dans le milieu, la présence de nombreux groupes à leur catalogue le prouve. On est très contents de bosser avec eux. La production, c'est toujours MusTraDem évidemment, le label grenoblois qui a produit tous les disques studio précédents de Dédale, d'Obsession et d'Aquartet. Pour les musiciens, quasiment pas de changement dans le personnel, seul le bassiste a changé. Dans Face A, il y a des prises avec le bassiste précédent, Olivier Cohu qui est parti pour des raisons professionnelles en Angleterre, alors que dans Face B, c'est le nouveau Dédale, la nouvelle formule, avec le nouveau bassiste, la page est réellement tournée : sortie officielle en mars 1998, disque présent dans les bacs dès avril, et dans tous les festivals cet été. Le prochain disque de Dédale sera en studio, et, étant donné qu'on a rassemblé sur ces deux disques live un petit peu tout l'historique du groupe depuis ces dix ans, il est fort probable que le prochain soit complètement différent, et qu'on fasse quelque chose de tout à fait nouveau, pourquoi pas travailler avec des guests, pourquoi pas embaucher un orchestre à cordes, ou des cuivres, on va essayer de marquer une évolution, le fait qu'une page soit tournée. CD Dédale Alive Face A

Mus Tra Dem DPCD 97015

CD Dédale Alive Face B

Mus Tra Dem DPCD 97016