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Antonio Placer

CMTRA : Antonio Placer, tu vas donner le spectacle Un poco cielo, un poco tierra à Villeurbanne au mois de janvier. Ce titre énigmatique donne-t-il la clef de ta musique ?

Antonio Placer : Le titre du spectacle est "Mi casa sonaba a rayuela, un poco cielo un poco tierra" ( Ma maison sonnait comme marelle, un peu ciel un peu terre). Dans ce titre se cache la clef de cette musique, tu vas comprendre !

Je suis arrivé en France il y a 19 ans, et au début la presse pensait que j'étais argentin, et d'autres andalou, de l'Alantique vers la Méditerranée. Mais je suis un Galicien autodidacte, qui a pris le chemin de Saint-Jacques à l'envers de tout le monde ! Alors cette création m'est venue comme une réponse : "c'est ici, en France, que j'ai découvert véritablement mes racines."

Je dois te dire que lorsque j'étais enfant je n'ai jamais étudié ni la musique traditionnelle de mon petit pays, ni la musique sépharade dont je suis originaire, Mon rapport avec la musique est oral. Cette oralité m'a tout appris. En plus, quelque chose en moi savait que s'il y a une musique populaire extérieure à apprendre et à écouter, il y a aussi une musique qui pousse à l'intérieur de chacun d'entre nous. Et il faut savoir être le scribe qui retranscrit ce qui se passe en lui, qui chante véritablement ses racines.

Poétiquement je traduis tout ça en racontant que ma maison de dedans avait deux fenêtres: une océane, et une autre méditerranéenne. D'un côté l'Atlantique, avec un mouvement d'émigrants de la Galice vers l'Amérique Latine, et de l'autre côté la Méditerranée, avec la musique sépharade et la musique des autres Espagnes... De l'Orient et de l'Occident, cette musique vient de toute part. Voilà pourquoi la référence au jeu de la marelle. CMTRA : Est-ce cette situation de l'exil, qui t'a permis de découvrir les musiques de tes origines ?

A.P. : C'est tout-à-fait évident. Je pense que l'on a toujours besoin de faire un pas de l'autre côté pour comprendre qui l'on est, ou d'où l'on vient. J'ai l'impression que véritablement c'est la France, c'est cette terre-là, qui m'a permis d'accomplir cette vérité. Je suis arrivé rempli de semences, mais c'est cette terre qui m'a ouvert ses bras et son ventre, accueillant ces semences.

Je ne sais pas si on a besoin d'avoir une vision historique de la musique, ou pas. Je crois surtout à la vie : et tout à coup, avec la distance, on commence à mettre en paroles et en musique des choses que l'on a vécues auparavant. Au début, c'est juste de la musique et de la poésie, une sensation : ensuite, écrire et dire. Tout ça, c'est une histoire vitale. La distance nous permet de mettre des mots et des musiques aux choses qu'on a vécues auparavant.

C'est véritablement ici, en Rhône-Alpes concrètement, que j'ai réalisé cela. Je joue avec Carlo Rizzo qui est italien, Renaud Garcia-Fons qui est d'origine espagnole et italienne, et Toninho Ferraguti qui est brésilien ou Jean-François Baez : et nous vivons tous ici, à Grenoble ou à Chambéry. CMTRA : Tu parles beaucoup de métissage ? Est-ce une mode ou un besoin ?

A.P. : Le métissage est "à la mode" depuis la nuit des temps ! Lorsque l'on parle de l'authenticité en musique,je regarde la nature, et je vois que l'authenticité c'est le métissage.

Tu ne peux pas te promener dans tel ou tel paysage sans observer, sans voir que la migration et l'échange sont le radar de la nature. La "pureté", pour moi est un métissage. Je sens que la nature, pour éviter de tomber en décadence, se métisse sans cesse. Mais par rapport aux humains, la nature a plus de patience que nous. Si on prend la région Rhône-Alpes, et que l'on regarde simplement les cent dernières années, on voit des polonais, des italiens, etc et qui ont imprégné fortement cette terre-là.

Et en même temps dans cette marmite, est née une recette, un plat bouillonant, qui nourrit les fils d'aujourd'hui. Traduisant tout ça en musique, on entendrait un son mutant qui aujourd'hui est Rhône-Alpin et qui pourtant, au départ, n'était pas tout-à-fait d'ici ni de là-bas. Aujourd'hui le bal-musette est une musique française par excellence, mais si on regarde cent ans en arrière... Ce qui m'a beaucoup ouvert les yeux sur la "pureté", c'est que j'ai travaillé très souvent au Brésil. Là-bas, j'ai compris la force du métissage.

Au Brésil, que tu te promènes dans la forêt en Amazonie, ou dans les villes immenses, le métissage est présent partout. Et dans ce métissage, la musique est présente tout le temps. On dit que les brésiliens naissent avec le foot, la balle collée au pied, mais non, les brésiliens naissent avec la musique ! Elle est aussi importante que l'air qu'on respire. La région Rhône-Alpes, au niveau de la quantité des musiciens et artistes autochtones ou venus d'ailleurs, qui cohabitent, est un petit Brésil ! Quand tu vois la qualité et la vérité qui sortent de ces croisements entre les différentes personnes, je me demande : est-ce que cette terre, ce n'est pas un aimant, qui nous a attiré tous, et que peu à peu,à travers nos rapports humains, on commence à entendre les accords d'une nouvelle vie ? Et naturellement, ce qui m'intéresse, ce sont les rapports humains, l'amour que l'on va échanger en chantant ou en jouant de la cornemuse, ou tout autre instrument. Et on va ressentir des tas de couleurs d'arc en ciel, qui vont sortir de chacun d'entre nous. En s'unissant, ils vont former des arcs en ciel musicaux. CMTRA : Ce spectacle est-il uniquement constitué d'arrangements autour de tes chansons ?

A.P. : Non, c'est une création que j'ai écrite de A à Z. J'ai invité Carlo, Renaud, Toninho et Jean-François parce que d'une certaine manière, nos histoires sont semblables. C'est le rapport que nous avons tous les quatre avec la Méditerranée, tous originaires de façon plus ou moins lointaine de l'Italie : la famille de ma mère est originaire de Naples. Ils sont rentrés en Espagne à la fin du XVIIIe siècle, avant de remonter en Galice. J'aime reprendre dans mes musiques le voyage sans cesse entre la mer intérieure, la Méditerranée, et la mer-Océan extérieure, celle du mystère, l'Atlantique. Contact scène :

Christine Prato, Anna Colombo,

Musiques Créatives du Sud

Tél. : 04 76 70 42 48


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