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Musyriade
"Saveurs Latines"

Quatuor composé de Bruno-Michel Abati (guitare), Sylvie Candy (flûte), Antonio Cozar (percussion) et de Renaud Duret (contrebasse), Musyriade entend associer et explorer musiques de chambre et musiques du monde.

Formation exclusivement instrumentale fondée en 1991 par Bruno-Michel, Musyriade sort son 1er CD Saveurs Latines, une expérience originale autour de l'émotion que suscite la rencontre entre les musiques populaires d'Amérique Latine et les musiques classiques contemporaines.
Entretien avec le capverdo-sénégalo-martiniquais Bruno-Michel Abati, arrangeur et compositeur de Musyriade G.R. : Le projet initial de Musyriade était de mêler musiques de chambre et musiques du monde ?

Bruno-Michel Abati : C'est une véritable alliance entre les musiques traditionnelles et les musiques de chambre. Pour être sincère, une partie de la musique classique est fondée sur ce principe là. Musyriade s'intéresse aux musiques traditionnelles, aux diverses sources musicales populaires. Lorsqu'on prend Bach par exemple, ses suites sont issues de suites de danses populaires. Plus récemment Bartok s'est penché sur la musique hongroise, Brouwer sur la musique cubaine.

D'ailleurs, nous jouons du Brouwer. Les compositeurs ont toujours le sens de ce qui vient des origines mêmes de leur pays ou de leur culture et exploitent ainsi cette essence dans un but compositionnel propre à la musique savante.

En tant qu'arrangeur et compositeur, mon souci est de réussir à exploiter au maximum une oeuvre de musique populaire, d'en garder sa substantiÞque mlle et d'essayer de travailler l'écriture tel que le ferai un compositeur classique contemporain. Le jeu est de faire en sorte que ces musiques gardent la verve et la jeunesse des musiques traditionnelles. G.R. : Ce mariage a-t-il nécessité de lourdes concessions ?

B.-M. A. : Des concessions... Oui, forcément. Mais, dès que l'on à faire à un travail de création, il y a toujours un moment de concession. Est-ce qu'elles ont été faites à l'insu des musiques traditionnelles ou à l'insu des musiques dites classiques ? C'est, en fait, un équilibre entre les deux qui fait que le travail est réussi. Maintenant, est-ce que les concessions ont été faites vers un public plus proche des musiques traditionnelles ou plus proche des musiques de chambre ?

À ce niveau, je ne me situe pas. Ces publics sont, quoiqu'il en soit, de plus en plus proches. Ayant joué dans des lieux aussi différents que des LEP, des écoles primaires, des festivals comme les flâneries Musicales de Reims : le public réagit, en général, avec une sorte d'émerveillement face à un exotisme qu'il ne soupçonnait pas. C'est assez étrange et difficile à exprimer. On a l'impression que les gens reçoivent le programme de Musyriade comme un dépaysement, un dépaysement bien différent de ce que l'on peut voir à la télé, une sorte d'exotisme sincère et profond. G.R. : Comment est née cette envie d'associer ces deux formes musicales ?

B.-M. A. : Cette envie est toute simple. Je suis d'origine capverdienne par ma mère et martiniquaise par mon père. Je suis né à Dakar et je suis arrivé dans le sud de la France à 1 an dans ce creuset de musiques flamenca. J'ai commencé la guitare classique relativement tard, à 19 ans, tout en faisant partie d'un groupe de reggae. J'ai toujours eu le sentiment qu'il n'y avait pas de petite ni de grande musique.

L'émotion existe quelque soit la musique que l'on fait. Il est tout naturel, pour moi, d'aller vers des sensibilités musicales comme la musique classique ou la musique traditionnelle. Il est vrai que Musyriade peut surprendre celui qui ne s'attend pas à un tel mariage. La première fois que l'on a joué, mon professeur de guitare est venu me voir à la fin du concert et m'a dit : "Je ne pensais pas que ça pouvait marcher ce truc-là." G.R. : Tu n'es pas sans savoir que la mode est de provoquer, tous azimuts, les rencontres musicales. Est-ce que cela a été le cas pour Musyriade ?

B.-M. A. : Non. C'est un projet qui a longuement mûri. Une vieille envie que j'avais, et que j'ai toujours, était d'aborder des musiques actuelles comme le reggae avec une pensée d'écriture telle que l'on peut la concevoir dans la musique classique contemporaine tout en conservant la spontanéité de ces musiques. Je n'ai pas continué dans ce sens là mais, à travers Musyriade, j'ai réussi à allier ces deux sensibilités.

Concernant les musiciens qui font partie de la formation actuelle, ils sont très sensibles à cette fusion, à cette manière d'aborder un répertoire. Ils apportent leurs expériences musicales personnelles qui peut se traduire, par exemple, par une correction sur une erreur de conception d'un tango. Tous sont issus de formation classique mis à part Antonio, tous vivent aussi des aventures avec d'autres musiques :

Renaud fait partie d'une ensemble contemporain à Marseille, d'un groupe de tango, Antonio travaille avec la Cie Azanie et accompagne le danseur-chorégraphe africain Alphonse Tierou. Sylvie fait beaucoup de musique irlandaise. G.R. : Qu'entends-tu par musiques du monde et musiques de chambre dans Musyriade ?

B.-M. A. : Concernant les musiques du monde, dans le spectacle Saveurs Latines, il s'agit d'un voyage à travers les sensibilités musicales de cette moitié de continent. On va y trouver une valse vénézuélienne, un chôro brésilien.

Dans une pièce de Brouwer, on entendra un rythme de bembé africain suivi d'une marcha cubaine et chez Roland Dyens, une rumba guaguanco, typique des musiques afro - cubaines. Le morceau Manigua, que j'ai écrit, est un hommage à une formation de salsa parisienne, un hommage à Astor Piazzola, à Brouwer et à Roland Diez, un morceau dans lequel on retrouve au milieu du 3e mouvement un cha-cha-cha. L'aller-retour, entre ce qui est écrit et ce qui est d'inspiration traditionnelle, est constant.

Concernant les musiques de chambre, le travail est réalisé autour du contrepoint, de l'utilisation du thème. Je reviens à Manigua où le thème principal est présent dans les trois mouvements sous trois formes différentes. J'ai essayé de travailler sur la transformation thématique en utilisant la matrice musicale, principe qu'affectionnaient déjà Beethoven, Bach ou Lizt. G.R. : Les thèmes abordés viennent principalement d'Amérique Latine ?

B.-M. A. : C'est le cas pour le spectacle Saveurs Latines. On est en Amérique du Sud et dans les Caraïbes. C'est un choix qui s'est imposé tout seul, sans volonté particulière. C'est aussi pour exorciser une musique qui est au fond de moi.

Le prochain CD ne traitera absolument pas de musique latine. Musyriade n'est pas une formation de musique latine. Musyriade a une essence propre. Nous n'avons pas d'attache particulière aux musiques latines mais, plutôt, une attache profonde aux musiques traditionnelles. G.R. : Où sont les mélodies d'inspiration capverdienne ou martiniquaise dans ta musique ?

B.-M. A. : Roland Dyens m'a dit en écoutant Manigua : "Je retrouve dans le 1er thème des essences capverdiennes." J'ai aussi écrit une pièce intitulée Saveurs Latines. Il y a des éléments qui se sont imposés tout seuls comme ceux du guitariste capverdien Luis Rendall qui a composé des mélodies fabuleuses. Certains motifs viennent de lui. Ils s'imposent par petits points. Je ne peux renier mes origines. On le sent forcément dans ma musique. G.R. : Pourquoi avoir choisi la formule du quatuor et ce type d'instrumentation ?

B.-M. A. : Au niveau de l'instrumentation, avoir une flûte, une guitare, une contrebasse, permet une structure harmonique simple, solide et efficace. Les percussions (congas, tambours bata, cymbales chinoises, chymes, woodblocks,...) amènent les éléments coloristiques.

La richesse du set de percussions offre de grandes possibilités d'écriture. Le quatuor renforce cette solidité. De plus, il impose des limites au niveau de l'écriture et être limité dans l'écriture force le compositeur à trouver d'autres solutions. On a parfois l'idée de rajouter une 2e flûte, mettre un saxophone. Mais, on ne le fait pas, on essaie de trouver une astuce. Lorsqu'on se fixe des limites, la créativité devient plus dense. Ça peut mettre du temps à sortir mais quand ça sort, l'idée est juste. G.R; : Le caractère classique de Musyriade n'enlève-t'il pas la saveur des musiques traditionnelles abordées ?

B.-M. A. : Il ne faut pas voir dans la musique classique quelque chose de figé ou de dangereux pour les musiques traditionnelles. Il faut savoir que les musiciens classiques du XVIIe, XVIIIe et XIXe siècle, étaient tous des improvisateurs, sachant se libérer d'une partition. La musique classique a des éléments qui proviennent des musiques traditionnelles. C'est compréhensible.

D'où vient cette musique classique ? Elle vient des musiciens, des régions, des cultures spontanées. Bien qu'elle soit écrite, la musique reste orale. La preuve est que les musiciens classiques prennent des cours avec des professeurs et, pourtant, les partitions sont les mêmes. Que vont-ils chercher chez le professeur si ce n'est une donnée orale. L'émotion ne s'écrit pas. L'oralité est permanente. Dans les musiques traditionnelles, on n'écrit pas la musique mais elle est gravée au fond de la tête du musicien. Elle existe par une gestuelle, une phrase sonore. G.R. : Sur scène, Musyriade essaie de créer une ambiance particulière ?

B.-M. A. : Il y a des ambiances "cocotier", des ambiances plus intimes ou plus tendues. C'est l'ambiance de la vie. On essaie de recréer tout ce qui fait que la vie est là et, que pendant l'1 h 30 de spectacle, le public ressente principalement ses cotés positifs. Dans Saveurs Latines, le spectacle véhicule un univers latin. Le mot saveur est, d'ailleurs, très important. Dans ce sens-là, Saveurs Latines crée un univers gustatif aux influences multiples autour de la sensibilité latine. G.R. : Est-ce que tu as déjà travaillé à la mise en image et en lumière d'un spectacle de Musyriade ?

B.-M. A. : On aimerait travailler dans cette optique là. Les musiques de Musyriade se prêtent, tout à fait, à une création lumière. Il faut trouver une personne susceptible de comprendre dans quel sens va le spectacle pour orienter le regard du public sur l'espace scénique. G.R. : Musyriade propose aussi son spectacle en milieu scolaire et envisage, aussi, la création de villages musicaux dans les campagnes rhônalpines.

B.-M. A. : Ce sont des initiatives qui nous tiennent à cur. Il faut avoir en tête que le public n'est pas que dans la salle. Il est partout. Les jeunes ont besoin de sentir et de voir d'autres musiques que celles qu'ils ont l'habitude d'écouter. Après les concerts scolaires, nous avons senti que ces musiques les intéressaient. Avec eux, ça ne rigole pas : soit il y a un boucan pas possible dans la salle soit il y a le silence suivi de bravos. Pour l'instant, on touche du bois, il y a toujours eu le silence. Nous avons pris la décision de prendre notre bâton de pèlerin, d'aller vers le public car nous avons conscience que le style musical abordé n'est pas facile mais tous peuvent avoir une démarche d'écoute.

Le projet des villages musicaux est, pour l'instant, en stand-by. C'est une aventure qui m'intéresse beaucoup. J'ai bien l'intention de la réaliser tôt ou tard car j'ai envie de travailler sur un autre espace scénique. Propos recueillis par Grégory Ramos, chargé de production en cultures traditionnelles à ISM-RA Le guide Images, Spectacles et Musiques du Monde édité par ISM-RA est disponible au numéro suivant :

04 72 84 78 90 Contact Musyriade :

Tél. : 04 72 37 34 00 (CD disponible sur demande)


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