Trio Yacoub et la Bergère

Avec son nouvel album, « je vois venir.. . », enregistré en direct lors de mémorables concerts à Quimper, Gabriel Yacoub livre une musique empreinte de tradition et d'innovation. Quel beau et intègre chemin parcouru depuis le premier album en 1973, intitulé « Pierre de Grenoble » ! Depuis longtemps, Gabriel nous promène dans un monde poétique et chaleureux habillé de mélodies uniques et reconnaissables entre toutes. Sylvie Berger, avec «Ouvarosa » dessine un univers intime et doux, croisant chansons nouvelles et textes de poètes anciens ou contemporains. Le chemin est prometteur et on s'impatiente déjà de la suite. Tous deux sont un exemple de cheminements créatifs, musicaux et originaux, issus d'une passion pour les chansons de tradition populaire. Leur venue à La Tour du Pin le 2 avril prochain est un événement à ne pas manquer. Sylvie, peux-tu décrire le concert qui sera donné le 2 avril prochain à La Tour-du-Pin ?

Sylvie Berger : C'est un concert qui réunit deux trios : celui de Gabriel Yacoub au chant et à la guitare avec Yannick Hardouin à la basse, au piano et au chant et Gilles Chabenat à la vielle à roue (est-il besoin de le préciser ?), et La Bergère, c'est-à-dire Julien Biget à la guitare et au chant, Emmanuel Pariselle à l'accordéon diatonique, flûte et chant, et moi-même au chant. Nous n'avons pas monté un programme spécifique pour ce double trio. Nous avons choisi de mêler nos répertoires respectifs et de faire intervenir un ou plusieurs membres d'un trio dans le répertoire de l'autre sur une grande partie des chansons. Il y a donc plusieurs formations dans le même concert, du duo au sextet.

Quelle a été l'origine de ce projet de concert ?

S.B. : C'est une demande de Françoise Morvan, directrice de la Maison pour Tous de Chatou, qui a souhaité programmer dans la saison 2004 les deux trios dans la même soirée. Elle avait basé sa saison sur le thème de la famille dans son sens le plus large, et elle a baptisé cette soirée « La réponse de la bergère au berger ». La soirée s'est poursuivie après le concert par un repas en commun avec le public. Il y avait une soixantaine de convives et nous avons chanté jusqu'à 5 heures du matin, un vrai repas de noces ! Est-ce les prémices d'un groupe appelé à durer ?

S.B. : Non, ce n'est pas un nouveau groupe, c'est une formation exceptionnelle, une fantaisie née de l'envie de Françoise Morvan de nous réunir dans une soirée et dont le résultat nous a donné envie de recommencer le plus souvent possible. Françoise en est l'initiatrice et elle a aussi été désignée administratrice du projet à l'issue de cette belle soirée. C'est le plaisir qui prime et nous souhaitons garder le caractère informel et l'esprit de la réunion de famille. Nous jouerons dans cette formation tant qu'on nous invitera à le faire, parce que nous y prenons un immense plaisir et il semble que ce soit le cas également pour le public. La-Tour-du-Pin sera le troisième concert du double trio, puis nous irons à Gagny (93) pour une soirée Folk en ville en compagnie d'une reformation exceptionnelle du groupe... Maluzerne ! Il semblerait que le folk fasse un re-revival ! Pour ce qui concerne le répertoire de La Bergère, de nouveaux textes dont tu serais l'auteure sont-ils au programme ?

S.B. : Un nouveau CD de La Bergère est en préparation avec un nouveau répertoire, mais je ne sais pas si nous présenterons de nouvelles chansons à La-Tour-du-Pin. En ce qui me concerne je travaille actuellement à créer des mélodies sur des textes de Gabriel. Gabriel, qu'est ce que le Roseau ?

Gabriel Yacoub : C'est une structure de production et d'édition de musique, disques dans un premier temps, et spectacles par la suite. L'idée vient de deux faits distincts : d'abord, le sentiment qu'après plus de trente ans d'expérience, j'ai appris quantité de choses, production, administration, etc., qu'au long de ces années, j'ai pu constituer des associations solides et d'une grande efficacité avec des musiciens, chanteurs, ingénieurs du son, studios, graphistes, attachés de presse, qui me sont d'une grande fidélité et qui apportent sans compter leur talent aux projets que j'ai pu leur proposer. Ceci nous a amenés à constater que, dans beaucoup de situations, nous pouvions tout à fait nous dispenser des « services » d'une maison de disques (telles qu'on les connaissait avant la crise, en fait, avant qu'il n'en reste que les trois qui ont réussi à tuer les labels de petite ou moyenne taille comme Boucherie Productions, ou qui les ont absorbées).Avec Le Roseau, nous avons la faculté d'être beaucoup plus malléables, efficaces, rapides, de faire les choix artistiques et financiers sans autres critères que nos propres envies, sans avoir à rendre de comptes à quiconque. Par ailleurs ces envies ne relèvent que du fait artistique et notre modeste structure n'a pas les mêmes contraintes qu'une société à but commercial. Notre ambition consiste uniquement à nous faire plaisir, et à faire plaisir au public qui nous fait l'honneur de s'intéresser à notre travail. En supprimant les intermédiaires, producteur et éditeur surtout, les bénéfices commerciaux sont supérieurs, nous permettant ainsi de financer nos créations et d'investir dans de nouveaux projets avec un seuil de rentabilité nettement inférieur à celui d'une maison de disques qui doit assumer des frais de gestion, de location de locaux, de personnel, etc. Pour la promotion de nos productions, nous participons activement à ce travail et nous faisons appel à une attachée de presse indépendante (Isabelle Lémann, Salam-mbô). Le seul poste que nous sommes incapables d'assumer nous-mêmes est celui de la diffusion. Nous sommes distribués par Harmonia Mundi et par l'Autre Distribution qui sont deux sociétés de taille modeste, dirigées par des gens intelligents, et dont la philosophie correspond bien à notre démarche. Formellement, Le Roseau est une SARL de quatre associés, chacun assumant les rôles correspondant le mieux à ses compétences. L'autre fait est simplement que notre production ne correspond pas aux critères commerciaux d'une maison de disques. Quelles qu'en soient les raisons (peu ou pas de médiatisation, par exemple), notre musique ne touche qu'un petit nombre. Pour donner un exemple, mon dernier album « Je vois venir », s'est vendu à ce jour à 5000 exemplaires en cinq mois. C'est un double album, donc un peu plus cher, c'est un enregistrement public et une sorte de compilation puisqu'il ne comporte que peu d'inédits. Je précise ceci, car ces faits sont des handicaps en termes de vente, 50% de moins selon Harmonia Mundi, ceci pour les deux derniers critères. Pour Le Roseau, ces ventes sont très satisfaisantes. Nous sommes sur le point de récupérer notre investissement, nous pourrons ainsi financer d'autres projets et cet album existera toujours dans vingt ans (« Pierre de Grenoble » est toujours sur le marché après 32 ans !). Dans le même temps, si l'album avait été produit par Sony, par exemple, il serait déjà retiré de la vente (une moyenne de 3 semaines de chances de vie pour un produit difficile), le responsable qui aurait pris le risque de le signer aurait déjà été viré et on aurait rendu le contrat à l'artiste... Malgré des ventes nettement supérieures, ils ont viré Nougaro, Chamfort et beaucoup d'autres. En gros, nous n'avions pas d'autre choix pour continuer à exister, à écrire, à jouer, à chanter, à tourner.

Pourquoi Le Roseau ?

G.Y. : Ceci fait allusion à la fable de Jean de la Fontaine, au sujet du chêne et du susdit qui lui, devant la tourmente, ne rompt pas. Le Roseau est un label modeste et prudent. Pour l'instant, nous consacrons notre travail à faire connaître nos propres créations, La Bergère, Gabriel Yacoub et la famille. Nous envisagerons à l'avenir de produire d'autres artistes, si les conditions le permettent. Nous avons songé, par exemple, à des réunions d'artistes débutants, ou méconnus dont la sensibilité est proche de la nôtre, qui n'auraient aucune chance de signer avec une boîte, et qui pourraient ainsi avoir accès à un public plus large. Pour l'actualité, les deux prochaines sorties sont « La Nonchalante » d'Emmanuel Pariselle, une veillée de belles chansons enregistrées à la maison, et « Légende », une compilation de la deuxième époque de Malicorne. Propos recueillis par E.G. Retrouvez Gabriel Yacoub dans la [lettre n°56->article116] Contact

[http://www.labergere.net->http://www.labergere.net ]

[http://www.gabrielyacoub.com->http://www.gabrielyacoub.com] Samedi 2 avril À 21h salle Equinoxe, La Tour-du-Pin (38)

Spectacle co-organisé par La Ville de La Tour du Pin et Le Folk des Terres Froides

Renseignements supplémentaires : 04 74 97 32 26 ou 04 74 92 46 46.