Quel avenir pour le CMTRA?

Quel avenir pour le CMTRA ? (suite...) Le CMTRA change de ville. La Ville de Villeurbanne lui offre des conditions d'accueil et de soutien propres à permettre la continuité des actions en cours et à favoriser la stabilité de la structure. Ce changement de lieu met fin à une période d'incertitude, et ouvre l'avenir à des collaborations fructueuses avec les institutions villeurbannaises au nombre desquelles l'École Nationale de Musique est l'un de nos partenaires les plus naturels, puisqu'elle abrite le premier département d'enseignement des musiques du monde au niveau national. Le conseil d'administration et l'équipe du CMTRA se joignent à moi pour témoigner aux élus de Villeurbanne de nos remerciements les plus vifs pour cette décision rapide et volontaire, qui marque une nouvelle étape du développement du Centre. Ces circonstances heureuses ne doivent pas occulter les incertitudes induites par l'impossibilité de pérenniser des emplois-jeunes. À l'instar de bien des structures associatives dont la montée en puissance des activités s'est en partie adossée à ces dispositifs, le CMTRA, sans ressource budgétaire relais, voit son avenir remis en cause dans le format actuel de ses activités. Des solutions doivent être imaginées avec les collectivités et l'État, sur la base du projet formulé par notre organisme.

Plus globalement, la question se pose de l'avenir des structures culturelles légères qui dépendent essentiellement de l'argent public, ébranlées par les changements radicaux de politiques des collectivités et de l'État en cas d'alternance de majorité. Les prochaines échéances électorales, même si le calendrier est en cours de modification dérogatoire, seront concentrées en une période courte. Les élections nationales (présidentielles, législatives, sénatoriales), et locales (municipales et cantonales) se dérouleront du printemps 2007 à une période non encore déterminée de 2008. Les conséquences qu'on peut facilement imaginer à la lumière de notre expérience, et dans tous les domaines d'action publique, seront dramatiques pour les structures légères qui ne bénéficient en général que de rares conventionnements inscrits dans la durée. Les dernières élections municipales, présidentielles, législatives et régionales ont bien montré la volonté de changement des nouvelles majorités qui s'en sont dégagées. Autant cette volonté trouve sa légitimation dans le fondement même de notre démocratie, autant les effets en sont brutalement ressentis au niveau des structures subventionnées les plus fragiles. L'explication en est malheureusement simple. Ces structures, qui incluent les CMT au niveau national, croisent les ressources budgétaires provenant de l'État, de la région concernée, de la municipalité d'accueil, et pour les antennes départementales éventuelles, des Conseils généraux. Il suffit de la défection de l'un des partenaires pour que l'équilibre fragile soit rompu, et que ces structures soient ébranlées, sinon misent en péril. La concentration des prochaines échéances électorales est à même de générer une période d'incertitude grave, et de provoquer la dislocation de bien des outils culturels. Les seules collectivités dont le renouvellement des élus ne s'inscrit pas dans cette période prochaine sont les conseils régionaux, renouvelables en 2010. C'est bien les conseils régionaux qui ont le pouvoir de garantir la stabilité aux organismes dont les actions et les missions entrent dans leurs priorités. Cette stabilité est la condition fondamentale au développement d'actions dans le long terme et à la professionnalisation des équipes. L'histoire des CMT prend racine dans les années 80, et la somme des patrimoines musicaux patiemment recueillis, préservés, valorisés, transmis et utilisés pour la création est déjà immense. Dix régions sont pourvues de CMT, et de nouvelles travaillent à des projets de mise en place d'outils de préservation et valorisation de la mémoire musicale orale. Cette dynamique inscrite dans le long terme doit pouvoir trouver les moyens de continuer ce travail patrimonial et de création tourné vers le seul bénéfice des générations futures. Christian MASSAULT Président du CMTRA