Wozkaly
Entretien avec Woz Kaly,
auteur-compositeur. Né à
Dakar (Sénégal) en 1967, il
nous présente un parcours
atypique et varié.
Régulièrement de passage dans
notre région, c'est un artiste à
(re-)découvrir absolument, à
travers son groupe et sa
personnalité à multiples
facettes.
CMTRA :Woz Kaly, votre parcours
musical est très riche, comment s'estil
construit ?
Je fais de la musique depuis tout petit,
et j'ai participé à de nombreux projets,
au Sénégal comme en France. Mais
une des étapes phares de mon cheminement
artistique, c'est certainement
le groupe Misaal, dont j'étais un des
fondateurs à Dakar. C'était un groupe
de copains avant tout, tous rencontrés
très jeunes, et nous avons tourné une
dizaine d'années ensemble.
En 1995,
Misaal a été sélectionné pour représenter
le Sénégal au Printemps de
Bourges. Ce concert a été suivi de trois
ans de tournées en France et en
Europe, avec d'incessants va-et-vient
entre Dakar et Paris. Le rythme de vie
sur scène et les chemins personnels
des musiciens ont eu raison de Misaal,
et je me suis finalement installé complètement
à Paris.
C'est alors que mon parcours de musicien
chanteur s'est enrichi au sein
d'autres formations. Jean-Pierre
Como, Mokhtar Samba, Touré
Kounda, Paco Séry sont des artistes
que j'admirais enfant à Dakar. Quand
ils m'ont invité à participer à leurs
albums ou à leurs concerts, j'ai été touché
et très heureux. J'ai vécu de belles
rencontres musicales et humaines, qui
perdurent encore aujourd'hui.
Mais au fond de moi, je gardais
l'envie de continuer ce que j'avais
commencé avec Misaal, c'est comme
ça que Woz Kaly a vu le jour il y a trois
ans.
Mais alors, le groupe Woz Kaly
c'est le retour de Misaal ?
Non, on ne peut pas vraiment dire ça.
Bien sûr, Woz Kaly est proche de
Misaal musicalement, on retrouve des
sonorités, une certaine couleur. En tant
qu'auteur-compositeur de ces deux
groupes, je puise forcément quelques
influences dans les compositions du
passé. Mais Woz Kaly est un projet
beaucoup plus acoustique que ne
l'était Misaal.
Notre répertoire s'inspire tout autant
de résonnances traditionnelles que de
musiques actuelles. Je suis né à Dakar,
et ma musique porte cette culture, mais
j'écoutais aussi Otis Redding ou Led
Zeppelin. La musique de Woz Kaly,
c'est de l'afro-fusion, c'est-à-dire un
métissage d'afro (en l'occurrence
rythmes et sonorités sénégalaises) et
de jazz, funk ou reggae.
Sur scène, nous sommes entre deux et
cinq selon les concerts. Nous présentons
souvent une formule en duo
acoustique (guitare chant) avec le guitariste
David Tavarez. Il habite à
Madrid et travaille avec Victoria Abril,
mais il est très présent à mes côtés. Le
bassiste est mon ami d'enfance,
Samba Laobé Ndiaye, qui était également
membre de Misaal.
La formule
complète s'enrichit d'un pianiste et
d'un batteur. J'ai rencontré récemment
Denis Benarrosh (batteur-percussionniste),
qui a accompagné entre autres
Francis Cabrel, Claude Nougaro ou
Michel Jonasz. C'est d'ailleurs principalement
avec lui que je prépare un
album pour 2007, même si les autres
musiciens seront invités à y participer.
Quel est l'encadrement professionnel
du groupe Woz Kaly à ce jour ?
Je travaille depuis plusieurs années
avec Albert Gomis à Thonon (74).
Nous nous sommes rencontrés à Paris
et il a tout de suite accroché avec Woz
Kaly. C'est un peu notre manager par
intérim, il suit de près notre projet et
nous trouve de nombreuses dates de
concerts (province et festivals).
Pour nos dates parisiennes, je m'appuie
sur le réseau des salles qui m'ont
accueilli en concert avec Touré
Kounda ou Mokhtar Samba. La plupart
des programmateurs souhaitent
connaître le projet Woz Kaly, c'est une
porte d'entrée non négligeable.
Nous
jouons par ailleurs presque tous les
soirs aux Trois Maillets, quand nous
n'avons pas d'autres concerts prévus.
Mais finalement, Woz Kaly « se porte
» un peu tout seul, et nous souhaitons
agrandir l'équipe. Parallèlement à la
préparation du prochain album, Denis
Benarrosh et moi-même cherchons
activement quelqu'un susceptible de
prendre part au développement du
groupe (producteur, tourneur, etc.).
L'idéal serait de trouver une maison de
disque pour le prochain album et
enclencher une tournée juste après sa
sortie. Evidemment, nous poursuivons
notre collaboration avec Albert Gomis,
qui assure la préparation des événements
à venir et la coordination entre
les personnes qui souhaitent promouvoir
Woz Kaly.
Et le personnage Woz Kaly, en
dehors de son groupe, est-il encore
et toujours à l'affût de nouvelles
rencontres ?
Ce que je recherche à travers la
musique, c'est la rencontre et
l'échange. J'ai toujours adoré
apprendre et aller vers les autres. C'est
ce qui m'a entraîné vers les albums et
tournées des musiciens dont j'ai parlé
précédemment.
Depuis quelques temps, je collabore
régulièrement avec le compositeur
multi-instrumentiste Jean-Marc Zelwer.
Nous nous produisons sur scène
sous le nom de Trio Zelwer pour présenter
le spectacle les “Cahiers de
Macha” (Jean-Marc Zelwer, Alessandra
Agosti, Woz Kaly). Nous avons
également réalisé la musique du dernier
film de Chantal Richard « Lili et
le Baobab », sorti avec Romane Bohringer
en mai 2006.
Enfin, une question subsidiaire :
comment s'appréhende la carrière
d'un musicien au Sénégal par rapport
à son parcours en France ?
Les musiciens au Sénégal se heurtent
principalement à une difficulté, et pas
des moindres : l'absence de réseau
professionnel. La musique est au coeur
de la culture sénégalaise, le public est
présent et demandeur, les talents sont
nombreux. Mais la diffusion est extrêmement
compliquée, il y a peu de
structures professionnelles (studios,
producteurs, maisons de disques) et le
réseau de distribution a plutôt une
dimension locale. Les musiciens doivent
se rendre sur place et aller directement
à la rencontre du public. C'est
à la fois riche et limité. Il est vrai que
certains musiciens ont réussi à dépasser
ces difficultés en restant au pays -
à l'exemple de Youssou N'Dour, mais
ils sont très rares.
En France, les mêmes musiciens touchent
plus rapidement un public plus
large, que ce soit en concert ou sur
disque. Il en va de même pour contacter
les professionnels, tout le monde
est installé en Europe, les connexions
se font plus facilement. Rien n'empêche
par ailleurs les musiciens sénégalais
de sortir leurs albums au Sénégal
(souvent sous la forme de cassettes)
et de s'y produire en concerts.
En ce qui nous concerne, l'album de
Woz Kaly sortira en 2007 en France
et au Sénégal.
Propos recueillis par C.D.
Contacts :
Algomis Management : Albert GOMIS
06 21 43 58 37 - [contact@wozkaly.com->contact@wozkaly.com]
11 boulevard des Trolliettes - 74200 Thonon
Prochain album :
sortie prévue en 2007
Dates de concerts et
vidéos live sur le site
Internet :
[www.wozkaly.com
->www.wozkaly.com]
article réalisé avec le concours de
Tagada Tsoin Tsoin,
antenne Rhône-Alpes
du Printemps de Bourges