Festival Celtitudes
Entretien avec Didier Vors
Didier Vors est directeur du Villeurbanne English Club. Au mois de mars 1997, aura lieu la 4e édition du Festival "Celtitudes".
Didier Vors : En 1994, nous avons lancé une opération qui s'appelait "Il y a de l'Irlande dans l'air" et en fait, "Celtitudes" est l'expansion de ce concept de festival qui se veut pluridisciplinaire. Nous considérons que c'est la 4° édition puisque 1994 avait le même format, le même style mais il était limité à l'Irlande.
Après le succès de cette première manifestation, nous avons donc eu envie d'étendre ce concept dans son ensemble bien qu'il soit plus facile de parler du Nord de la Grande-Bretagne, de l'Ecosse ou de l'Irlande et plus difficile quand on veut évoquer le Pays de Galles et encore plus la Galice ou les Asturies.
Dans l'association, il y avait au départ, un intérêt certain pour l'Irlande. Nous avions assez régulièrement des manifestations consacrées à ce pays notamment des concerts. Nous nous sommes rendus compte qu'il y avait vraiment un public pour ce genre de choses. Il y a un public intéressé évidemment par l'aspect musiques traditionnelles qui est un élément important de chaque festival mais il y a aussi un public intéressé par d'autres aspects de la culture celtique : cela peut être la civilisation, la littérature, la tradition orale ou le cinéma. Nous ne nous contentons pas d'évoquer ces différentes cultures, nous essayons de les faire venir ensemble. "Celtitudes" a vraiment trouvé un public.
CMTRA : Qu'est-ce qui peut amener une structure comme le Villeurbanne English Club, dont on peut imaginer d'après le nom qu'elle a pour mission de promouvoir la langue et la culture anglaises, à faire la promotion d'une culture minoritaire des îles Britanniques qui a été oppressée par cette culture anglaise, la culture celte et par ricochet des cultures celtes qui n'ont plus aucun rapport avec la dénomination anglaise ? Les Bretons, les Asturiens et les Galiciens ne parlent que très peu l'anglais !
D.V. : Je pense qu'il a pu y avoir au départ un quiproquo sur le vocable english ou anglais. Quand cette association a été créée, cela fera 7 ans courant décembre, sa vocation était l'enseignement de l'anglais dans un système d'institution associative. Aujourd'hui, son rôle devient de plus en plus culturel parce qu'on a considéré qu'une langue s'apprend dans un contexte en dissociant l'aspect linguistique de l'aspect culturel.
Il y a bien une ambiguïté sur le vocable english parce que nous n'avons jamais eu la vocation de ne traiter que de la Grande-Bretagne, mais plutôt des pays de langue anglaise ou partiellement de langue anglaise. L'Irlande, par exemple, n'est pas un pays anglo-saxon ! L'Irlande utilise la langue anglaise uniquement pour communiquer. Nous avons la vocation et nous l'avons fait ces dernières années de rassembler tous les pays qui utilisent l'anglais comme langue maternelle. Nous avons fait pendant quelques années une opération qui s'appelait "L'Amérique des sons et des couleurs" : MUSIQUE ET MINORITÉS AUX ÉTATS-UNIS. Nous préparons pour l'année prochaine une semaine sur l'Australie et nous avons régulièrement des conférences sur le Canada : c'est bien l'ensemble des pays d'expression anglaise ! et ce n'est pas du tout limité à la Grande-Bretagne. C'est ce concept qui illustre avant tout cet événement.
CMTRA : Vous n'avez pas de salles propres de diffusion mais il existe des salles de diffusion culturelle, des équipements municipaux ou autres, vous êtes amenés à travailler avec des partenariats ?
D.V. : Le fait que nous n'ayons pas de lieu de diffusion culturelle a pu être, à une époque, un peu un écueil et ça pourrait l'être dans le cadre d'un développement culturel du festival. Il nous faut donc trouver des partenaires. Ce qui fait un peu l'originalité de "Celtitudes", c'est que ce festival repose sur un partenariat. Il peut être au niveau des associations de diffusion culturelle, des associations qui ont des relations avec les cultures celtes mais aussi un partenariat avec des municipalités ... C'est donc la ville de Villeurbanne. Ça l'a été à une époque et ce le sera en 1997 avec la ville d'Ecully à travers différentes structures (comme la Maison de la Rencontre), ce sont des Maisons des Jeunes et la Ville de Lyon. Cependant, ce sont différents partenaires ponctuels qui varient selon les projets.
CMTRA : Votre travail est donc de convaincre ces partenaires ?
D.V. : De les convaincre et de les intéresser à la manifestation. C'est vrai que c'est un problème quand on a un projet ambitieux comme celui-là sans avoir vraiment de lieu de diffusion qui corresponde.
CMTRA : Pour convaincre ces partenaires, il faut avoir des motivations solidement ancrées et des arguments c'est-à-dire une philosophie d'action. Quels sont les objectifs profonds de votre action de promotion des cultures celtes ?
D.V. : Je suis peut-être un peu irrationnel. Cela relève vraiment du grand intérêt que l'on a dans ces cultures, de la passion que l'on peut avoir pour les pays celtiques. Cela a été une occasion pour nous d'affirmer notre vocation culturelle et aussi de proposer une programmation de qualité mais avec la convivialité et le plaisir en plus. "Celtitudes" est à la fois lieu d'expression artistique, de découverte musicale, d'échanges et de connaissance.
CMTRA : Est-ce que ce n'est pas, pour partie, la définition de l'humanisme ?
D.V. : On peut effectivement faire cette référence et considérer que cela peut être pris dans cette démarche.
CMTRA : Y a-t'il quelques nouveautés pour la 4e édition de "Celtitudes" ?
D.V. : Nous allons essayer de connaître un peu mieux le public, de savoir ce qui pousse les gens à venir.
Pour innover, nous créons pour 1997, le concept d'invité d'honneur. Nous avons choisi l'Ecosse pour commencer. Nous essaierons d'évoquer le pays à travers différents éléments de la programmation.