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Le tango se perpétue par le métissage
L'âge d'or du tango

Entretien avec Olivier Manoury CMTRA : Olivier Manoury, comment as-tu rencontré le tango et le bandonéon ?

Olivier Manoury : Dans les bals où les accordéonistes jouaient souvent les séries de tango au bandonéon jusqu'aux années 70, j'ai toujours aimé le son de cet instrument et puis un jour j'en ai trouvé un chez Costa, un marchand et accordeur d'accordéon à Paris. Ça ne valait plus un sou à cette époque et Costa a tout fait pour me dissuader de l'acheter. « Ça marche plus le tango, et puis c'est difficile à jouer, il est pas bien accordé etc. » Il me conseillait plutôt un accordéon électronique. Mais voyant que je n'en démordais pas, il a accepté de l'accorder et de me le vendre. Je ne connaissais rien du tango à l'époque. Quels sont les collaborations, les rencontres qui ont marqué ton par-cours ?

J'ai rencontré immédiatement la diaspora des exilés d'Argentine et j'ai très vite intégré des groupes car les bandonéonistes étaient rares. J'ai appris sur le tas, d'oreille, en jouant avec les Argentins. J'ai ensuite rencontré Ernesto Rondo, un vieux chanteur de tango qui reprenait du service après une longue traversée du désert.

Je l'ai accompagné pendant 10 ans, d'abord avec Roberto Lopez, un guitariste qui est reparti vivre en Argentine et ensuite avec Enrique Pascual avec qui je joue depuis 20 ans et avec qui j'ai énormément appris. Je dois aussi beaucoup a Juan Jose Mosalini et en particulier au disque Don Bandonéon sorti dans les années 80 chez Hexagone qui est un des rares disques de Bandonéon solo et sans doute le meilleur. Ce disque m'a fait découvrir en une heure toute la richesse et les possibilités de cet instrument et m'a fait mesurer le chemin qui me restait à parcourir. Dans quelles formes de tango préfères-tu t'investir ? Tango pour la danse, concert, répertoire historique, de création, de métissage, con-nexions avec le jazz, toute autre forme ?

Le tango a été une mode dans les années 80/90. Le public français a toujours aimé l'exotisme mais la danse l'intéresse beaucoup plus que la musique. Il en est resté une grande quantité de danseurs passionnés qui se réunissent plusieurs fois par semaine et vont prendre des cours a Buenos-Aires. Ils dansent sur une musique qui date de la période 1930-1960 et qui renferme de nombreux chefs d'uvre musicaux.

La musique a continué a évoluer de son côté mais s'est éloignée de la danse, comme le jazz dans les années 50, en compliquant sa rythmique et sa structure et en exigeant plus d'efforts de la part de l'auditeur. Le tango aujourd'hui n'évolue plus en tant que tel, mais, encore comme le jazz, c'est par le métissage qu'il se perpétue. J'ai beaucoup joué pour les danseurs, c'est surtout intéressant en grande formation ! C'est très agréable de voir de l'estrade les couples de bon danseurs suivre avec concentration les variations de tempo et d'intensité de la musique, ils écoutent avec leur corps, comme les amateurs de salsa.

Mais en tant que musicien je serais frustré de ne faire que de la musique de danse. On ne peut pas s'éloigner de l'époque « classique », les danseurs ne suivent pas et se plaignent. D'autre part les budgets pour la danse sont très réduits et il est difficile d'être plus de deux trois musiciens si on veut s'en sortir financièrement. J'ai un ensemble de 7 musiciens, « Tempo di Tango », qui fait des concerts de tango classique et contemporain. Il nous arrive de séparer le répertoire en deux, le moderne pour le concert et le classique pour le bal, on s'aperçoit que ça n'intéresse pas les mêmes gens. Les amateurs de musique, moins nombreux, restent un peu au bal pour regarder les danseurs (et les danseuses) mais ne savent pas danser et les danseurs arrivent en général au dernier moment avec leurs chaussures dans un sac. Il y a évidement des exceptions mais c'est un peu la situation. Depuis quelques années je joue en invité dans toutes sortes de situations qui vont du jazz (j'ai enregistré un album entièrement dédié à Thelonious Monk avec le contrebassiste Yves Torchinsky) à la techno (je joue en ce moment avec Gotan Project un groupe mixte électronique/acoustique)

En fait je m'aperçois que je joue un peu la même chose dans des contextes très différents. C'est le phrasé et l'accentuation du tango que cherchent les musiciens qui m'invitent. Mauvais lecteur, je me suis spécialisé dans l'improvisation, ce qui est rare chez les musiciens de tango. Que tires-tu comme satisfactions musicales, humaines de la pratique de ta musique ?

Ma principale satisfaction dans la musique est le fait d'apprendre en permanence. Je ne savais pas faire il y a trois ans ce que je fais aujourd'hui. Ça ne durera sans doute pas une éternité mais en attendant j'en profite. J'aime aussi beaucoup voyager pour travailler. On y rencontre les gens d'une façon qui est impossible si on est touriste. La réponse du public est aussi une grande satisfaction qu'on n'a pas en studio, même si j'adore les studios d'enregistrement. Quels sont tes projets ?

Je prépare un album solo pour Radio France, un spectacle avec Nikolaus et Jorg, deux clowns acrobates et jongleurs, une musique de film et j'ai envie d'approfondir mon rapport à la musique électronique. Propos recueillis par J.B. Contact

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