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"Ma voix dans le chant du voisin"
Plan de formation vocale en Rhône-Alpes

Entretien polyphonique avec Jean-Marc Vernier (Directeur de l'Agence Musique et Danse Rhône-Alpes) et Evelyne Girardon (Chargée du développement des pratiques vocales à l'AMDRA) CMTRA : Pourquoi un plan de formation vocale ?

Aujourd'hui, les formateurs voix de notre région, ouverts aux esthétiques artistiques variées, doivent faire un véritable parcours du combattant pour se former. Certains vont chercher très loin ce qui pourrait être mis en place sur leur terrain d'action. Il existe, bien sûr, une multitude de propositions de formations mais rien qui ne soit fédéré dans une optique de « cursus » complet, en direction notamment des artistes en situation de formateurs. Nous avons souhaité mettre en place un premier projet de formation qui permette à tous ceux qui le souhaitent de croiser les pédagogies et les techniques vocales.

Depuis 6 mois dans le cadre de la « Mission Voix » de l'Agence, nous avons lancé une étude auprès des animateurs d'Ateliers Voix, de professeurs, de chefs de chur, d'écoles de musiques Nous avons rencontré un grand nombre d'acteurs de la voix et avons partagé beaucoup de leurs interrogations, espoirs et témoignages. Il apparaît une très grande demande de partage tant sur le plan des méthodes que sur celui des contenus. La plupart des formateurs sondés reconnaissent qu'ils sont au début de leur démarche d'enseignement, c'est pourquoi la formation de formateurs voix mise en place par l'Agence Musique et Danse Rhône-Alpes répond à un besoin évident et arrive au bon moment. On sent bien que les démarches intègrent naturellement une forme de métissage des pratiques vocales, voulant abolir certaines distances culturelles, notamment dans l'interprétation des différents répertoires spécifiques. Tout cela témoigne d'une curiosité réelle. Plus que de savoir tout chanter, la majorité préfère mieux connaître l'ensemble des techniques et des répertoires afin de ne pas dénaturer les spécificités, aborder les choses possibles et laisser de côté ce qui apparaîtrait trop éloigné de sa pratique. C'est pourquoi nous avons choisi de mettre cette « pépinière potentielle de formateurs rhône-alpins » au contact d'artistes de haut niveau, qui ont aussi une expérience pédagogique importante : Giovanna Marini, Daïnouri Choque, Michèle Bernard, Margreet Honig, Mireille Antoine, Udo Reïnman, Laurence Saltiel, Bernard Têtu, Nicole Corti, Catherine Marten, Antonella Talamonti, Jean Tricot, Berry et Claire Hayward, Jean-Yves Pénafiel et beaucoup d'autres.

Par ailleurs, ils incarnent des domaines musicaux variés tels la chanson française, le répertoire classique, les musiques improvisées, le jazz, les musiques traditionnelles, les musiques anciennes Quel est le degré de diversité des pratiques vocales dans notre région ?

Qu'elles soient amateurs ou professionnelles, les pratiques vocales sont extrêmement diverses et nombreuses en Rhône-Alpes. Plus d'un millier de chorales et d'ensembles vocaux, des centaines de chefs de chur, de pédagogues ou d'artistes font de cette région un vivier rare de ressources en même temps qu'un territoire où les besoins d'accompagnement des pratiques et de formation des cadres sont immenses. À ce propos, l'état des lieux que réalisera l'Agence en 2002 en donnera une idée précise et les plans de formation en cours permettront de jauger la nature et la quantité de la demande. En effet, le besoin d'évaluation est important car les pratiques vocales ont globalement connu un essor remarquable durant ces dix dernières années que ce soit dans le secteur public, parapublic ou privé.

Bref, il y a vraiment énormément de choses autour de la voix dans notre région ! Est-ce une difficulté ?

À priori non, tant que tout reste ouvert La difficulté n'est pas dans la grande diversité des pratiques vocales ou « leur quantité », mais plutôt dans le fait de les faire se rencontrer. Nous pensons qu'il est dynamique de « croiser les voix », de les entendre toutes, de reconnaître dans chacune ce qui peut nourrir « le chant » de l'autre. C'est important car ces éléments de réflexions doivent traverser la tête des gens susceptibles de donner le goût de la musique aux autres.

Cela dit, les formateurs sur le terrain le vivent tous les jours.

Le secteur « institutionnel » de l'enseignement musical est très dense mais ne peut répondre à toutes les demandes. Sans doute celui-ci serait-il prêt à se développer, mais il apparaît nécessaire d'accompagner son ouverture vers de nouvelles esthétiques.

Par ailleurs, le champ privé et associatif, important mais souvent « souterrain », semble jouer son rôle mais de manière isolée, notamment en ce qui concerne les musiques actuelles. Ce secteur fourmille de demandes de formation ne trouvant pas de réponses totalement satisfaisantes. Quant au domaine plus classique, il se trouve confronté à une multiplicité d'expressions musicales et se pose la question de la « convivialité des pratiques ».

Il convient donc de réfléchir de manière transversale et partagée au-delà des questions d'esthétiques, tout en veillant à relier ces travaux avec ceux concernant les formations préparatoires aux Diplômes d'État tous secteurs confondus, car ils sont complémentaires. Quels sont les objectifs et la philosophie de l'opération ?

Améliorer les qualités vocales, ouvrir de nouvelles perspectives pour les pratiques vocales collectives, inventer de nouvelles « manières de faire » et former ceux qui seront sur le terrain dans l'avenir avec la mission d'enseigner aux autres Former des formateurs implique aussi de valoriser les artistes dans ce qu'ils ont de plus précieux, c'est-à-dire leur capacité à créer des formes, des contenus et les moyens de les transmettre.

Mêler formateurs et artistes reste une incontournable possibilité d'expansion des pratiques musicales.

Ce plan est le lieu d'évaluation des futurs formateurs et aussi la première porte ouverte sur une réflexion transversale concernant la pédagogie vocale. C'est aussi le lieu de synergie regroupant les acteurs des différents départements avec une analyse globale et cohérente. Il ne s'agit pas de « picorer » des éléments de la formation mais de s'engager dans une réflexion sur le fond, de poser les jalons d'une réflexion sur le long terme. Pour quels publics ?

Ce plan s'adresse aux professionnels - artistes et artistes/formateurs qui jusque là n'ont pas accès aux formations existantes. Avec quels partenaires organisez vous ce plan de formation ?

Nous avons des partenariats avec l'ADDIM de l'Ain, le Conseil Général de l'Ardèche, l'ADMS (Savoie), l'IMSL (Institut de Musiques Sacrées de Lyon), avec l'École Nationale de Musique de Bourg-en-Bresse, le CNR de Lyon, le Train Théâtre de Portes les Valence, le CNR de Grenoble, le CRAV (Centre Rhône-Alpin de la Voix), le CFMI de Lyon, le CNSMD de Lyon, l'Auditorium Maurice Ravel, les Churs et Solistes de Lyon.

Au-delà de ce plan vocal, nous collaborons régulièrement avec le CEFEDEM Rhône-Alpes sur d'autres propositions de formations, notamment dans le domaine des musiques actuelles. Ce plan de formation est déjà engagé, peut-on déjà faire un bilan ?

Trois stages importants ont déjà eu lieu, l'ensemble des participants a été enthousiaste et sensible au fait que l'Agence Musique et Danse Rhône-Alpes a eu de l'ambition pour eux en proposant des formations de haut niveau, quelque soient les esthétiques. Certains se sont sentis remis en question dans leurs approches, ce qui est extrêmement positif. Nous restons aussi très attentifs dans cette phase de démarrage, en réfléchissant déjà à des formations spécifiques qui feraient le lien entre ce qui existe déjà et ce que propose ce plan.

On peut dire en tout cas que ce que nous mettons en place répond à une réelle demande. Les retours de questionnaires « qualitatifs » sont très positifs et pour ce qui concerne 2002, la plupart des stages sont d'ores et déjà pleins, avec le public rhône-alpin ciblé à l'origine, ce qui est la meilleure des réponses, non ? Quels projets pour la suite ?

Cette première année est une année « portes ouvertes », le bilan final sera fait fin 2002. Parallèlement l'Agence Musique et Danse Rhône-Alpes conçoit actuellement un plan global de trois ans intégrant notamment la suite de ce plan vocal, un travail au service des chorales de la région, ainsi que des actions de réflexion sur les pratiques vocales en Rhône-Alpes et aussi le rapprochement avec le CMTRA ! Propos recueillis par J.B. Contact

Agence Musique et Danse Rhône-Alpes

32, rue de la République 69002 LYON info-conseil : 04 72 77 84 34

administration : 04 72 77 84 30

fax : 04 72 77 84 39 [musiquedanse.rhone-alpes@wanadoo.fr->musiquedanse.rhone-alpes@wanadoo.fr]


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