Trace 421
Ou quatre secousses imaginaires
Entretien avec Régis Rasmus et Christian Oller
De formation classique et contemporaine, Régis Rasmus, danseur et chorégraphe, s'est formé auprès de Cesc Gelabert, Alwin Nikolais et Murray Louis, Myriam Berns, Odile Duboc... Diplômé d'état en
danse contemporaine, il crée la compagnie ADAM en 1996.
Depuis la compagnie investit la scène et propose des créations de spectacles chorégraphiques. Inspiré par la littérature, le cinéma et les jeux d'enfants, Régis Rasmus multiplie les rencontres artistiques avec des danseurs, chorégraphes, musiciens, vidéastes.
Ainsi, pour sa nouvelle création, Régis Rasmus se tourne vers de nouveaux partenaires et propose en janvier 2002 trace 421 ou quatre secousses imaginaires, pièce pour deux danseurs (Regis Rasmus
et Isabelle Leroy), un musicien (Christian Oller) et un comédien clown (Hugues Fellot).
CMTRA : Régis Rasmus, vous êtes actuellement en préparation d'une nouvelle création où l'on retrouvera différentes disciplines artistiques. Comment s'intitule votre spectacle et pouvez-vous nous présenter ses différentes composantes ?
Régis Rasmus : Le titre de la pièce s'appelle Trace 421 ou quatre secousses imaginaires. C'est une pièce qui réunit quatre activités artistiques différentes : la danse, la musique, la comédie clown et la vidéo. L'année dernière j'avais monté un spectacle solo intitulé "le gardien" basé sur la vidéo et dont le thème fédérateur était le jeu.
Pour ce spectacle, j'avais utilisé un plan incliné et j'ai eu envie d'approfondir un peu les choses en utilisant à nouveau ce plan incliné mais en faisant appel à d'autres personnes et d'autres disciplines artistiques. Donc, dans ce nouveau spectacle nous sommes deux danseurs, un comédien clown et un musicien, tous les quatre sur scène.
Le but de cette pièce est de mettre en relation chaque univers artistique au travers du jeu. Il y a le jeu de l'image avec la musique, le jeu de la danse avec le jeu de l'image et de la musique et le jeu de la comédie. Tout est interactif. Il y aura des choses ludiques, mais le jeu peut aller beaucoup plus loin, soit sur la violence soit sur des choses beaucoup plus sensuelles ou humoristiques.
Mais nous restons sur des registres différents. Le travail d'image se fera essentiellement sur des choses à la fois concrètes et abstraites. C'est un véritable travail en matière de recherche d'images que nous expérimentons. Ce « laboratoire » en lien permanent et direct avec la création chorégraphique nous permet d'accéder à un univers poétique, onirique. Il y aura des images fixes, des fondus, mais nous irons plus loin, les images seront aussi projetées et donc imprimées sur les corps. La danse fera corps avec l'image et l'image avec les corps. Danse, image, musique et comédie clownesque prennent corps ensemble.
En ce qui concerne la danse, nous sommes partis essentiellement d'improvisations sur des jeux d'enfants ou des jeux d'apparition et de disparition derrière le praticable incliné. Cette ligne praticable nous offre une coupe d'horizon où nous pouvons "explorer" des choses très simples qui se compliquent parfois
Concernant la musique, vous avez sollicité Christian Oller. Pourquoi avoir fait appel à ce musicien en particulier ?
R.R. : Avec Christian, quand nous nous sommes rencontrés il y a deux ans environ, je lui ai parlé de ma pratique de la danse traditionnelle quand j'étais dans le sud de la France et également d'un projet où danses et musiques traditionnelles étaient au cur du sujet. J'ai fait appel à Christian puisque j'aime beaucoup la sonorité de l'accordéon.
De plus c'est un instrument avec lequel on peut jouer presque tous les styles de musique. Sur cette pièce, nous utilisons essentiellement l'accordéon, mais il y a aussi le violon, la flûte et une bande son. Cette interaction bande son et musique acoustique est un véritable espace de jeu avec des décalages, des échos, des contrepoints
De plus, il ne s'agissait pas pour moi de mettre un musicien sur le plateau et de le laisser jouer dans son coin. Non, Christian et sa musique bougeront, évolueront avec nous, il sera aussi acteur, danseur. Il sera souvent interféré par d'autres : le jeu prendra toute sa dimension. Le musicien est également là pour imposer un rythme aux danseurs, il y aura aussi des variations de vitesse aussi bien musicales que physiques. On joue avec le son, mais on peut jouer aussi avec une situation.
Nous sommes actuellement dans un processus de création où, je le répète, nous expérimentons au travers de l'improvisation. Il faut laisser le temps à chaque personne de rentrer dans la consigne d'improvisation et de tout faire passer par le corps pour vraiment atteindre le ressenti. Il faut travailler les émotions pour ainsi dégager des choses, prendre l'essentiel. Donc là, c'est plus mon travail d'il extérieur, puis de chorégraphe.
Christian Oller : Ce qui est intéressant pour moi musicalement, c'est que l'histoire se bâtit tous les jours en direct. À partir de là, cela me conduit à trouver des musiques auxquelles je ne pensais pas forcément. Je réagis en fonction des images et des énergies qui sont développées sur le plateau. Le jeu consiste ensuite à s'en souvenir : mais de jour en jour, des trames ou des thèmes reviennent, d'autres disparaissent, bref ça s'affine.
Ce qui est nouveau pour moi, c'est que je participe physiquement au spectacle. Des inspirations sortent naturellement. Pour les danseurs notamment des gestes arrivent en improvisation et pour ma part quand je prends mes instruments c'est pareil, j'ai l'impression d'un rapport direct avec eux.
Christian Oller, vous avez déjà eu des expériences dans le spectacle vivant. Quelles sont vos motivations pour travailler dans ce domaine ?
C.O. : C'est un peu la continuité de ce que je fais depuis quelques années : une création à peu près tous les deux ans, avec d'autres formes artistiques : j'en ai besoin pour nourrir ma démarche. C'est une source. Mais ici, j'ai vraiment l'impression que le travail va encore plus loin dans le sens où je suis vraiment impliqué dans le processus de création.
La participation collective à la création semble omniprésente sur ce projet. Avez-vous prévu également d'être tous les quatre sur scène pendant la totalité du spectacle ?
R.R. : Justement le but de cette pièce est de prendre une tranche de vie de quatre personnages. Nous ne savons pas ce qu'il s'est passé avant et nous ne savons pas ce qu'il se passera après. Il n'y a pas de scénario établi. Ce sont des situations qui sont mises en jeu, donc c'est comme si on prenait dans une cour de récréation des situations d'enfants entre 9 heures et 10 heures, pour voir comment cela se passe sur cette tranche de vie et comment tout ce petit monde se rencontre. Mais ici il y aura beaucoup plus de choses que dans une cour de récréation.
Vous répétez et travaillez actuellement cette création au Sémaphore d'Irigny. Quelle est la nature de votre collaboration avec la ville d'Irigny et avec cette structure d'accueil ?
R.R. : Nous sommes en coproduction sur Trace 421 ou quatre secousses imaginaires avec la ville d'Irigny et donc le Sémaphore. Nous sommes là depuis début novembre et ce jusqu'à fin janvier. Avec la ville d'Irigny, nous travaillerons sur trois actions différentes. Tout d'abord, la création. Mais nous proposons aussi en lien direct avec ce projet, des ateliers de pratique artistique dans des établissements scolaires d'Irigny et de Vourles.
Nous intervenons tous les quatre et débutons ce projet en février. Nous allons donc confronter toutes ces disciplines (danse, musique, comédie et vidéo). Ce travail donnera lieu à une production. Les enfants seront sensibilisés en amont puisqu'ils assisteront à des répétitions en décembre et bien entendu au spectacle en janvier.
Le troisième axe de cette collaboration avec la ville d'Irigny est mon intervention en tant que chorégraphe sur le défilé de la Biennale de la danse en collaboration avec Christian Oller pour la partie musicale. Nous travaillerons différemment puisque le thème de cette biennale est le Mexique.
Étant donné qu'avec ce projet, vous touchez de nombreux domaines artistiques, comment vous situez-vous par rapport au circuit institutionnel des salles de spectacles ? N'est-ce pas compliqué de vendre ce type de création ?
R.R. : Pas du tout, car c'est une pièce. La danse prédomine très clairement. Nous sommes dans un univers visuel (danse et image) et sonore certes, mais la danse a souvent besoin de musique, même si le musicien est "actif".
Avez-vous prévu de jouer votre spectacle en dehors d'Irigny et hors de la région Rhône-Alpes ?
R.R. : Nous allons le jouer dans le sud de la France au mois de mars et pour la saison prochaine nous avons des accords de principe avec certaines structures mais je ne peux vous en dire plus
Propos recueillis par M.P
Trace 421 ou quatre secousses imaginaires
sera présenté:
les 24, 25, 26 et 28 janvier
au Sémaphore à Irigny (69)
Renseignements
04 72 30 47 90
Contact
Cie ADAM
21, rue Laborde
69500 Bron
Tél : 04 37 90 20 91 /
[cieadam@aol.com->cieadam@aol.com]
Christian Oller
Tél/Fax : 04 72 30 77 50
[c.oller@free.fr->c.oller@free.fr ]