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Melting potes
Djambo Sana

Entretien avec Massoud Raonaq et Robbas Biassi Biassi Pour ce premier album, Melting Potes s'est inspiré des couleurs de l'Afrique, autour du film documentaire Safari au Kenya réalisé par Guillaume Ratel. Dans cette optique, Gwénaëlle Declercq, Robbas Biassi Biassi et Massoud Raonaq, ont relevé le défi de tresser diverses influences musicales, pour illustrer leur vision d'un monde sans barrières culturelles. CMTRA : Vous venez tous les trois de cultures différentes, pouvez-vous nous présenter vos parcours musicaux respectifs et nous expliquer comment vous êtes-vous rencontrés ?

Robbas Biassi Biassi : Je viens du Congo ex-Zaïre où j'ai suivi une formation de musique classique, j'ai également une licence d'ethnomusicologie. J'ai donc étudié la musique classique avec des auteurs comme Mozart, Bach et bien d'autres. Mais je me suis très vite intéressé à la musique traditionnelle car pendant cette formation classique, il y a avait un cours sur les musiques traditionnelles où les vieux musiciens des villages venaient dans la capitale nous enseigner l'art de jouer des instruments traditionnels. Ensuite par l'intermédiaire de mon professeur, j'ai abordé le jazz. Par la suite et toujours au Zaïre, nous avons monté une formation qui s'appelait « Malou » et nous avions déjà à l'épo-que cet esprit de mélange de musiques traditionnelles avec une ouverture vers le jazz.

Cette démarche m'a tout de suite intéressé car cela m'a permis justement de comprendre quelle était l'importance de la musique africaine et du jazz. Tout cela m'a permis de situer ma quête personnelle et cette envie de vouloir mélanger les instruments africains et les autres instruments du monde.

Mais ce sont vraiment les instruments traditionnels qui m'intéressent beaucoup. Ensuite je suis venu en Belgique puis en France puisque nous avions une tournée avec le groupe « Malou » et je suis resté en France. Ici à Lyon, j'ai fait partie de plusieurs formations et notamment d'un groupe qui s'appelait aussi Melting Potes à l'époque avec lequel nous jouions du Rythme & Blues.

J'ai fait également parti d'un groupe qui s'appelait « FiveB Blues » avec qui nous faisions de la variété, des soirées et des bals. Toujours dans un autre domaine, j'ai fait partie d'un groupe de musique acide avec des copains lyonnais, ce travail a été vraiment intéressant.

Ensuite j'ai fait partie de « Boufalé » qui est un groupe de musiques traditionnelles avec Mousafaï. J'ai suivi quelques cours de jazz à l'ENM de Villeurbanne mais c'était devenu trop cher pour que je puisse continuer. Toujours dans le cadre d'activités artistiques, j'ai rencontré des amis qui faisaient du théâtre. Et là, je me suis lancé aussi dans le théâtre, mais ce qui m'intéressait dans ce contexte c'était le travail du théâtre avec la musique donc toujours dans cet esprit d'ouverture. Massoud Raonaq : J'ai appris la musique lorsque j'étais en Afghanistan, j'ai déjà expliqué mon parcours à plusieurs reprises dans des articles du CMTRA. Mais je pense qu'il est important de préciser que l'endroit où nous réalisons actuellement cet entretien, les Thés Tard de Katmandou, est vraiment un lieu déclencheur de beaucoup de projets et ouvert vers les autres musiques.

C'est ici que j'ai rencontré Robbas lors d'une soirée de partage de la musique ou des « bufs » comme nous avons l'habitude de le dire. Nous avons donc joué Robbas et moi avec un autre musicien, Christian Wewerka qui lui, joue du didjeridoo, il y avait également une violoniste. Pour moi, il s'agit d'un des bufs les plus mémorables avec toutes ces couleurs qui, a priori, n'avaient rien à voir les unes avec les autres et pourtant tout s'harmonisait si bien. Donc c'est vraiment ce lieu qui m'a ouvert vers les autres cultures.

J'ai rencontré aussi Gwénaëlle ici et, quand j'ai appris qu'elle était chanteuse, on s'est dit, alors pourquoi ne pas faire quelque chose ensemble avec les percussions et chants africains. Elle connaissait Guillaume Ratel qui avait ce projet de documentaire sur l'Afrique, tout tombait à pic. En l'absence de Gwénaëlle, je me permets de vous présenter son parcours musical : elle a tout d'abord appris le piano en cours particuliers, puis son intérêt pour la musique l'a conduite au chant. C'est à Chambéry qu'elle a pu suivre une formation à l'APEG. Parallèlement à ses cours en arts appliqués, elle a suivi aussi des cours de chant de Jazz aux ateliers « chanson » à l'ENM de Villeurbanne. Actuellement, elle est musicienne intervenante dans une compagnie de spectacle vocal à Dijon. Elle travaille également à la création de musiques nouvelles et électroniques en collaboration avec un ingénieur du son.

C'est ainsi qu'au cours de l'année dernière, elle a élaboré un album d'improvisations vocales sur des rythmes nouveaux, pour la chorégraphie d'un défilé de mode entre autres. Selon elle, sa collaboration avec les Melting Potes est avant tout un « mélange de couleurs ». Nous retrouvons dans son commentaire, ses talents en arts plastiques ; en résumé une artiste polyvalente. On assiste depuis plusieurs années à l'émergence d'un grand nombre de projets artistiques musicaux où le mélange des cultures est le moteur de la création artistique. Melting Potes semble évidemment s'inscrire dans cette optique mais pouvez-vous nous expliquer la particularité de votre démarche ?

R.B. : Je pense que nous y sommes vraiment à fond car il s'agit vraiment d'une volonté, d'une démarche et c'est un état d'esprit aussi. Aujourd'hui, je pense que la mondialisation est une bonne chose, mais si l'on parlait de la mondialisation comme les musiciens parlent de l'ouverture musicale, je pense que ce serait une très bonne chose.

En général, lorsque l'on parle de la mondialisation, il y a toujours une question de niveaux avec des grands et des petits, en revanche pour la musique tout se partage vraiment, personne ne vient imposer les choses, chacun amène ce qu'il a et ce qu'il veut donner avec amour.

C'est le cas de Melting Potes, car c'est vraiment une volonté, un état d'esprit, une démarche autour de laquelle nous nous sommes retrouvés. Il est vrai qu'aujourd'hui il y a beaucoup de groupes qui ont cette démarche et je pense que ce n'est pas un hasard. Le monde est un pays et les artistes ont compris cela, ils s'ouvrent. Cette ouverture ne peut qu'enrichir les choses et c'est beau. M.R. : Je partage tout à fait l'avis de Robbas sur ce point. Je pense ainsi depuis l'exil d'Afghanistan et après quelques années de séjour en France.

Pourquoi faut-il absolument s'en tenir à une parcelle de terre dans une partie du monde. Le monde est beau partout, car partout où nous sommes, nous sommes citoyens du monde, pourquoi se réduire à quelque chose de limité et c'est la même chose dans la musique. Je crois qu'il n'y a pas de frontière dans la musique, cela a toujours été son histoire, quoi que l'on en dise. Fort heureusement, à notre époque, nous sommes bien loin d'une certaine forme de sectarisme (je pense à un grand écrivain qui parlait de miaulements à propos de la musique chinoise).

Je crois que nous avons fait beaucoup de chemin depuis ces derniers siècles. Comme Robbas, je ne partage pas cette vision de la mondialisation avec des jeux de pouvoirs, des perversions qui sont en train de se mettre en place. Mais là où la mondialisation peut être réussie, c'est par le côté artistique et humain tout simplement. Pouvez-vous nous parler du film documentaire de Guillaume Ratel, qui est le départ de ce projet de disque ?

M.R. : Gwénaëlle nous a mis en contact avec Guillaume Ratel qui avait besoin d'une musique pour son documentaire. Robbas, Gwénaëlle et moi avons commencé à réfléchir à ce que l'on pouvait faire autour de ce documentaire. En voulant rester proche du film, nous avons fait l'inverse de ce qui nous était demandé. Il voulait quelque chose de beaucoup plus simple avec des ambiances et des bruitages.

Finalement, nous nous sommes mis à créer des morceaux en nous inspirant des images du documentaire et nous sommes très vite arrivés à une dixaine de titres, il y a déjà deux ans en 1999. Guillaume Ratel, surpris par notre travail nous a proposé l'idée de faire un CD.

Le documentaire s'intitule Safari au Kenya et c'est un film qui donne les éléments et toutes les clefs aux personnes intéressées pour faire un safari au Kenya de façon autonome, sans passer par une agence de voyages. Ce film donne également un aperçu de l'histoire du Kenya et nous propose des images magnifiques de la savane et des animaux qui y vivent. R.B. : Précisons qu'il s'agit d'un film qui a été réalisé dans le cadre de « Connaissance du monde ». Ainsi c'est un documentaire qui doit donner envie au spectateur d'aller dans le pays en question. Concernant la musique et la grande palette d'instruments utilisés, comment s'articulent toutes ces influences musicales et toutes ces couleurs différentes ?

R.B. : Ici nous utilisons beaucoup d'instruments africains comme le mbonda, que certaines personnes appellent les congas, cet instrument vient de l'Afrique Centrale, du Congo et de l'ex-Zaïre. Nous utilisons aussi le balafon qui reste un instrument assez limité puisqu'il n'y a que sept lamelles mais le balafon que nous utilisons a pour particularité d'avoir comme caisse de résonance des tubes en PVC, une matière lisse et solide dont le son est assez rond, même si ce n'est pas vraiment le son de la calebasse ; c'est un résonateur qui permet de donner une bonne couleur à la note.

La sanza est aussi utilisée, on l'appelle aussi le piano à pouces. Le lokolé est un tambour à fentes, ici nous utilisons un petit tambour à fentes portatif taillé dans un petit tronc. Nous utilisons aussi le langung, l'arc musical qui est aussi utilisé en Amérique Latine et notamment pour la capoiera. Enfin nous utilisons le didjeridoo, la derbouka, le saxophone et l'harmonium. M.R. : Il est important de préciser que les tablas indiennes ou afghanes et sénégalaises sont des instruments à percussions très mélodieux. Il n'y a donc pas uniquement un travail de percussion simple, nous nous sommes appuyés sur ces mélodies pour créer les ambiances. Effectivement, si on ne pense qu'à l'aspect percussif, ce n'est pas très intéressant au bout d'un moment. Le chant et la percussion sont deux éléments qui semblent être la base de votre travail de création. Comment s'est mis en place ce processus de création ?

R.B. : le travail au niveau du chant et de la percussion s'est basé sur l'improvisation mais pas uniquement, car nous avions déjà quelques idées au départ. Nous avons surtout travaillé autour de l'image et là, nous proposions les uns ou les autres un rythme sur lequel on pouvait installer un autre rythme et ainsi de suite, enfin nous placions le chant. Personne n'imposait quoi que ce soit, nous proposions des idées et chacun s'adaptait en fonction de ses possibilités. M.R. : Il s'agit avant tout d'un travail très collectif où nous étions tous actifs et très proches du ressenti, des images et des inspirations. Même si l'idée finale est toujours là, on ne tente pas d'idéaliser d'abord pour ensuite faire le travail inverse. Votre démarche d'ouverture culturelle prend d'autant plus de signification par rapport à la situation politique de vos pays respectifs et notamment par rapport à la situation actuelle de l'Afghanistan. Pouvez-vous nous donner votre point de vue sur ce sujet ?

M.R. : D'une manière générale, je pense que la musique est un domaine très puissant ; l'art en général peut véhiculer l'état d'esprit que nous défendons. Bien entendu notre démarche dans cet album a été de montrer qu'il n'y a pas de frontières dans la musique et que l'on peut aller au-delà des habitudes.

Finalement c'est aussi un appel à la liberté et à la paix. Pour nous tous dans le groupe, les mots paix et tolérances ont beaucoup de significations vraiment concrètes. Dans le contexte actuel de l'Afghanistan, je pense être très engagé pour aller contre toute forme de mépris et d'emprise du pouvoir. C'est aussi un appel à la découverte et à la curiosité pour d'autres cultures. Vous jouez tous dans différentes formations. Avez-vous des projets autour de ce CD et pensez vous faire des concerts avec le groupe Melting Potes ?

R.B. : On ne peut pas s'arrêter uniquement sur le travail fait autour du CD et du film. Il faut aller au-delà et, bien-sûr, nous espérons faire des concerts pour mieux faire connaître notre travail et pour mieux partager les choses. En tant que musiciens, nous avons besoin de jouer devant un public, que cela plaise ou non, mais il est important d'avoir le sentiment de donner aux autres et aussi le plaisir d'être sur scène. Nous avons un concert prévu pour le 30 mars 2002 au KoToPo, qui est un espace culturel international et associatif. M.R. : l'album est tout frais et pour l'instant, il a surtout une valeur de carte de visite pour la présentation du groupe. De toute façon le live est ce qu'il y a de mieux dans la musique puisque ce que nous faisons est avant tout de la musique vivante. Propos recueillis pas M.P Concert du groupe Melting Potes

samedi 30 mars

20h30, au Kotopo Lyon (69)

Rens. 04 72 07 75 49 / www.kotopo.net Contact

[massoud.raonaq@wanadoo.fr ->massoud.raonaq@wanadoo.fr]

Tél : 04 78 80 88 64 / 06 64 32 50 59


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