Boutique Mon compte
page facebook du CMTRA page twitter du CMTRA page youtube du CMTRA
accueil > nos actions > lettres d'information > lettre d'information n°34. e... > lettres d'information > rencontres méditéranéennes de nyons Adhérer
menu
page facebook du CMTRA page twitter du CMTRA page youtube du CMTRA

Rencontres méditéranéennes de Nyons

Obsession Quintet, Stéphane Milleret Stéphane MILLERET : Le groupe Obsession est né il y a 10 ans maintenant quand Norbert Pignol et moi-même nous sommes retrouvés (nous sommes de vieux amis d'enfance). Nous avons décidé de commencer un travail de recherche autour de l'accordéon diatonique. Nous avons composé, travaillé énormément, un album est né. Lors du deuxième enregistrement, quelques années plus tard, on a voulu s'adjoindre le concours d'autres musiciens, d'autres instruments que l'accordéon diatonique et c'est comme ça que nous avons intégré un violon, une clarinette et une flûte à bec. CMTRA : Pourquoi Obsession ? S.M : Le nom d'Obsession ? C?est toujours difficile de trouver un nom. Donc on a fait comme tous les groupes de musique qui n'ont pas d'idée, on a pris le dico et on a essayé de trouver un nom assez court qui sonnait bien, peine perdue. Le titre du premier morceau que l'on avait composé ensemble s'appelait Obsession, à Grenoble tout le monde commençait à nous appeler les obsédés, parce qu'on arrêtait pas de jouer. On s'est dit que ça convenait bien à l'idée qu'on se faisait de cette musique. CMTRA : Le nom de votre album : Bulgaroïde Tribu, mélange futuriste et traditionnel, ne reflète-t-il pas votre style musical, philosophie que vous avez conceptualisé par la formule : Musique Traditionnelle de Demain ?

S.M : Futuriste... je ne sais pas ! nous nous servons des musiques traditionnelles pour les sonorités et la construction des mélodies, mais avec toujours à l'esprit, l'idée de faire une musique actuelle, une musique qui ait une résonance dans la vie de tous les jours. Une musique qui se sert du passé pour construire la tradition d'aujourd'hui. Donc c'est vrai que le terme de Bulgaroïde Tribu convenait bien.

L'idée de tribu convient bien à Mustradem (musiques traditionnelles de demain), le label que nous avons créé à Grenoble qui est avant tout un collectif d'artistes, de musiciens en particulier. Dans Bulgaroïde, il y a à la fois l'idée de "bizarroïde " et l'idée de l'Europe de l'Est, qui est quand même notre principale source d'inspiration. CMTRA : Et justement, comment avez-vous découvert la culture musicale de l'Europe de l'Est ?

S.M : C'est une culture qui nous a toujours fasciné. Non seulement la musique proprement dite (les modes utilisés, les rythmes) mais aussi le rapport qu'ils ont de la pratique musicale. On a écouté beucoup de groupes, de différents horizons, allant de la Roumanie à la Bulgarie, de la Turquie à des choses beaucoup plus orientales, des groupes de musiques traditionnelles mais aussi des gens se rapprochant plus du jazz ethnique (Bratsch, Okay Temiz).

A part Pierre Marinet le violoniste, on n'a jamais été dans ces pays. Mais notre but n'est pas de recréer une musique traditionnelle roumaine par exemple, mais de se servir de l'apport de ces diverses influences pour construire notre propre univers musical. CMTRA : Votre musique est un métissage ?

S.M : On est un peu touche-à-tout. On a pleins d'envies. L'improvisation est prépondérante dans la musique d'Obsession. De plus en plus, on s'intéresse à la musique classique, à la forme musicale. La forme de nos morceaux a énormément évolué. Obsession essaye de mêler un peu tout ça, ces influences contemporaines, jazz quelques fois dans l?improvisation, classique dans la forme musicale et traditionnelle dans la façon de construire un thème. CMTRA : Parlez-nous de vos jeux de scènes :

S.M : La façon de se produire sur scène s'est construite petit à petit. On préfère de loin jouer en acoustique, ça nous laisse une très grande liberté et une façon de gérer le son qui peut tourner suivant que le musicien est face au public ou dos au public. Sur les grandes scènes, on joue en HF mais ca n'a rien à voir. L'expérience que l'on a eu en 1995, en partenariat avec le CMTRA, au théâtre de l'Iris, où on avait mis espace le répertoire d'Obsession nous a beaucoup servi par la suite. C'est vrai que maintenant sur scène, on arrête pas de bouger, on va dans tous les sens. Mais ces déplacements ne sont pas "écrits". On travaille beaucoup la musique, énormément, on essaie de passer beaucoup de temps, on est très laborieux, on est lent mais laborieux. Par contre sur la scène, les déplacements se font naturellement. CMTRA : Où est ce que l'on peut vous voir cet été ?

S.M. : Cet été nous serons à Nyons et à Confolens. On vient de terminer une année de travail sur le nouveau répertoire, qui sera prêt à la rentrée. On va faire une création en Avril 2000, au Théâtre 145 à Grenoble, ce sera le nouveau répertoire d'Obsession mis en espace par un metteur en scène grenoblois, qui s'appelle Denis Bernet-Rollande, cette création, " obsession air line " sera suivie d'un nouvel album. Propos recueillis par Christelle Grobon Contact Obsession/Mustradem

Tél : 04 76 00 12 46 ----------- Marina Pittau CMTRA : Comment vous est venu cette passion pour les chants traditionnels de Sardaigne ?

Marina Pittau : J'ai toujours eu une grande passion pour les chants populaires de tous les pays du monde. Pour les chants sardes, j'étais très influencée depuis l'enfance, parce que j'écoutais beaucoup ces musiques dans les fêtes de village. Il y avait toute une ambiance de fête, de danse et je l'ai bien intériorisée.

Je viens de la ville et c'était surtout dans les villages que l'on entendait ces chants. Je m'intéressais à la musique populaire, et j'ai ressenti l'exigence de faire une recherche sur cette musique. J'ai donc commencé à faire des recherches en Sardaigne où j'ai eu beaucoup de contacts avec des musiciens, j'ai chanté avec eux, et c'est comme cela que, petit à petit, j'ai construit un répertoire à moi.

Quand j'ai quitté la Sardaigne, à l'âge de 26 ans, je me suis trouvée à Paris, et là, avec la nostalgie, j'avais vraiment l'envie et le besoin intérieur de chanter ces chant-là d'une manière plus professionnelle. CMTRA : Vous êtes allée à Paris pour des raisons musicales ?

M. P. : Oui, car j'ai appris les chants sardes en autodidacte, en demandant conseils aux gens toutefois sans jamais avoir eu de maîtres. Une année avant d'arriver à Paris, j'ai fait un premier stage de musique, mais je n'avais pas non plus de formation musicale, je chantais parce que j'ai toujours chanté depuis toute petite. C'était naturel chez nous, tout le monde chantait, jouait de la guitare. Je suis donc allée à Paris pour suivre à nouveau un stage de chant. J'avais déjà rencontré des Parisiens quelques années avant, en Italie, qui m'ont conseillé de faire des études plus centrées sur la voix.

Ensuite j'ai suivi quelques cours, mais ça n'a pas vraiment duré car j'ai fait des rencontres. En fait, la première fois que j'ai joué, c'était dans le métro, car j'avais remarqué par curiosité un nombre important de musiciens qui jouaient la musique de leur pays. Alors moi aussi, j'ai pris ma guitare et je me suis mise-là, et j'ai rencontré des gens qui m'ont proposé des concerts.

Puis, je suis restée à Paris. Je me produisais en chantant des chants traditionnels. J'ai participé à des émissions de radio : France Musique et France Culture qui m'avait consacré une émission intitulée "Une Sarde à Paris". Je retourne quand même deux à trois fois par an en Sardaigne pour me ressourcer. et aussi parce que j'ai gardé des contacts étroits avec des musiciens sardes. Cette année, justement, j'y suis allée plus souvent parce que je collabore avec des musiciens qui habitent là-bas. Il faut dire que le patrimoine musical est très actif, surtout l'été car il y a presque tous les jours de longues fêtes dans les villages. Il y a des compétitions d'improvisation de poésie, des polyphonies, des chants accompagnés à la guitare, des danses...

Beaucoup de musiciens et de chanteurs traditionnels ont appris en famille, par la transmission orale. Sinon, d'autres personnes s'orientent vers des recherches plus modernes, comme la world music. CMTRA : Et dans ce répertoire, quels sont les thèmes abordés, et qu'est-ce que vous lui avez apporter ?

M.P. : L'amour évidemment, les chants de travail, les berceuses, les danses chantées, les chants de funérailles, les chants religieux, ce sont en somme les thèmes de la vie. Autrement, c'est une musique qui est plus proche de la musique orientale, dans l'esprit et la façon de chanter. Par exemple dans les chants sardes, il y a une caractéristique commune aux chants du désert, ce sont les mélismes, vous savez cette fioriture, cette vibration à l'intérieur. Ce sont des chants très introvertis, très intimes, alors que les chants italiens sont plus extravertis, c'est une façon très différente de chanter. Les chants italiens sont plus lyriques.

Dans les chants sardes, le timbre de la voix est plus nasillard et guttural. C'est quelque chose que l'on trouve seulement en Sardaigne. Les chants italiens sont plus liés au théâtre, à la comédie, comme pour les chants napolitains, par exemple. Alors, depuis que je suis partis de la Sardaigne, j'ai fait beaucoup d'expériences artistiques différentes : j'ai participé à des pièces de théâtre, j'ai aussi fait des études de chant classique, lyrique.

Maintenant, ce que je propose, c'est une expression différente. La base reste la même, très traditionnelle dans l'esprit et la technique vocale, mais avec une façon différente de la communiquer, de l'exprimer. Ce que je vais présenter à Nyons cet été, c'est justement avec des musiciens qui habitent en Sardaigne : Valentino Meloni à la guitare et Paolo Sanna aux percussions. On travaille ensemble depuis un an, on a fait déjà pas mal de concerts, on vient de participer à Genève, au festival des "Musiques méditerranéennes".

Alors autant la guitare a toujours accompagné les chants sardes, autant la percussion n'est pas très développée en Sardaigne, même si à l'origine elle existait et existe encore pour les danses, accompagnées d'un triangle et ou d'un tambourin. Comme la musique sarde est très rythmée, j'avais envie de souligner cela en amenant la percussion dans ce répertoire. Voilà, on peut dire que c'est cela que j'ai introduit. CMTRA : Peut-on comparer la situation de la Sardaigne à celle de la Corse ?

M.P. : Il y a des ressemblances parce que ce sont deux îles, de petits continents, si on peut dire cela, avec les mêmes contradictions dûes à notre insularité, mais du point de vue historique et par conséquent culturel et linguistique, elles sont très différentes.

Nous avons en commun le mythe du bandit d'honneur qui sommeille en chaque insulaire. Corses et Sardes se font de la tradition un devoir : devoir de vengeance, de fidélité, se battre pour la survie, la dignité, la liberté, parler sa langue... mourir dans son village ! D'autre part, politiquement et économiquement, la Sardaigne jouit d'une autonomie particulière, d'une reconnaissance de sa diversité par l'Italie. Ce n'est pas le cas pour la Corse, plus dépendante, d'avantage victime du centralisme français qui a entraîné le dépleuplement de l'île. Je pense qu'en Sardaigne, on se sent plus chez soi. CMTRA : Quels sont vos projets ?

M.P. : J'aimerai bien faire un autre disque, justement avec ces musiciens. Un disque uniquement sur la musique sarde, ensuite j'ai envie de retourner en Sardaigne pour faire des recherches, pour approfondir certaines choses et peut-être faire une création. En ce qui concerne mon passage à Nyons, je vais animer un stage de chants sardes et d'Italie du sud. Le travail sera centré sur la recherche de la voix naturelle, à travers l'approche des différents répertoires.

L'apprentissage des bases fondamentales du chant, avec la respiration, l'émission, la puissance, le timbre, l'interprétation. Et pour terminer, nous aborderons l'improvisation et le travail de groupe avec les polyphonies. Propos recueillis par Christelle Grobon Contact Marina Pittau

Tél : 022 / 345 39 55


logo CMTRA

46 cours du docteur Jean Damidot
69100 Villeurbanne

communication@cmtra.org
Tél : 04 78 70 81 75

mentions légales

46 cours du docteur Jean Damidot, 69100 Villeurbanne

communication@cmtra.org
Tél : 04 78 70 81 75