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Empi et Riaume, le cri du marinier

Rencontre avec Anne-Marie Ciolfi Anne-Maire Ciolfi : Empi et Riaume tire son nom du cri des mariniers du Rhône, lorsqu'ils descendaient le fleuve. Au lieu de crier "babord et tribord", il disaient "Pique à l'Empi et bute au Riaume!", et donnaient donc la direction pour les bateaux. Le "Riaume" c'était le royaume de France, ce que l'on nomme aujourd'hui le Vivarais (l''Ardèche), et "Empi", c'était le Saint Empire Romain-Germanique qui intégrait 3 départements français d'aujourd'hui : la Drôme, l'Isère et les Hautes-Alpes. CMTRA : Empi et Riaume se définit donc comme un groupe folklorique représentatif du Dauphiné historique : quelles seraient les caractéristiques de cette musique du Dauphiné ?

A-M.C. : L'étendue du territoire et la nature montagneuse, difficile d'accès, du Dauphiné, a engendré un répertoire diversifié. Il se caractérise par des danses de terroir encore au programme des fêtes de village au tournant de la première guerre mondiale. Une soixantaine de bourrées et de rigodons constituent l'essentiel de notre collecte. Les rigodons des massifs du Vercors, du Royans, du Diois sont inédits.

C'est un rythme à deux temps, souvent accompagné par les violoneux du pays, par des accordéonistes, ou même comme l'affirmait Mme Bouvier, la fondatrice de Empi et Riaume, par la cornemuse, car il y avait un cornemuseux à Hostun au début du siècle. Lorsqu'il n'y avait pas d'instrument, on dansait à "la langue et au pied". CMTRA : "Empi et Riaume" est-il un groupe très ancien ?

A-M.C. : Oui, il a été créé en 1934, cela fait donc 65 ans cette année que le groupe existe. Le recrutement s'effectue dans les 20 kms autour de Romans. Il a un peu évolué ces dernières années: il s'oriente vers des classes un peu plus modestes, de toutes origines, en particulier des étudiants et des jeunes encore au lycée. Autrefois, il y avait davantage de recrutement dans la bourgeoisie romanaise. CMTRA : Existe-t-il un ancrage profond dans la ville et le Romanais ?

A-M.C. : Notre ancrage est surtout perceptible auprès des élus locaux qui nous soutiennent, conscients de la qualité de notre travail et du rôle social important sur la Ville. C'est plus difficile auprès du département; cependant grâce à l'ADDIM, nous sommes aidés pour l'achat d'instruments traditionnels.

Quant à la Région, nous ne sommes pas du tout considérés, même si on commence tout juste à se rendre compte de notre existence... CMTRA : ... et vous avez des locaux absolument magnifiques ! Votre salle de répétition de danse pourrait être une salle de conservatoire ...

A-M.C. : Et on s'est battu pour les avoir : c'est la reconnaissance de notre travail. C'est vrai qu'il est agréable de venir répéter ici. CMTRA : Lorsque l'on visite votre local, on est frappé par la présence d'un splendide baby-foot, au milieu de tous ces trophées, de tous ces objets patrimoniaux...

A-M.C. : Le baby-foot peut sembler anachronique, mais cela signifie simplement qu'Empi... est une association comme les autres, formée de jeunes qui, à travers l'activité folklorique, ne cherchent qu'à se rencontrer, partager des moments d'amitié comme tous les jeunes de leur âge.

On s'est aperçu aussi que le baby était un moyen extraordinaire d'intégration pour les nouveaux, et de prise de contact avec les étrangers en visite. Le baby-foot, comme la danse, est un langage universel! Tu aurais pu t'étonner aussi de notre équipement informatique dernier cri, avec site internet. Faire du folklore n'est pas refuser son temps, bien au contraire. C'est un outil pour s'y sentir mieux. Un groupe folklorique fonctionne comme toute autre association, il a les mêmes problèmes et les mêmes combats. Simplement, son objet est la pratique des danses et chants traditionnels, et non la pratique du rugby ou toute autre discipline. Enfin, c'est une activité extraordinaire pour rassembler les familles qui sont pour le coup très impliquées. Pendant la période du festival, elles accueillent une centaine de jeunes du monde entier dans leus maisons. CMTRA : Existe-t-il d'autres groupes folkloriques à Romans, des groupes de communautés d'origines étrangères ?

A-M.C. : Il y a un groupe espagnol à qui on a déjà prêté nos locaux, un groupe portugais sur Annonay, et des associations maghrébines à Romans et à Valence. Nous avons travaillé avec les chanteuses d'Evasion lors du festival Chassés Croisés, c'était une expérience intéressante, trop courte. Nous ne faisons pas de véritable création donc nous ne sommes pas considérés comme "des acteurs culturels". CMTRA : Les groupes folkloriques sont-ils définitivement les mal-aimés de la culture ?

A-M.C. : Je veux surtout dire que nos groupes folkloriques sont mis à part, et en tous cas pas reconnus par le Ministère de la Culture. Le Collectif des Fédérations de Folklore auquel j'appartiens se bat pour obtenir cette reconnaissance. Il l'interroge régulièrement et des éléments de réponse commencent à être obtenus. La création des CMT en est un, ce sont des lieux spécialisés, où nous n'avons pas notre place... C'est un responsable du ministère qui a clairement exposé qu'il ne fallait rien attendre car nous étions la vitrine de l'extrême-droite. C'est dur à entendre et surtout très éloigné de la réalité. Cependant, je finis par croire que c'est en tous cas l'une des raisons.

Le Folklore souffre bien d'une mauvaise image depuis la dernière guerre. Alors je tiens à l'affirmer, je ne suis pas l'arrière petite-fille du Maréchal Pétain.

Aujourd'hui, à Empi et Riaume il n'est ni question de couleur, de politique ou de religion. Les gens qui nous rejoignent viennent pour la meilleure raison du monde : l'envie de partager quelque chose, danse, musique, amitié. Je mets toute mon énergie pour enseigner l'ouverture d'esprit et la tolérance aux jeunes qui nous sont confiés. Je crois qu'il y a tout un travail d'explication à faire autour de nous, à l'intérieur et à l'extérieur du mouvement folklorique. En attendant toutes les formes de culture sont à respecter. CMTRA : N'y aurait-il pas encore aujourd'hui un problème de qualité musicale pour la plupart des groupes folkloriques en France ?

A-M.C. : Bien sûr, pour certains, mais c'était surtout vrai dans le passé. Empi Riaume a eu ses dérives aussi, par manque de moyens bien souvent, et manque d'ouverture aussi peut-être. A mon avis cela fait partie d'un cycle logique et normal de la vie d'une association. Je crois effectivement que les groupes folkloriques se sont caricaturés à une certaine époque. Les fédérations n'ont pas toujours assuré le rôle de formateurs qu'elles auraient dû avoir.. Dans notre groupe, cela fait plus de 10 ans que l'on travaille sur la qualité de la musique. Grâce au Conseil Général et son soutien pour l'achat d'instruments traditionnels. Nous avons entamé un travail de formation musicale important . CMTRA : Empi Riaume, c'est aussi une école de musique ? Quels sont les liens établis avec le mouvement folk et celui des musiques traditionnelles ?

A-M.C. : Nous avons, en plus des répétitions habituelles, 2 ateliers de formation : un atelier d'accordéon diatonique pour les enfants, qui fonctionne depuis 5 ans. Claire Vallet qui donne des cours bénévolement est issue du mouvement folk.

Tous les mercredis se relaient des enfants de 8 à 15 ans, qui très rapidement ont la possibilité grâce au groupe de monter sur scène et de faire danser. On a la chance de pouvoir mettre des instruments traditionnels à disposition. L'acquisition d'une cornemuse a permis d'exprimer une vocation.

L'atelier de vielle à roue quant à lui a nécessité la disponibilité des instruments mais aussi celle d'un formateur. C'est Jean-Paul Bouilloux, un vielleux folkloriste extraordinaire, originaire de la Bresse, qui assure une formation régulière le mercredi, en soirée. Mon plus grand souhait... c'est que nos musiciens en herbe prennent tant de plaisir qu'ils aillent tourner du côté de Saint-Chartier. CMTRA : Combien de personnes à Empi et Riaume ?

A-M.C. : Plus de 120 personnes, réparties en un groupe d'une quarantaine d'enfants qui apprennent la danse, et leurs musiciens bien sûr. Ensuite une cinquantaine d'adultes qui forment le groupe de danse. Il y a aussi une chorale et un groupe de musique. Pour faire le compte il faut rajouter l'encadrement, la technique, les accessoiristes, les costumières, les brodeuses, les dentellières, etc... CMTRA : Empi et Riaume est un groupe qui organise et qui crée des spectacles, c'est aussi la raison de notre rencontre aujourd'hui. Parlons du festival que vous proposez en Juillet ?

A-M.C. : Notre festival existe déjà depuis 22 ans. Nous l'avons déplacé de Pentecôte à début juillet pour pouvoir engager des groupes de provenance lointaine qui tournent en France pendant les deux mois d'été. Depuis l'année dernière ce festival prend un nouvel essor, il n'est plus concentré sur 3 mais sur 6 jours.

Notre recherche de partenaires a porté ses fruits, et nous avons mis en place différents partenariats : avec la Mission Européenne et Romans International qui assurent des coopérations avec des Villes du monde entier. Cela nous a donné conduit à effectuer une tournée au Maroc en février dernier, et s'en suit une invitation pour une autre tournée, et le réveillon 2000/2001 avec les touaregs dans le désert...Inch Allah. Notre festival présentera cette année deux groupes représentatifs de la population de Taroudannt: des Gnawas issus de l'esclavage et des Takhas chanteurs, percussionistes de génie qui s'inspirent de la tradition des tanneurs. CMTRA : Et la communauté marocaine de Romans est-elle intéressée ?

A-M.C. : Tout-à-fait, la soirée d'ouverture est dédiée au Maroc. Notre envie de travailler différement nous a amené à les contacter, et s'ils sont d'accord, à leurt confier l'organisation, afin de créer l'athmosphère. CMTRA : Les entrées sont très modestes, 20 frs, 30 frs...

A-M.C. : Je te l'ai dit, nous jouons un rôle social sur notre région, et nous souhaitons que le festival retse un moment de fête populaire accessible à tous. Et cela ne veut surtout pas dire que les ensembles sont de moindre qualité. D'ailleurs le public ne s'y trompe pas.

Nous attendons encore cette année des milliers de personnes dans les rues, au Village et aux spectacles. La soirée de clôture de la XXIIIème édition sera aussi une nouveauté. Le cabaret OFF péageois proposera au public de se dégourdir les jambes au son des violons tsiganes de Macédoines, des flûtes péruviennes, des madolines d'Espagne...Quant à l'année prochaine, notre bateau est presque bouclé. Pour l'an 2000, nous voulons recevoir la Palestine de Bethléem. Tout un symbole ! CMTRA : Vous portez donc une réflexion sur les destinées identitaires ?

A-M.C. : Par la force des choses, et j'espère que notre festival qui amène des jeunes du monde entier à se rencontrer et à communiquer par la musique et la danse, leur permet de tisser des liens d'amitié que jamais ils n'oublieront. Quel bonheur de voir danser un palestinien avec une israélienne, au moins en France pour commencer. Propos recueillis par E.M. Contact :

Festival Folklore / Empi et Riaume

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