Canyon Band
Festival "Sur la route de Tullins"

Entretien avec Nordine Gheurbi Nordine Gheurbi : Canyon Band est un groupe de country-rock, d'influence bluegrass. Il existe depuis 10 ans, mais les musiciens changent régulièrement.

Depuis deux ans, c'est une nouvelle formation dont je suis toujours le dénominateur commun. On essaye de s'orienter vers des influences blues, bluegrass et même jazz parfois. Le groupe est composé de quatre musiciens : le batteur Patrick Darnaud, vient de la région parisienne, il a joué dans de nombreux groupes de jazz, blues, il a accompagné des chanteurs plus ou moins connus comme Karim Kacel et Gérard Blanchard. C'est un musicien de studio, il chante aussi. Les quatre musiciens que nous sommes chantent. Samir El Hadjadj, le bassiste, est un musicien autodidacte qui avait monté il y a une quinzaine d'années le groupe "Zedka" d'influence jazz, blues qui a fait notamment des premières parties de Nougaro, Mama Bea ou encore Yves Simon. Mirco Mercuri à la guitare électrique a fait un album chez RCA avec le groupe Academy, c'est aussi un musicien de studio, il a joué entre autres dans un groupe qui tournait bien les "Soul Brothers". Et moi même, je suis guitariste acoustique, chanteur leader : j'ai commencé au début par le rockabilly, puis j'ai joué dans des formations de blues, dont une formation qui s'appelait Mississippi.

Avec ce trio, on a fait pas mal de concerts à travers la France. Ensuite, je suis parti au Etats Unis, j'ai rencontré Doc Watson et Ricky Skaggs, ce qui m'a redynamisé pour monter une formation country. CMTRA : De quel origine êtes-vous ?

N.G. : Je suis d'origine algérienne, le bassiste aussi, Patrick Darnaud est originaire de la région de Romans, là où entre autres il y a de très bonnes ravioles... et Mirco Mercuri est un italien du Nord. CMTRA : Aucun rapport direct avec la country music ?

N.G. : Oui et non... quand j'écoute des musiques celtes ou des mélodies orientales, je trouve qu'il y a des similitudes avec la musique bluegrass et le oldtime du départ. Ce qui s'explique car toutes les vieilles chansons des Appalaches, des montagnes, étaient des vieilles ballades irlandaises entre autres, et anglaises. CMTRA : Qu'est-ce qui vous a poussé à vous orienter vers la country ?

N.G. : C'est tout simplement la musique que je ressens le mieux, que j'aime le plus, qui me parle le plus. CMTRA : Cela n'a pas de liens précis avec les histoires de cow-boys et des indiens, avec le far west ?

N.G. : Non, pas du tout ! C'est d'ailleurs très caricatural et très hollywoodien. L'Ouest est magnifique, mais ce n'est pas le folklore de la country que je préfère, c'est la musique elle-même, les mélodies, les jeux dans les voix. CMTRA : Parlons de la chanson country, comment évolue-t-elle ?

N.G. : En général les textes sont toujours un peu les mêmes. A l'époque d'Hank Williams, dans les années 40-50, ce sont surtout des chansons de tous les jours jusqu'à nos jours : des chansons d'amours, "ma femme m'a quitté", c'est un peu "le blues des blancs". Quand on remonte vraiment loin, à l'époque des premiers colons, d'origines plutôt irlandaise, anglaise, c'étaient des chansons beaucoup plus sombres qui correspondaient à une actualité forte, des assassinats, c'était assez macabre... CMTRA : Vous écrivez et composez aussi vous même ?

N.G. : Oui, "Museum Rag" est un morceau instrumental composé par Mirco Mercuri. Sinon, on reprend des morceaux et on fait des adaptations. Nous travaillons actuellement pour la sortie en octobre d'un nouvel album dans lequel on pourra retrouver nos propres textes en anglais, mais aussi en français sur des compositions que nous aurons nous même réalisées.

Nos expériences individuelles, et nos diverses influences musicales font aussi que nous ne nous cloisonons pas dans un seul style de musique, on aime le blues, la musique cajun... CMTRA : Comment cet esprit de métissage culturel est perçu dans le milieu de la country ?

N.G. : Quand on joue sur scène, on ne fait pas des choses exclusivement country, on essaye d'amener aussi notre propre cuisine, et le public apprécie. Aux Etats-Unis, c'est un peu pareil, au niveau de la musique bluegrass, il n'y a qu'à Nashville où les gens font de la country pure et dure.

Sinon, la musique a beaucoup évolué ces dernières années, même aux Etats Unis. Quand on va voir les groupes sur place, ils ne sont pas habillés avec le chapeau de cow-boy, la chemise country et les santiags, on peut aller voir des concerts normaux avec des gens habillés normalement. CMTRA : La présence des femmes dans la musique country en France est importante ?

N.G. : Sur Lyon, il y a Vicky Laine, Annabel à Saint-Etienne. Oui, je pense qu'il y a autant de femmes que d'hommes. CMTRA : Y-a-t-il des femmes dans la country qui vous ont inspiré ?

N.G. : Alison-Kross, dans le bluegrass, c'est une femme que j'aime particulièrement, qui a une très belle voix, une belle harmonie vocale. CMTRA : Etes-vous déjà allé à Nashville ?

N.G. : Oui, il faut au moins y aller une fois, mais j'ai préféré les petits bars cachés, pour vraiment rencontrer les gens du cru, parce que lorsqu'on arrive à Nashville, il y a de grosses façades, de gros artifices, ce sont surtout des grosses machines préfabriquées... Propos recueillis par Catherine Chantrenne Contact :

Canyon Band/JCL Production

Tél : 04 72 75 90 38 Festival "Sur la Route de Tullins"

Tél : 04 76 07 92 37