Glisse de Musiques du Monde au Toboggan
Entretien avec Jean-Paul Bouvet, directeur du Toboggan
CMTRA : Jean-Paul Bouvet, vous êtes directeur du Tobogan à Décines, et pour la saison 1999/2000, la présence de cultures du monde se confirme dans votre programmation, quelles sont les raisons et les objectifs de cette présence ?
Jean-Paul Bouvet : Je pense que c'est important qu'un centre culturel ait une pluralité d'expressions et de cultures différentes pour donner la possibilité au public d'appréhender un instantané de la société dans laquelle il vit. L'année dernière, on a eu une saison dont le thème était "Le monde se découvre", cette année, c'est beaucoup plus restreint, mais j'ai toujours envie de faire découvrir des choses différentes au public.
CMTRA : Dans cette programmation, vous avez des choix assez contrastés, on retrouve d'une part Tri Yann, groupe phare dans ce grand mouvement d'intérêt populaire envers la musique celtique, et d'autre part, les musiques polyphoniques de Centrafrique, plus méconnues. Comment équilibrez-vous ces deux directions de programmation ?
J-P.B. : Pour Tri Yann, j'ai envie de faire découvrir les particularités d'une région. Je présenterai une exposition photos sur la Bretagne, un peintre ou un sculpteur de cette région, c'est un pays très fort, je pense aux calvaires de Bretagne qui sont de l'art brut avant l'heure.
Ce qui est important, c'est de faire découvrir dans une programmation, une région de France, et un pays aussi éloigné que celui de Centrafrique avec ses polyphonies. J'ai un rôle essentiel d'éducation et d'ouverture. Pour les musiques polyphoniques, ce qui est important, c'est que le public se laisse surprendre et en même temps s'habitue à écouter d'autres sons, d'autres formes, d'autres harmonies.
CMTRA : Vous avez aussi invité Fawzy Al-Aïedy pour une autre forme d'intervention !
J-P.B. : C'est un artiste que je suis depuis très longtemps, que j'aime beaucoup ; je vais souvent voir ses concerts, et je trouve que c'est quelqu'un de très généreux. Il est lui-même un métissage de musiques, il joue de la musique du Moyen-Orient et Orient, mais aussi du jazz, et c'est très intéressant.
CMTRA : L'intérêt pour les musiques du monde, c'est en général, une première entrée pour la découverte des cultures, au sens le plus large, et à ce propos vous invitez Bruno Boëglin pour son travail "Gracias a Dios", quel rapport faites-vous entre théâtre et musique dans cette découverte du monde ?
J-P.B. : Le rapport est immédiat, la pièce de Bruno Boëglin nous emmène en Amérique latine, et nous fait rentrer dans la problématique de ces pays sous-développés, ou de cultures en péril. Bruno Boëglin nous présente ce monde en très peu de mots, et les mots qu'il prononce sont suffisamment forts pour nous faire entrer dans l'histoire et le présent de l'Amérique Centrale avec beaucoup de poésie, de sensibilité, et beaucoup de force dans les images.
C'est aussi tout un environnement sonore avec le bruit des oiseaux, la pluie. Une atmosphère où l'on retouve différentes formes d'expression, le théâtre, le son, le pays en lui-même.
CMTRA : Vous savez peut-être que dans la région Rhône-Alpes on peut compter un nombre grandissant de groupes de musiques du monde d'expressions culturelles très variées, est-ce qu'à l'avenir vous envisagez d'en accueillir quelques uns ?
J-P.B. : Oui, suivant les rencontres, suivant les chemins, les croisements, les opportunités et les coups de coeur, je suis prêt à leur ouvrir une scène. J'ai découvert cette année "l'afro-celte sound", et ce sera certainement dans la programmation de la prochaine saison.
Propos recueillis par J.B.
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Toboggan
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